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Le prince des ténèbres

Le prince des ténèbres

Titel: Le prince des ténèbres
Autoren: Paul C. Doherty
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temps des bombances et des chansons !
    Il leva le poing et assena un coup terrible sur les lèvres de l’agent anglais.
    — Et ce n’est qu’un début, Monsieur  ! lança-t-il avec hargne. À cause de vous, j’ai perdu deux bons soldats ce soir !
    Il saisit Eudo par son surcot et l’obligea à se remettre debout.
    — Allez, venez ! Les cachots du Louvre ne sont pas bien loin et d’autres que moi veulent vous dire deux mots !
     
     
    Lady Aliénor Belmont, assise au bord du lit, avait les traits tirés et la rougeur de ses joues tranchait avec la pâleur de son visage en forme de coeur. Elle ne cessait d’entrelacer ses doigts, les nouant et les dénouant comme pour fournir un exutoire à l’émotion qui menaçait de la submerger. Elle se leva soudain et s’approcha de la fenêtre en losange. En cette belle journée de septembre, le soleil commençait à baisser à l’horizon et la quiétude du prieuré n’était rompue que par les chants limpides des oiseaux perchés dans les arbres au-delà de l’enceinte. Elle s’immobilisa, les yeux plissés : elle était sûre d’avoir vu, par la croisée, des hommes d’armes, des cavaliers, passer à la lisière du bois. C’était même le reflet du soleil sur l’acier de leurs épées qui avait attiré son attention. Elle appuya son visage en feu contre la vitre, goûtant la fraîcheur du verre. Y avait-il quelqu’un là-bas ? Étaient-ils enfin venus ? Non, elle n’entendait que le bavardage des soeurs qui traversaient le cloître pour aller à complies. Avec un soupir, elle chassa de son esprit ce qui avait dû n’être que chimère de son imagination enfiévrée.
    Tout était prêt, songea-t-elle en parcourant la pièce du regard. Elle se redressa en aspirant l’air avidement. Son ami, quel qu’il fût, lui enverrait certainement du secours. Elle aurait bientôt quitté ce maudit endroit et rejoint son amant, qu’elle s’acharnerait à reconquérir. Edouard avait beau être prince aîné et héritier de la Couronne, elle était convaincue qu’un sang plus vaillant coulait dans ses propres veines. Son père ne lui avait-il pas rappelé à maintes occasions que les Belmont étaient de vieille souche noble et appartenaient à un pur et vigoureux lignage ?
    Elle ferait fi des rumeurs ! Elle éclata brusquement de rire, mais se figea soudain en percevant le son étouffé de pas glissant dans le couloir. Elle hocha la tête.
    — Le prince Edouard, chuchota-t-elle comme pour se rassurer, ne chercherait pas à me nuire, n’est-ce pas ?
    De méchantes langues prétendaient qu’il voulait sa mort, mais elle ne pouvait le croire. Oh, bien sûr ! d’autres devaient la souhaiter, les membres du Conseil privé, par exemple – d’eux, elle s’attendait à tout, surtout de la part de ce Piers Gaveston à la voix mielleuse qui semblait être partout à la fois et avait pris dans ses filets le coeur du prince. À cette pensée, Aliénor frappa le sol du pied.
    — Gaveston, l’adorateur de Satan ! jeta-t-elle d’une voix haineuse. Gaveston, le bras du Malin ! Gaveston, le sodomite !
    Elle se calma. Et les autres membres de ce sabbat, qui étaient-ils ? Dame Amelia Proudfoot, la prieure du couvent, et ses ombres silencieuses, Dame Frances et Dame Catherine ? Ils feraient n’importe quoi pour la retenir : le poison, le poignard, le lacet ou la chute brutale…
    Elle se félicitait d’avoir fait preuve d’une méfiance et d’une prudence rares, surveillant ce qu’elle mangeait et buvait, prenant garde aux endroits qu’elle foulait et déclinant poliment toute invitation à aller chasser. Après tout, pensa-t-elle avec un sourire amer, les accidents de chasse étaient chose courante. Certes, elle avait été souffrante, mais cela était dû aux humeurs malignes de son esprit, engendrées par la solitude et l’angoisse. De fait, elle s’était abandonnée au désespoir, mais on était finalement venu à sa rescousse ! Quelques semaines auparavant, elle avait trouvé, dans sa chambre même, une lettre dissimulée dans une petite aumônière de cuir. L’auteur lui recommandait de ne pas s’inquiéter, de ne pas perdre courage. Il lui indiquait également qu’elle trouverait les messages suivants dans le chêne creux qui se dressait près de l’allée de Galilée, derrière la chapelle. Son champion inconnu lui avait promis de la délivrer aujourd’hui, aussi avait-elle prié ses compagnes d’aller à complies sans elle. Seules
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