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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret
Autoren: Fiona Buckley
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obligera à rester en France au moins une semaine de plus, puisqu’il vous faudra pousser jusqu’à Paris avant de rentrer. Cecil et moi, nous estimons que ces renforts constitueront une protection supplémentaire… le cas échéant.
    Un silence se fit. C’était bien la dernière chose à laquelle je m’attendais. À chaque seconde, je mesurais davantage mon besoin de m’évader, pour un temps, des tâches dont me chargeaient la reine et son ministre. Surtout, je voulais me remettre de certains changements que ce travail avait opérés en moi. J’y trouvais grand plaisir, naguère, et parfois encore un peu, néanmoins je ne pouvais oublier le jour où, sous un prétexte fallacieux, je m’étais introduite auprès d’un prisonnier et lui avais donné une fiole de poison, afin qu’il échappât à l’éviscération.
    C’est moi qui l’avais précipité dans ce cachot, vers les mains du bourreau. J’avais tâché de lui épargner le pire. Mais son regard contemplant la mort par ma faute m’avait ébranlée jusqu’au tréfonds. Quand je rendais visite à ma fille dans son nouveau foyer, en la prenant dans mes bras je craignais qu’elle ne s’écarte avec répugnance ; je craignais même de corrompre son innocence.
    J’imputais à mes doutes l’échec de ma dernière mission. Je devais les surmonter. Mais j’avais besoin de temps pour guérir, et maintenant tout répit semblait impossible.
    — Si vous acceptez, vous me rendrez un service insigne, déclara Élisabeth.
    Que pouvais-je répondre ? Avec elle, on n’avait guère le choix.
    — Bien entendu, je vous servirai dans toute la mesure de mes moyens, madame… Quoique je ne réussisse pas toujours.
    En même temps que je surveillais Dudley, j’avais été chargée d’espionner Lady Catherine Grey (une autre cousine d’Élisabeth, ne ressemblant en rien à la bonne et sage Katherine Knollys). Elle se comportait de façon étrange, surgissant en des lieux où elle n’avait que faire et ne se présentant pas là où on l’attendait. Je l’avais observée des mois durant, en vain, jusqu’à ce qu’elle éclaircisse elle-même le mystère en avouant un mariage secret, dont elle portait le fruit. Elle était la jeune femme dont Dudley s’était gaussé, à la Tour. Sotte ou pas, elle avait réussi à m’abuser.
    — Si vous songez à ma peste de cousine, dit la reine, qui ne mâchait pas ses mots au sujet de qui la contrariait, cette affaire importe peu. Il s’agit d’une mission très différente : vous n’aurez rien à découvrir, juste à porter un message. Inutile de vous décrire la situation en France, Ursula. J’espérais que, lorsque le gouvernement catholique cesserait ses persécutions contre ceux qu’il juge hérétiques, la paix s’installerait. À présent, je crains que non. Les chefs des deux factions sont issus de grandes maisons de France. Chez les huguenots, c’est le prince de Condé, parent éloigné de la famille royale. Je tiens de l’ambassadeur Throckmorton que la reine mère, qui assure la régence, s’efforce de parvenir à un accord. Je servirais volontiers de médiatrice, mais je préfère le lui faire savoir de façon officieuse. Certaines manœuvres réussissent mieux dans l’ombre, ne serait-ce que parce que les autres risquent moins de s’immiscer.
    Elle ouvrit un coffret carré, sur sa droite, et en sortit un rouleau de parchemin cacheté.
    — Voici une lettre pour la reine Catherine. Quand messire Blanchard se sera chargé de sa pupille, je désire que vous alliez à Paris et remettiez ce message – en main propre.
    Je pris le rouleau, dubitative. Il portait l’inscription « À Catherine de France », tracée avec élégance par Élisabeth, de l’écriture superbe caractéristique des Tudors.
    — Serai-je à même d’obtenir audience ? m’enquis-je.
    — J’en réponds, déclara-t-elle, en tirant un second rouleau du coffret. Voici une lettre d’introduction qui aplanira votre chemin.
    Je l’acceptai, résignée. Elle portait une inscription similaire à la première, complétée par le mot « introduction » en plus petit, sous le nom de Catherine.
    — Maintenant, écoutez-moi, reprit la reine. Certains n’apprécieraient pas cette démarche. Espérons qu’ils n’en auront jamais vent ! Vous garderez secrète ma missive à Catherine, cependant celle-ci, marquée de mon sceau, vous conférera le statut d’émissaire royal et, avec l’escorte armée, devrait vous
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