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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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jeunes gens, qui jetez des regards concupiscents les uns sur les autres et recherchez le plaisir des amours défendues !
    Le prince grimaça et posa une main gantée de pourpre sur son compagnon, plus râblé et brun.
    — C’est de nous qu’il parle, Piers !
    Les traits du jeune Gascon se durcirent, sans que cela n’enlevât rien au caractère féminin de son visage au teint mat et aux lignes pures, ni au velouté de ses joues ou à la coupe irréprochable de ses cheveux châtain foncé. Féminin et innocent, certes, à part les yeux d’un bleu étonnamment clair, comme un ciel de printemps lavé par l’averse. Des yeux vides, durs.
    — Je ne crois pas, Monseigneur ! déclara-t-il d’une voix grinçante.
    Le prince sortit une pièce d’argent de son escarcelle en hochant la tête.
    — Je te parie, Piers, que c’est à moi que pense ce misérable !
    Il caressa sa moustache.
    — Soyons francs ! Je suis le seul ici qui vaille la peine qu’on parle de lui.
    Le prophète l’entendit sans doute.
    — Prince Édouard ! rugit-il. Fils d’un père admirable, tu portes son nom, mais non sa majesté ! Oui ! Je te mets en garde, toi et ton cupide inverti, Gaveston, fils d’une putain !
    Il baissa la voix, qui ne fut plus qu’un sifflement :
    — Fils de sorcière, né du Démon tu retourneras au Démon ! Prends garde, prince Édouard, de ne pas l’accompagner, car toutes les légions de Satan traquent l’âme pécheresse de Gaveston !
    Le prince prit un air solennel.
    — Très intéressant ! commenta-t-il.
    Il tendit la main en souriant.
    — Une pièce d’argent, Piers !
    Le Gascon, bougonnant de colère, la lui donna.
    — Monseigneur, laissez-moi en finir avec ce gredin !
    — Non, Piers. Pas maintenant ! Tu ne ferais qu’effrayer les faucons et nous gâcher la chasse !
    Il caressa la sombre chevelure de son compagnon en lui chuchotant :
    — Ne prends pas le mors aux dents ! Tu deviens de plus en plus ombrageux et me fais penser à Père et à Lady Aliénor !
    Sur ce, il poussa son cheval en avant tandis que le prophète s’écartait prestement du chemin. Gaveston, lui, tourna la tête vers le capitaine de la garde et lui fit signe d’approcher.
    — Tuez ce scélérat ! ordonna-t-il à voix basse. Pas tout de suite, mais qu’il ne survive pas jusqu’à demain !
    Le soleil avait à peine poursuivi sa course que le corps du prophète fou, la gorge tranchée d’une oreille à l’autre, fut jeté dans une morasse frangée d’écume sale, au coeur de la forêt, et s’y enfonça sans laisser de traces. Une heure plus tard, le soudard rejoignait les membres de la chasse royale qui, du haut de leurs montures, contemplaient la rivière paresseuse bordée d’une belle roselière touffue. Le soldat fit un signe convenu à Gaveston qui lui adressa un clin d’oeil et un sourire avant de décapuchonner le faucon qui s’agitait nerveusement sur son poing, les grillets de ses jets sonnant comme pour avertir les vertes frondaisons paisibles qu’il apportait la mort.
    — Maintenant que j’ai fait couler le sang, marmonna Gaveston entre ses dents, je vais pouvoir savourer cette partie de chasse !
    Il attendit que les rabatteurs débusquent un énorme héron qui s’envola du couvert et s’éleva bientôt au-dessus des arbres. Il leva le poing, caressa son oiseau favori et le lâcha. Tel l’ange de la mort, le faucon fouetta l’air de ses ailes sombres et s’élança à la poursuite de sa proie. Il monta haut dans le ciel, plana un bref instant sur la brise de cette fin d’été, puis, les ailes repliées, fila comme une flèche. Il frappa le héron avec un cri suraigu, dans un tourbillon de plumes. Les courtisans applaudirent et poussèrent des clameurs d’admiration, mais durent bientôt étouffer des exclamations de stupéfaction en voyant le héron redresser la tête et poignarder de son bec effilé le corps du rapace. Gaveston, abasourdi, vit son faucon tomber en un amas de plumes ensanglantées tandis que le héron s’enfonçait dans la roselière pour s’y cacher.
    — Extraordinaire ! murmura le prince. J’avais ouï dire que cela arrivait parfois, mais c’est la première fois que j’en suis le témoin.
    Il donna un coup de coude désinvolte à son favori.
    — C’est un avertissement, Piers ! l’assura-t-il à mi-voix. Tu vises trop haut : le comté de Cornouailles et en plus la première place à mon Conseil ! Mais pas maintenant !
    Il posa
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