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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté
Autoren: Ken Follett
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appris à lire à ses deux enfants, sans se soucier des quolibets de son mari qui disait qu'elle avait des idées au-dessus de sa condition. Chez Mrs. Wheighel, on demandait à Mack de lire tout haut le Times, YEdin-burgh Advertiser et des journaux politiques comme le North Bnton, radical. Les journaux étaient toujours vieux de plusieurs semaines, parfois de plusieurs mois, mais les hommes et les femmes du village écoutaient avidement de longs discours reproduits mot pour mot, de violentes diatribes et des récits de grèves, de protestations et d'émeutes.
    C'était après une de ces discussions du samedi soir chez Mrs. Wheighel que Mack avait écrit la lettre.
    Aucun des mineurs n'avait encore jamais écrit de lettre et chaque mot avait suscité de longues consultations. La missive était adressée à Caspar Gordonson, un avocat de Londres qui écrivait des articles antigouvernementaux dans les journaux. On avait confié la missive à Davey Patch, le colporteur borgne, pour qu'il la poste. Mack s'était demandé si elle parviendrait jamais à destination.
    La réponse était arrivée la veille et c'était l'événement le plus excitant qu'avait jamais connu Mack. Cela allait bouleverser son existence, se disait-il. Cela pourrait même faire de lui un homme libre.
    Aussi loin que pouvaient remonter ses souvenirs, il avait eu envie d'être libre. Enfant, il avait envié Davey Patch, qui vagabondait de village en village en vendant des couteaux, de la ficelle et des ballades. Ce que le petit Mack trouvait si merveilleux dans l'existence de Davey, c'était qu'il pouvait se lever avec le soleil et s'en aller dormir quand il était fatigué. Depuis l'‚ge de sept ans, Mack avait toujours été
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    réveillé par sa mère quelques minutes avant deux heures du matin pour travailler quinze heures d'affilée au fond de la mine et terminer à cinq heures de l'après-midi. ¿ ce moment-là, il rentrait chez lui d'un pas chancelant, souvent pour s'endormir le nez dans son porridge du soir.
    Mack aspirait à une vie différente. Il rêvait de se construire une maison, dans une vallée comme High Glen, sur un bout de terre qui serait bien à
    lui. De travailler de l'aube au crépuscule et de se reposer pendant toutes les heures o˘ il faisait noir. Il rêvait de la liberté d'aller pêcher par une belle journée ensoleillée, dans un coin o˘ le saumon n'appartenait pas aux propriétaires mais à quiconque le péchait. Et la lettre qu'il tenait à
    la main signifiait que ses rêves allaient peut-être se réaliser.
    ´Je ne suis pas encore s˚re que tu doives la lire tout haut à l'église ª, dit Esther tandis qu'ils cheminaient sur le sentier glacé.
    Mack n'était pas s˚r non plus, mais il dit : ´ Pourquoi pas ?
    - «a va faire des histoires. Ratchett va être furieux. ª Harry Ratchett était le contremaître, l'homme qui gérait la mine au nom du propriétaire. ÍI pourrait même le dire à Sir George, et alors qu'est-ce qu'on te fera ? ª
    II savait qu'elle avait raison et il était plein d'inquiétude. Mais cela ne l'empêchait pas de discuter. Śi je garde la lettre pour moi tout seul, elle ne sert à rien, dit-il.
    - Eh bien, tu pourrais la montrer en privé à Ratchett. Il te laisserait peut-être t'en aller discrètement, sans histoire. ª
    Mack jeta un coup d'úil à sa jumelle. Elle n'était pas d'humeur à
    argumenter, il le sentait. Elle semblait troublée plutôt que combative. Il sentit monter en lui une vague d'affection pour elle. quoi qu'il arriv‚t, elle serait de son côté.
    Il secoua quand même la lettre d'un air obstiné. ´Je ne suis pas le seul à être concerné par cette lettre. Il y a au moins cinq gars qui voudraient bien s'en aller d'ici s'ils savaient qu'ils en ont la possibilité. Et les générations à venir ? ª
    Elle le regarda d'un air songeur. ´Tu as peut-être raison... mais ça n'est pas vraiment ça qui te pousse. Tu as envie de te dresser en pleine église pour prouver que le propriétaire de la mine a tort.
    - Non, protesta Mack. Pas du tout ! ª Puis il réfléchit un moment et sourit. ´Bah, il y a peut-être quelque chose de vrai dans ce que tu dis.
    Nous avons entendu tellement de sermons disant qu'il faut obéir à la loi et respecter nos supérieurs. Et nous nous apercevons maintenant qu'ils nous ont menti, tout le temps, à propos de la seule loi qui nous concerne vraiment. Bien s˚r que j'ai envie de me dresser pour protester tout haut.
    - Ne leur donne pas une raison
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