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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose
Autoren: Andrea H. Japp
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alors que leurs témoignages étaient au-dessus de tous
soupçons de menterie... de l’aveu même de l’accusé. Dans tous les cas, il
convenait avant tout de préserver les témoins à l’excellente raison que « sans
cette précaution, nul n’oserait jamais témoigner ». trangement ces
révélations, qui l’avaient tant ébranlée cette nuit-là, venaient aujourd’hui à
son secours. Sa force eut été diminuée si elle avait cru être traînée devant
des juges impartiaux, soucieux de vérité et de foi. Elle aurait cherché en elle
la faille lui valant une si terrible punition. Grâce à Clément, elle avait pris
la mesure de l’iniquité de cette parodie de jugement. On ne se doit de
combattre avec honneur que contre des ennemis honorables.
    Elle vaguait ainsi dans ses pensées depuis un moment lorsque
la voix de Florin la fit presque sursauter. Il crut l’avoir réveillée et en
conçut une nouvelle inquiétude. Comment pouvait-elle dormir en un pareil moment ?
    — En raison de l’exiguïté de la maison d’Alençon, vous
serez soumise au murus
strictus durant votre détention préventive, sauf... grossesse
en cours qui serait attestée par la matrone jurée [4] .
    — Auriez-vous oublié que je suis veuve depuis de
nombreuses années ? Le murus strictus ? Il s’agit là d’une
peine sévère, pas d’un... hébergement temporaire.
    Il parut surpris qu’elle soit au fait de ce détail, les
secrets de l’Inquisition * étant jalousement gardés pour impressionner
davantage les accusés. Ce « mur étroit » n’était autre qu’un cachot
de la taille d’un réduit, obscur et humide, dans lequel on pouvait enchaîner
les condamnés au mur.
    — Madame... nous ne sommes pas des monstres ! s’exclama-t-il
avec une feinte indignation. Vous pourrez recevoir quelques brèves visites,
votre famille directe, du moins avant les débuts de... l’interrogatoire à
proprement parler.
    La Question, songea-t-elle. Elle se contraignit à répondre d’un
ton plat :
    — C’est fort charitable à vous, messire.
    Agnès ferma de nouveau les yeux pour mettre un terme à cette
conversation qui n’avait d’autre but que de l’effrayer. Son cœur battait à se
rompre et elle fournissait un effort surhumain pour maîtriser le rythme de sa
respiration. Le seul remède qu’elle trouva à la terreur qu’elle sentait monter
en elle, l’étouffer, était la certitude qu’elle était parvenue à mettre
Mathilde et Clément en sécurité.
    Une demi-heure s’écoula avant que Florin ne hurle « halte ! »,
faisant tressaillir Agnès.
    — Notre pause sera de courte durée, madame.
Souhaitez-vous la mettre à profit afin de dégourdir vos membres ?
    Elle n’hésita qu’une seconde. En dépit de son désir de ne
pas céder, elle avait besoin de quelques instants d’intimité.
    — Volontiers.
    Il sauta lestement à terre et ne lui tendit pas la main pour
l’aider à descendre à son tour. Un garde se précipita vers lui pour lui tendre
un ballot de toile, sans doute de quoi se restaurer et se désaltérer. L’inquisiteur
la détailla quelques secondes et demanda :
    — Désirez-vous quelque éloignement, madame ?
    Elle réprima un soupir de soulagement et accepta :
    — En effet, messire inquisiteur.
    — Je crois que nous sommes tous dans ce cas. Holà, toi,
accompagne madame.
    Une grande bête d’homme à la face aplatie s’approcha. Agnès
faillit se raviser et déclarer qu’elle préférait attendre Alençon. Le mince
sourire de Florin l’en dissuada, la douleur qui lui sciait le ventre depuis des
heures également. Elle repéra un épais bosquet de buissons et s’avança dans
leur direction. La brute lui emboîta le pas.
    Enfin protégée du regard des autres, elle attendit que l’homme
se tourne. Il ne la quittait pas des yeux. Un sourire concupiscent humidifia
ses lèvres lorsqu’elle releva le bas de sa robe. La colère annihila toute gêne.
Agnès s’accroupit, fixant son escorte droit dans les yeux. Le sourire mourut et
l’homme baissa les paupières. Cette minuscule victoire dédommagea la jeune
femme. Il s’agissait d’un signe : elle pouvait vaincre.
    Elle remonta aussitôt dans le lourd fourgon sans profiter de
quelques minutes supplémentaires d’air frais, humant par la portière
entrouverte l’odeur aigrelette des fougères et celle, apaisante et lourde d’humidité,
des bois.
    Florin détailla le bas de sa robe lorsqu’il se réinstalla en
face
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