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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté
Autoren: Ken Follett
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se sentait profondément envieuse. ´Vous en avez de la chance, dit-elle. Rien ne me plairait plus que d'aller dans un pays nouveau. Ce doit être fascinant.
    - La vie est dure là-bas, dit-il. Vous regretteriez peut-être la vie confortable que vous avez ici : les boutiques, les opéras, la mode française, tous ces agréments.
    - Je me moque de tout cela, dit-elle avec mépris.
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    J'ai horreur de ces tenues. ª Elle portait une robe à crinoline et un corsage à la taille serrée. ´J'aimerais m'habiller comme un homme, avec une culotte, une chemise et des bottes de cheval.
    - Même à la Barbade, fit-il en riant, ce serait peut-être aller un peu loin. ª
    Liz se disait : Si Robert m'emmenait maintenant à la Barbade, je l'épouserais sans hésiter.
    Ét on a des esclaves qui font tout le travailª, ajouta Jay.

    Ils débouchèrent de la forêt à quelques mètres en amont du pont. Sur l'autre rive, les mineurs entraient en file indienne dans la petite église.
    Lizzie pensait toujours à la Barbade. ´ «a doit être très bizarre de posséder des esclaves et de pouvoir leur faire faire tout ce qu'on veut, comme si c'étaient des bêtes, dit-elle. «a ne vous donne pas une impression étrange ?
    - Pas le moins du monde ª, fit Jay avec un sourire.
    La petite église était pleine. Les Jamisson et leurs invités occupaient presque tous les bancs, les femmes avec leurs jupes à crinoline, les hommes avec leurs épées et leurs tricornes. Les mineurs et les fermiers, qui constituaient l'habituelle congrégation du dimanche, laissaient un espace vide à côté des nouveaux venus, comme s'ils craignaient en touchant leurs beaux atours de les salir avec de la poussière de charbon et de la bouse de vache.
    Mack avait fait le faraud devant Esther, mais il était plein d'appréhension. Les propriétaires de la houille avaient le droit de fouetter les mineurs et, par-dessus le marché, Sir George Jamisson était un 27
    magistrat : cela voulait dire qu'il pouvait faire pendre qui bon lui semblait et qu'il n'y aurait personne pour lui apporter la contradiction.
    C'était vraiment téméraire de la part de Mack d'encourir la colère d'un homme aussi puissant.
    Mais le droit, c'était le droit. Mack et les autres mineurs étaient traités de façon injuste, illégale: chaque fois qu'il y pensait, il en éprouvait une telle colère qu'il aurait voulu la crier sur les toits. Il ne pouvait pas répandre subrepticement la nouvelle comme si elle n'était peut-être pas tout à fait vraie. Il devait se montrer audacieux ou faire machine arrière.
    Un moment, il y songea. Pourquoi faire des histoires? Puis on attaqua l'hymne et les mineurs le reprirent en chúur, faisant retentir l'église de leurs voix vibrantes. Derrière lui, Mack entendit la superbe voix de ténor de Jimmy Lee, le meilleur chanteur du village. Cela le fit penser à High Glen et à son rêve de liberté : il rassembla son courage et résolut de mettre son plan à exécution.
    Le pasteur, le révérend John York, était un doux quadragénaire aux cheveux clairsemés. Il parlait d'un ton hésitant, troublé par la présence d'aussi nobles visiteurs. Il fit un sermon sur la Vérité. Comment allait-il réagir quand Mack allait lire tout haut la lettre? D'instinct, il se rangerait du côté du propriétaire de la mine. Sans doute allait-il déjeuner au ch‚teau après le service. Mais c'était un clergyman: il serait bien obligé de défendre la justice, malgré tout ce que Sir George pourrait dire, non ?
    Les murs de pierre de l'église étaient nus. Il n'y avait pas de chauffage, bien s˚r, et le souffle de Mack faisait de la buée dans l'air glacé. Il examina les gens du ch‚teau. Il reconnaissait la plupart des membres de la famille Jamisson. quand Mack était enfant, ils passaient ici une grande partie de leur temps. Sir George était bien reconnaissable, avec son visage rougeaud et son gros ventre. Sa femme était auprès de lui, dans une robe rosé à petits plis qui aurait
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    peut-être paru jolie sur une femme plus jeune. Il y avait Robert, le fils aîné, au regard dur et à l'air sévère : vingt-six ans, et qui commençait tout juste à prendre de l'embonpoint comme son père. Auprès de lui, un beau jeune homme blond qui avait environ l'‚ge de Mack : ce devait être Jay, le fils cadet. L'été o˘ Mack avait six ans, il jouait tous les jours avec Jay dans les bois qui entouraient Jamisson Castle, et tous deux avaient cru qu'ils seraient amis
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