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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août
Autoren: Michel Pagel
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s'enfonçaient dans l'obscurité.
    L'endroit était humide, il y régnait une forte odeur de vase issue du cours d'eau tout proche mais on y était à l'abri du vent.
    Tandis que l'étrange porte se refermait, redevenant invisible, la femme s'empara d'une des soucoupes et s'accroupit pour en allumer la chandelle à la flamme de la lampe. Lorsqu'elle se redressa, son visage apparut un instant en pleine lumière, et le garçon constata qu'elle était en effet très belle. Ses yeux, qui devaient être bleus, comme les siens, pétillaient d'un éclat quasi aguicheur.
    — Me suivrez-vous jusqu'à ma chambre, sire ?
    Sans attendre de réponse, elle pivota pour s'engager dans l'escalier. Ne sachant que faire d'autre, et n'en ayant à vrai dire nulle envie, son visiteur la suivit.
    Il compta machinalement des marches – vingt-cinq – qu'il distinguait à peine, l'ample cape de sa compagne masquant l'essentiel de la lumière diffusée par la chandelle. En bas, l'accès à la chambre était défendu par une simple tenture que la femme écarta d'un bras avant de s'effacer pour livrer passage au futur souverain.
    Là, l'odeur de terre mouillée, de plantes aquatiques, était encore plus forte. Comme Philippe se rappelait l'emplacement de la cabane, sur la rive, l'idée lui vint que cette pièce était non seulement souterraine mais en partie creusée sous le lit de la rivière, ce qui ne laissait pas d'être stupéfiant.
    — Qui a bien pu creuser pareil terrier ? demanda-t-il en contemplant des murs paraissant faits de la même terre battue que le sol.
    La femme se servait de la chandelle pour allumer une lampe à bec pendue au plafond, plus lumineuse que son artisanale consœur d'en haut.
    — De miens cousins pour qui ce genre d'ouvrage n'a pas de secrets, répondit-elle. Je vous en prie, sire : asseyez-vous sur la couche et laissez-moi vous ôter vos bottes.
    La couche en question, carrée, ne mesurait pas moins de six pieds de côté, si bien qu'elle occupait la plus grande partie de l'espace. Le garçon s'y laissa tomber, ravi de la trouver moelleuse grâce à l'épaisse taie gonflée de plumes qui couvrait la paillasse et que couvraient à leur tour deux draps, ainsi qu'une couverture de serge.
    Un instant, il s'interrogea sur l'utilité du disque noir inscrit dans la paroi du fond, si large que ses bras écartés n'en eussent pas égalé le diamètre, puis il s'en désintéressa : son hôtesse, lui tournant le dos, venait d'enfourcher sa jambe droite et de lui empoigner le pied. La cape, ainsi relevée par le milieu, dévoilait des chevilles et de fins mollets nus dont il fut incapable de détacher le regard.
    — Poussez, sire, l'encouragea-t-elle, alors qu'il se demandait quel genre de vêtement elle pouvait bien porter en dessous.
    Amusé, il lui cala sa semelle gauche au bas des reins, comme il l'eût fait avec un serviteur, et poussa. La heuse, d'abord, résista, puis quitta le pied d'un coup, si bien que la femme se trouva projetée en avant et ne dut qu'à sa souplesse de ne pas percuter le mur. Loin d'en être fâchée, elle éclata d'un rire auquel Philippe se joignit de bon cœur.
    — Quel est ton nom, la belle ? s'enquit-il, tandis qu'elle se mettait en position pour lui retirer son autre botte.
    Elle ne répondit pas immédiatement, conservant son souffle pour la tâche qui l'occupait. Quand elle en fut enfin venue à bout, elle rangea les heuses côte à côte dans un angle, avant de se retourner vers le garçon, tout sourire.
    — On m'appelle Lysamour, dit-elle. Parce que j'ai la fraîcheur du lys et que je dispense l'amour…
    Ce n'est pas là un nom de Chrétienne, voulut-il répliquer.
    Les mots s'étranglèrent dans sa gorge : Lysamour venait de dénouer la cordelette qui fermait sa cape, dont elle écarta les pans avant de la laisser choir.
    Dessous, elle était entièrement nue.
    Philippe en demeura bouche bée. Ce n'était pas la première nudité féminine qu'il apercevait, pourtant : paysannes surprises au bain, l'été, au hasard de ses chevauchées, et servantes épiées à leur toilette l'avaient amplement renseigné sur l'anatomie du beau sexe – mais aucune femme ne s'était ainsi exhibée devant lui sans pudeur. Même l'opulente Jehanne, qui l'avait déniaisé, n'avait ôté sa chemise qu'une fois entre les draps et la chandelle soufflée, comme si pécher dans le noir avait été moins pécher. Jehanne, en outre, grasse et rougeaude, n'avait pas, malgré ses dix-huit
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