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Le pas d'armes de Bordeaux

Le pas d'armes de Bordeaux

Titel: Le pas d'armes de Bordeaux
Autoren: Pierre Naudin
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intervention de ne pas être exécutés.
    Combien de temps durera ce sursis ?
    Un jour du mois d’août de cette année 1367, le prince Édouard dont le mal empire, décide de quitter l’Espagne et particulièrement Amusco où il n’a que trop longtemps séjourné en attendant vainement que Pèdre lui apporte la fortune promise lors de leur alliance. Comme lui, ses guerriers souffrent de la chaleur. Une épidémie de dysenterie fait des victimes. Guesclin, qui jouit d’un régime de faveur, et tous les prisonniers reçoivent une monture. À cette occasion, Tristan peut réenfourcher un de ses chevaux : Malaquin.
    Commence alors un lent cheminement vers Bordeaux.

 
     
     
     
     
     
     
     
PREMIÈRE PARTIE
     
     
LE PÉCHÉ CAPITEUX

I
     
     
     
    C’était une des toutes premières journées de septembre, une de celles qui font douter de la proximité d’un automne embrumé, emperlé de rosée, aspergé de pluies éparses. Après les âpres montagnes de la Haute-Navarre déjà teintées d’un peu de rouille, après la longue descente vers les collines verdoyantes qui ceignaient Saint-Jean-Pied-de-Port où bruissaient les eaux d’une Nive encore bleue, on avait chevauché vers Bordeaux avec une certaine hâte : le prince de Galles était souffrant – ou plutôt son mal avait empiré. Les mires qui l’assistaient de leur présence et de leurs remèdes, tout en l’irritant par leurs dissensions, lui avaient unanimement prescrit un long repos. Il ne pourrait en jouir que dans sa bonne ville (342) . Pendant quatre mois, il avait attendu les contributions de guerre que Pèdre I er , à nouveau roi de Castille grâce à son concours, n’avait cessé de lui promettre avant même qu’ils eussent vaincu l’usurpateur Henri de Trastamare à Nâjera. Le dimanche de l’Assomption, rebuté, honteux et courroucé d’avoir naïvement compté sur la rectitude d’un fourbe, Édouard avait décidé de regagner son duché. Il était aussi épuisé que ses finances. Derrière sa litière, ses capitaines, ses soudoyers et ses prisonniers avaient quitté sans regret Amusco, son climat torride, sa poussière et ses tombes (343) .
    Maintenant, après quelque deux semaines difficiles dont une à piéter parmi des mares, dans des sables mous, quelquefois putrides, d’où s’essoraient des nuées de moucherons, Bordeaux venait de se montrer, hissant haut dans le ciel ses clochers et ses tours. Trois clameurs avaient salué cette apparition. Les Anglais et les Gascons, joyeux et soulagés, se promettaient de célébrer leur revenue comme il convenait : on boirait du claret et on festoierait. Les prisonniers, eux, baissaient la tête.
    – J’aimerais bien savoir où chevauche Guesclin, confia Tristan, amer, à Paindorge.
    – Bah ! Messire, maugréa l’écuyer, il n’est guère éloigné de la litière du prince… Vous verrez que monseigneur Édouard en sortira pour entrer dans Bordeaux à cheval.
    – De cela, Robert, je suis aussi sûr que toi.
    Des lieues et des lieues de landes où ne poussaient que des herbes misérables et d’où jaillissaient quelques rares oiseaux : des freux, des pies, des moineaux. Il advenait que le chemin fut si étroit qu’il fallait y avancer un par un. Parfois, du sable le couvrait, d’une épaisseur imprécise. Les chevaux glissaient, harpaient 3 , hennissaient de crainte et de fortraiture. Mais des chants soulignaient la bonne humeur des hommes et cela seul importait.
    – Où est Calveley ? demanda Paindorge.
    – Il se peut qu’Édouard l’ait chargé de veiller sur Guesclin, Audrehem et quelques autres. Leur hautaineté doit souffrir d’entrer dans Bordeaux en vaincus !
    Il semblait que l’étoile de Calveley fut sur le point d’atteindre son zénith. Avant que le prince eût décidé de quitter Amusco, le géant avait disparu quelques jours et réintégré l’armée dans un état de lassitude dû à une longue chevauchée. Tristan s’était abstenu de le questionner. Il était trop soucieux de son sort pour s’intéresser à quoi que ce fût d’autres (344) .
    Une demi-lieue à couvrir encore parmi de maigres bocages où s’élevaient de chétives masures. Devant leur seuil, des vieillards assis sur des bancs et des enfants debout, serrés les uns contre les autres à l’instar des brochettes, regardaient, inquiets, ce qui subsistait d’une armée qu’ils avaient vue partir pimpante et grandissime et que l’hiver et les batailles avaient rongée,
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