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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà
Autoren: Robert Merle
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eu une nourrice huguenote et vous
en avez vu les effets à la Saint-Barthélemy. En outre, Monsieur mon frère, la
persécution faisant rage derechef, le moment est revenu de déguiser. Je crains
bien plus pour mon Samson l’excès de son zèle que sa mollesse. Dame Gertrude
lui tiendra un masque sur sa face innocente. En outre, qui voudrait d’un
apothicaire huguenot en papiste pays ? Au premier patient qui meurt, on
crierait au poison !
    — Je vous vois donc résolu à y
donner la main, dit Sauveterre d’un air sombre.
    — Aimeriez-vous mieux que
Samson dans le péché persévère ? Ou qu’il vive escouillé comme moine en
cellule ? dit mon père, qui dut regretter cette dernière phrase pour ce
que, tournant la tête, il vit Sauveterre sourciller fort à ouïr la chasteté
ravalée à l’impotence.
    — Du moins, Baron de Mespech,
dit Sauveterre d’un air fort froidureux, faites que ces dames s’en départent au
plus tôt de céans. Je suis las de leur caquet, de leurs afféteries et du train
qu’elles nous font mener. Depuis leur venue, le débours en viandes, vins et
chandelles est immense ! En chandelles surtout ! Pourquoi faut-il que
Dame du Luc et sa dame d’atour requièrent dès le tomber du jour dix chandelles
en leur chambre quand une seule me suffit en la librairie ?
    — Vous ne vous pimplochez pas,
dit mon père avec un souris.
    — C’est là le point ! dit
Sauveterre d’un air fort encoléré. Qu’ont-elles besoin, le Seigneur leur ayant
donné une face, de s’en contrefaire une autre ?
    — Monsieur l’Écuyer, dit mon
père, auriez-vous blâmé un de nos soldats de la légion de Normandie de fourbir
ses armes avant le combat ?
    — Quel combat ? dit
Sauveterre, l’air fort mal’engroin.
    — Celui qu’elles livrent
quotidiennement à nos tant faibles cœurs.
    — Faibles, oui ! dit
Sauveterre en jetant à mon père un œil de reproche. Un mois, monsieur mon
frère, un mois a passé depuis que ces sauterelles se sont abattues sur nos
blés !
    — À deux, elles ne les ont pas
prou ravagés, dit Jean de Siorac avec un souris. Et peux-je les chasser ?
Peuvent-elles départir seulettes en leur coche ? Ne savez-vous pas
qu’elles espèrent Quéribus pour la commodité de sa compagnie et la sûreté de
son escorte ? Que le baron festoie chez Puymartin…
    — Et pis, dit Sauveterre.
    — Que Puymartin est de lui tant
entiché que par les chausses il le retient dès qu’il parle de retourner en
Paris.
    — Touchez-en donc un mot à
Puymartin.
    — Nenni ! Je me garderais
d’affronter sur une affaire de peu de conséquence un ami tant fidèle et avec
qui nous avons en vue de si grands intérêts…
    À quoi je vis mon aîné François
ouvrir l’œil et darder l’ouïe, pour ce que son projet le plus cher, si la mère
de Diane épousait Puymartin, était de marier la fille, de prendre à compte et
demi avec Puymartin la châtellenie de Fontenac, et au premier enfant mâle, le
titre qui lui était attaché. Ainsi son jeune chef recevrait le tortil de baron
avant même la mort de mon père. Heureux François à qui toutes cailles dans le
bec tombaient, lesquelles (lui qui m’aimait si peu) il ne devait qu’à moi, qui
avais tué en duel loyal le Baron-brigand dont la douce et chrétienne fille
allait avec lui convoler, toute papiste qu’elle fût. Ha Sauveterre n’avait pas
fini de croailler ! Mais s’agissant cette fois des bonnes terres de
Fontenac qui jouxtaient si commodément les nôtres et de ce fort château qui
tant ajoutait à la sécurité de Mespech, sa groigne huguenote aurait bien peine
à celer un secret acquiescement.
    Ce que sentant fort bien mon père et
que, papiste pour papiste, la Dame du Luc valait bien Diane, il ajouta :
    — Dame Gertrude est de bonne
noblesse de robe. Elle est fort étoffée. Elle a sauvé la vie de mon Samson en
l’empêchant de s’aller fourrer dans la nasse parisienne à la recherche de son
frère. Et quant à moi, je ne suis pas marri de voir son blond cheveu égayer nos
vieux murs. Je l’aime assez.
    — Et sa chambrière plus encore,
dit Sauveterre sur le ton le plus sec.
    À cela mon père s’accoisa avec cet
air de ne point ouïr par lequel il marquait à son accoutumée qu’il ne désirait
pas débattre de ce qu’on avait dit. « Ha ! Belle Zara !
pensai-je, jusqu’où te porte ton dévouement aux intérêts de ta
maîtresse ! » Et ce pensement m’égayant, je jetai un œil à
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