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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret
Autoren: Fiona Buckley
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où j’avais compris de quoi il retournait, je n’avais plus songé qu’à Meg. J’avais eu la vérole, dans mon enfance, sans que mon teint en pâtît, mais je ne voulais faire courir aucun risque à ma fillette. En hâte, je trouvai un autre logis pour elle et sa nourrice ; et, Dieu soit loué, ni l’une ni l’autre ne l’attrapèrent. Quant à moi, j’étais restée aux côtés de Gerald pour le soigner, me tourmenter et enfin le pleurer. De ce jour, je n’avais plus pensé un instant au trésor caché. Même lorsque j’avais transféré ses clefs sur mon trousseau et remarqué, vaguement, celle de l’entrepôt, facile à reconnaître car elle était tout en ferronnerie. J’eus bien l’idée de la rendre, mais entre la fatigue et l’affliction, j’oubliai. J’étais en Angleterre quand je la remarquai de nouveau, et il me sembla futile de la renvoyer au prix de tant d’efforts.
    Ce n’était qu’une clef, après tout ! Nul ne me rappela qu’elle ouvrait la cachette d’un trésor. Notre valet, John Wilton, supposait sans doute que les dispositions avaient été prises. Du moins, il n’en avait jamais fait mention, et je ne pouvais plus l’interroger car lui aussi était mort.
    La clef était restée sur mon trousseau, simple souvenir du bonheur d’antan.
    — Maintenant que j’y pense, repris-je, je doute que ces objets aient quitté Anvers. Ils se trouvent probablement encore là-bas.
    Et je savais exactement où. Quand Gerald avait loué l’entrepôt, il m’avait montré la cache sous le plancher du rez-de-chaussée où, espérait-il, non pas une, mais de nombreuses cargaisons futures attendraient. La première avait été la dernière, cependant elle était au moins arrivée dans cet entrepôt. À coup sûr, elle s’y trouvait toujours.
    Eh bien, qu’elle y reste ! Je ne voulais pas être mêlée à cela. C’était justement un autre symbole de la vie d’intrigue dont j’étais lasse. Et quoique la France fût au bord de la guerre civile et que les voyages fussent épouvantables au mois de mars, j’étais disposée à me rendre outre-Manche pour une affaire familiale, à seule fin d’échapper aux complots et à la politique.
    Et de passer, peut-être, à quelques lieues de l’endroit où vivait Matthew de la Roche, mon époux. Le désir de sa présence revint, aussi persistant que dérisoire.
    Je le refoulai. Je ne tenterais pas de voir Matthew et, d’ailleurs, je n’imaginais pas qu’il le voulût. Il avait disparu pour toujours. Mieux valait me résigner à cette idée.

CHAPITRE II

Des fers sertis de joyaux
     
    Je retournai à Greenwich avec la reine, par le fleuve, et trouvai mes deux serviteurs affairés aux préparatifs du départ.
    Fran et Roger Brockley s’étaient mariés après être entrés à mon service et j’appelais toujours Fran par son nom de jeune fille, Dale. L’un et l’autre avaient une quarantaine d’années ; tous deux étaient solides et dignes de confiance, bien que Dale eût tendance à maugréer et Brockley à insinuer que mon gagne-pain ne convenait pas à une dame et qu’une vie mieux séante (et moins périlleuse) eût été souhaitable.
    Au moins, à défaut d’être exempt de danger, le voyage que nous allions entreprendre était d’ordre privé – un geste secourable, en rapport avec la famille de mon premier époux. Cette affaire concernait les Blanchard.
    Gerald et moi nous étions unis contre la volonté de nos familles et lorsque, devenue veuve, j’avais sollicité le soutien financier de son père, j’avais essuyé une froide rebuffade. Mais c’était avant que je n’aille à la cour et que la reine ne m’accorde sa faveur. Mon ancien beau-père, Luke Blanchard, eut ouï-dire que la veuve honnie de son fils se promenait en robes de damas, causait avec Élisabeth, dînait chez les Cecil et que sa fille était élevée par une famille de leurs amis. Sur quoi son attitude changea.
    C’est ainsi qu’un jour son fils aîné et lui se présentèrent au palais dans leurs plus riches atours, demandèrent à me voir et, en un piquant retournement de situation, implorèrent mon assistance.
    Luke Blanchard s’efforça de se montrer aussi persuasif que pouvait l’être un grand homme tout en velours noir, au profil arrogant, au regard bleu glacial et à la voix pompeuse même pour parler du temps.
    — Il nous semble, dit-il, que bien que la France soit un endroit dangereux ces jours-ci, quelqu’un comme vous, ma chère
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