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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie
Autoren: S.J. Parris
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étudié en profondeur l’ancienne magie des écrits hermétiques et la Kabbale
des Hébreux, et j’ai commencé à comprendre des choses que tu croirais
impossibles. »
    J’hésitai.
    « Si j’apprends à voyager comme le décrit Hermès,
j’apercevrai ce qui se trouve au-delà du cosmos connu, l’univers sans fin et
l’âme universelle dont nous faisons tous partie. »
    Je me demandai s’il n’allait pas éclater de rire, mais en
fait il avait l’air songeur.
    « Ça ressemble à de la dangereuse sorcellerie, Bruno.
Et qu’est-ce que tu prouverais ? Qu’il n’y a pas de Dieu ?
    — Que nous sommes tous Dieu, répondis-je calmement. Que
la divinité est en chacun de nous, dans la substance de l’univers. Avec les
connaissances adéquates, nous pourrions dompter toutes les puissances du
cosmos. Quand nous l’aurons compris, nous serons les égaux de Dieu. »
    L’incrédulité de Sidney était totale.
    « Par le Christ, Bruno ! Tu ne peux pas te
proclamer haut et fort l’égal de Dieu. Il n’y a peut-être pas d’Inquisition ici
mais aucune Église chrétienne ne recevra pareille déclaration avec équanimité.
On t’enverra tout droit au bûcher.
    — Parce que l’Église chrétienne est corrompue, pas une
faction n’y échappe, c’est ce que je cherche à dire. Ce n’est qu’une pauvre
ombre, la dilution d’une antique vérité qui existait bien avant que le Christ
arpente la Terre. Si j’arrivais à le faire comprendre, alors une véritable
réforme de la religion serait possible. Les hommes passeraient peut-être
par-dessus les divisions qui ont fait couler tant de sang, et qui en font
toujours couler. Ils comprendraient leur unité essentielle. »
    Le visage de Sidney se fit plus grave.
    « J’ai déjà entendu mon ancien tuteur, le docteur Dee,
parler de cette façon. Mais sois prudent, mon ami : il a récupéré beaucoup
de manuscrits de magie antique lors de la destruction des bibliothèques
monastiques, ce qui lui vaut d’être traité de nécromancien, voire pire, et pas
seulement par le peuple. Et c’est un Anglais de souche, astrologue de Sa
Majesté. Ne t’attire pas une réputation d’adepte de la magie noire alors que ta
condition de catholique étranger te rend déjà suspect. »
    Il recula d’un pas et me dévisagea avec curiosité.
    « Ce livre, alors… tu crois pouvoir le trouver à
Oxford ?
    — À Paris, j’ai appris qu’il avait quitté Florence à la
fin du siècle dernier. Et si mon informateur disait vrai, un collectionneur
anglais l’a rapporté dans ce pays et donné à l’une de vos bibliothèques, où il
est passé inaperçu parce que aucun de ceux qui l’ont eu entre les mains n’a
compris sa portée. La plupart des Anglais qui voyageaient en Italie étaient des
professeurs qui léguaient leurs livres. Quitte à chercher, je me suis dit que
je pourrais commencer à Oxford.
    — Tu devrais en parler à John Dee. Il possède la plus
grande bibliothèque du pays. »
    Je secouai la tête.
    « Si ton docteur Dee avait ce livre, il saurait de quoi
il retourne et il aurait trouvé le moyen de le révéler. Il est encore à
découvrir, j’en ai la certitude.
    — Si tu le dis… Mais ne néglige pas les affaires de
Walsingham à Oxford. »
    Il me redonna une tape dans le dos.
    « Et pour l’amour du Christ, Bruno, ne me néglige pas
pour aller fouiner dans les bibliothèques ! J’espère profiter de ta bonne
nature quand nous serons là-bas. Il est déjà assez déplaisant que je doive
servir de nourrice à ce pédant de Laski, je n’ai pas l’intention de passer
toutes mes soirées avec de vieux théologiens poussiéreux, merci bien. Toi et
moi, nous allons écumer la ville et laisser les femmes d’Oxford à genoux.
    — Je croyais que tu allais épouser la fille de
Walsingham ? » dis-je, feignant d’être choqué.
    Sidney leva les yeux au ciel.
    « Quand la reine daignera accorder son consentement.
D’ici là, je ne me considère pas tenu par les liens du mariage. Mais peu
importe. Et toi, Bruno ? Pendant ton périple en Europe, t’es-tu rattrapé
de tes années de cloître ? »
    Il me gratifia d’un coup de coude complice. Je souris en me
frottant les côtes.
    « Il y a trois ans, à Toulouse, j’ai connu une femme.
Morgana, la fille d’un noble huguenot. Je donnais des cours privés de
métaphysique à son frère. Et quand son père était absent, elle me priait de
rester et de lui faire la lecture. Elle
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