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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret
Autoren: Fiona Buckley
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Élisabeth pour améliorer son crédit et lever des emprunts à l’étranger, interprétait ces instructions au sens le plus large.
    — Gerald aidait Gresham à… à se procurer des biens aux Pays-Bas et à les faire passer en Angleterre. Pas toujours avec l’accord du propriétaire et même, d’habitude, à son insu.
    En effet, mieux valait que de Quadra ignore leur provenance.
    — Vous avez dû mener une vie palpitante, à Anvers ! déclara Sir Henry, amusé.
    Il avait raison. La mission de Gerald consistait à soudoyer ou à intimider des gens susceptibles de prêter des clefs, de forger de faux ordres de réquisition afin de sortir des entrepôts des marchandises de valeur – lingots, vaisselle, armures ou autres. Souvent, nous les conservions sous notre lit, le temps de trouver un navire pour les acheminer, ou une meilleure cachette. Oui, ç’avait été passionnant.
    Je parcourus la salle des yeux. La reine examinait un glaive à la garde incrustée de cabochons d’émeraudes et de rubis ; l’ambassadeur de France, en grande conversation avec le lieutenant, admirait à nouveau la vaisselle et l’argenterie. Sackville et Sir Henry à mes côtés, je les rejoignis. Sackville avait réveillé mes souvenirs. J’avais déjà vu ce magnifique service de plats en or. Gerald me l’avait fait admirer à bord du navire qui l’emporterait loin d’Anvers, en toute illégalité. Et juste avant qu’il ne contracte la vérole, il y avait eu un autre riche butin… Je scrutai les objets le long de la table sans rien y découvrir de ce que je cherchais.
    — Ce n’est pas là toute la vaisselle provenant d’Anvers, n’est-ce pas ? demandai-je. Je suppose que le reste est entreposé ailleurs, comme les corselets.
    — Non, nous avons tout réuni ici, répondit Sackville. Ces pièces sont d’une telle beauté ! Pourquoi cette question ?
    Deux ans plus tôt, cette livraison particulière avait séjourné brièvement chez nous, le temps que Gerald en dresse l’inventaire. J’avais consigné la liste sous sa dictée, avant que notre serviteur et lui aillent tout dissimuler, non sous un lit, cette fois, mais sous le plancher d’un entrepôt. Le loyer était réglé d’avance pour cinq ans, et le bail contenait une clause interdisant au propriétaire d’y pénétrer avant le terme de cette période.
    La voix de Gerald alors qu’il me dictait cette liste résonnait encore dans ma tête. Enfant, j’avais eu avec mes cousins un précepteur qui tenait à exercer notre mémoire. Je pouvais, avec aisance, réciter un long poème et retenir une liste d’une bonne trentaine d’éléments après les avoir écoutés une seule fois. Je me rappelais presque mot pour mot les paroles de Gerald et en outre, j’avais observé la plupart de ces marchandises.
    Avec le plus de fidélité possible, je répétai l’inventaire :
    — « Premièrement : une vaisselle complète en or, valeur approximative : dix mille livres, incluant vingt-quatre gobelets, marquée de l’écusson d’une noble famille d’Espagne, incrustés de rubis et d’émeraudes.
    « Deuxièmement : une salière en or, haute de deux pieds, en forme de tour carrée, avec une réserve à sel sous chaque tourelle et des tiroirs à épices au-dessous. Ornée du même écusson, et incrustée de rubis. Valeur approximative : douze mille livres.
    « Troisièmement : une salière en argent, toute cannelée et ciselée sur le pourtour d’un motif de feuilles et d’oiseaux. Couvercle à charnières en forme de coquille Saint-Jacques, sous lequel se trouvent quatre réserves à sel que l’on peut ôter. Valeur approximative : trois mille livres.
    « Quatrièmement : divers petits ornements, valeur approximative : sept cents livres… » Rien de tout cela n’est ici, conclus-je. Mais Gresham était entré en possession de ces objets avec l’aide de mon mari. Le trésor des Pays-Bas aurait-il été en partie brisé ou fondu ? Voire vendu ?
    — J’espère bien que non ! répliqua Sir Henry, choqué. Des pièces aussi exquises devraient être préservées coûte que coûte.
    Sackville était déconcerté.
    — Dame Blanchard, jamais je n’ai vu les objets que vous décrivez, et ils ne figurent sur aucune liste. Quand furent-ils expédiés en Angleterre ? Sur quel bateau ?
    — Gerald organisait le transport lorsqu’il est tombé malade. Maintenant que j’y pense…
    Le mal l’avait frappé avec soudaineté et, de l’instant
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