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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret
Autoren: Fiona Buckley
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garantir une protection efficace.
    — Messire Blanchard en est-il informé ?
    Pour la première fois, Élisabeth sourit.
    — Bien sûr. Il devra se rendre avec vous à Paris. Cecil le lui a spécifié. Il lui a assuré que votre groupe jouirait de l’immunité diplomatique et a souligné qu’une visite à la cour serait instructive pour sa jeune pupille. Chacun croira que vous allez là-bas à seule fin d’y présenter mes compliments. C’est d’ailleurs ce que l’on a dit aux gens de Cecil, tout en insistant sur l’importance de ce voyage. Messire Blanchard a accepté sans soulever d’objection.
    Quant à cela, j’en étais certaine. On ne discutait pas les ordres de la reine, à moins de s’appeler Robin Dudley ou Cecil. Et même eux savaient ne pas outrepasser la limite.
    Néanmoins, je ne pouvais dissimuler ma réticence. En me remettant la seconde lettre, Élisabeth s’en aperçut. Elle me plaça le parchemin de force dans la main, refermant mes doigts par-dessus. Pendant un instant terrifiant, j’eus la sensation que ses phalanges étaient des fers – des fers sertis de joyaux.
    — Je sais, Ursula. Vous vouliez échapper à cette atmosphère d’intrigue quelque temps.
    Je ne m’étais jamais épanchée, mais Élisabeth montrait parfois la faculté déconcertante de lire dans les pensées.
    — L’Angleterre a besoin d’amis protestants, expliqua-t-elle. L’Europe compte trop de puissances catholiques. Les huguenots doivent survivre et, dans le cas d’une guerre, je crains pour eux. Ils seraient à même de lever une armée, mais celle de l’autre camp sera plus forte. J’ai encore quelque chose pour vous.
    Une troisième fois, elle plongea la main dans le coffret et me présenta un petit objet sur sa paume.
    — Voici un gage de sûreté supplémentaire. Portez cette bague, si elle vous va. En la montrant à la cour de France, vous obtiendrez sans délai une audience privée auprès de n’importe quel membre de la famille royale. Il s’agit là d’un petit arrangement réciproque que les agents, les ambassadeurs et les émissaires de nos deux pays ont parfois trouvé utile.
    C’était un anneau sigillaire, en or massif. Le cachet plat était gravé d’un lion regardant, entouré de minuscules fleurs de lis. Je l’essayai : il s’adaptait très bien au médius de ma main droite.
    — J’ai pourvu de mon mieux à votre sécurité et à celle de vos compagnons, continua la reine. Quoique l’idée de vous charger de cette lettre vienne de Cecil, je vous le demande comme une faveur personnelle.
    Elle ne me laissait aucun choix. Si subtile que fût la coercition, elle n’en existait pas moins.
    — Dormez bien, me recommanda Élisabeth avec bonté, tandis que je baisais ses doigts effilés, aux ongles polis à la perfection. Vous aurez besoin de repos pour le voyage qui vous attend au matin.
     
    Je regagnai mes appartements. Je disposais d’une petite chambre pour moi seule, cause d’une certaine jalousie parmi les dames, surtout les plus anciennes, qui souvent partageaient la même chambre, voire le même lit. Or on m’accordait partout ce privilège afin que je puisse conférer avec mes serviteurs sans difficulté. Comme à présent. Brockley et Dale m’attendaient, se demandant ce que présageait ma convocation chez la reine, et je ne songeai pas un instant à le leur dissimuler.
    En quelques mots, j’expliquai la mission dont on m’avait chargée, et pourquoi, puis les mesures prises en ma faveur.
    — Mais, remarquai-je d’un ton apaisant, il n’y a pas de guerre pour l’instant et les persécutions religieuses ont pris fin.
    Brockley discerna sur-le-champ le défaut de la cuirasse.
    — Si le danger est à ce point minime, qu’avez-vous besoin de renforts armés et d’un droit d’audience immédiat ?
    Je m’assis sur le bord de mon lit.
    — Je ne sais pas, Brockley. J’espère que la reine préfère redoubler de prudence. Certes, ce travail ne serait pas au goût de tout le monde, dans les deux camps. Nous devons être discrets.
    — Cela va sans dire ! Néanmoins, cela ne me plaît pas.
    Brockley avait les yeux gris-bleu et un grand front constellé de taches de rousseur. À cet instant, des plis d’inquiétude marquaient ses traits d’ordinaire impassibles.
    — La France est au bord d’une guerre entre papistes et protestants. Aux yeux d’un catholique, nous sommes des hérétiques. Ceux-ci ne sont pas pourchassés à cette heure, mais en
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