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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles
Autoren: Arlette Cousture
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rentrer en Pologne, mais il n’avait pas démissionné. Un jour, lui et sa famille vivraient en Pologne et ses enfants verraient combien ils étaient de cette race de ceux qui n’abandonnent jamais.
    L’offertoire était commencé et Jerzy, agenouillé, appuya sa tête contre ses mains calleuses. La présence de ses parents se faisait de plus en plus sentir. Si Anna le taquinait sur la quarantaine qu’il allait bientôt avoir, lui y voyait la dernière décennie complète de son père et celle inachevée de sa mère. Il repensait aux discussions que Tomasz avait eues avec M. Porowski, à celle de la veille du départ du père Villeneuve, et il avait de la difficulté à croire que son père qu’il trouvait si parfait, si sage, avait à peine dix ans de plus que lui à cette époque-là. Sans réfléchir au rituel qui se déroulait devant lui, Jerzy leva et tourna la tête pour tenter d’apercevoir Stanislas dans le jubé. Plus son fils vieillissait, plus lui-même souffrait du chagrin qu’il avait certainement causé à ses parents. S’il avait au moins pu leur écrire, leur faire savoir qu’il était vivant. S’il avait seulement obéi à son père au lieu de chercher à devenir un héros. Jerzy secoua la tête au moment où la clochette se faisait entendre. Pourquoi n’avait-il pas embrassé son père?
    La messe du jour était commencée quand Stanislas, descendu du jubé, s’approcha d’eux.
    – Sophie s’est endormie et personne n’est capable de la réveiller. Peut-être que toi, papa, tu pourrais. Elle doit chanter dans à peu près cinq minutes.
    Jerzy interrogea Anna des yeux.
    – Si elle ne chante pas, nous allons en entendre parler pendant toute l’année.
    – Mais si elle fausse parce qu’elle est trop endormie, nous allons en entendre parler tout autant.
    Jerzy accepta de suivre son fils et monta au jubé, où Sophie dormait profondément sur une inconfortable chaise de bois, appuyée contre le mur, le cou cassé, lebassin sur le bout de la chaise, une jambe repliée sous elle, la seconde tendue vers l’avant pour l’empêcher de glisser. Jerzy fit un clin d’œil au maître chantre et tenta d’éveiller sa fille en la secouant doucement et en lui chuchotant à l’oreille que tout le monde avait hâte de l’entendre. Sophie ne broncha pas. Tout au plus émit-elle un grognement d’agacement. Jerzy n’eut pas plus de succès que les autres.
    – As-tu terminé, toi?
    – Oui.
    – Alors, va chercher mon manteau, mon écharpe et mon chapeau et dis à ta mère que je l’attends à l’arrière de l’église.
    Jerzy tenta d’asseoir sa fille, lui mit son manteau, son chapeau et ses gants. Sophie ne s’éveilla toujours pas. Il glissa son écharpe sur son avant-bras, la souleva et commença à descendre l’escalier, craintif à cause de son équilibre toujours précaire et des risques qu’il courait d’échapper son précieux fardeau. Anna l’attendait au pied de l’escalier, la canine offerte à un fou rire rendu insurmontable par la fatigue. Elle entraîna Jerzy et Stanislas et tous trois sortirent de l’église en hurlant, ce qui ne parvint toujours pas à tirer Sophie du sommeil.

3
    Élisabeth passa à la salle de bains, trempa un coin de serviette dans l’eau glacée et revint dans la chambre à coucher, où Denis était étendu sur le lit, l’avant-bras replié sur le front, retenant difficilement des sanglots si profonds, si douloureux qu’il en pleurait sans retenue. Elle retira son bras avec énormément de douceur et lui épongea le front, essuyant discrètement, pour ne pas le heurter, les larmes qui lui collaient aux commissures des paupières. Denis ouvrit ses yeux gonflés pour la couvrir d’un regard rouge, rempli de gratitude. Élisabeth résistait à l’envie de s’étendre à ses côtés, pensant qu’il trouverait inconvenant qu’elle veuille se coller à lui dans un moment aussi trouble et le caresser pour le réconforter. Elle se contenta de lui baiser une main et de la presser contre sa joue en signe de compassion et d’amour.
    Pendant toute la nuit et tout le jour de Noël, ils ne bougèrent pas de la maison, laissèrent sonner le téléphone et refusèrent de répondre à la porte. Élisabeth savait que Florence avait certainement téléphoné à plusieurs reprises et que c’était elle qui s’était acharnée sur la sonnette. Elle imaginait que Jan avait fait de même et présumait qu’un des coups de téléphone venait du Manitoba. Ces
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