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Le pas d'armes de Bordeaux

Le pas d'armes de Bordeaux

Titel: Le pas d'armes de Bordeaux
Autoren: Pierre Naudin
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la cité après que Guesclin lui-même y eut mis le feu. Le favori du roi Charles V et ses Bretons répandent la terreur partout où ils sont annoncés.
    À Burgos, alors que Pèdre est en fuite, et peu après le couronnement du Trastamare (340) Tristan promet à un vieux drapier juif, Joachim Pastor, d’emmener ses deux petits-enfants, sa seule descendance, en un lieu paisible, proche de Tolède Guadamur. À la suite d’une embuscade, il advient ce que Tristan redoutait : Simon et Teresa sont capturés et emportés par des Bretons sans que le jeune chevalier et ses hommes d’armes, dont certains succombent, eussent pu s’opposer à leur rapt. Bientôt, ils apprendront le trépas des enfants. Les sévices ayant précédé leur mort ne cesseront de les tourmenter.
    L’abomination de Tristan envers les bourreaux de ses protégés tourne à la haine. Il ne songe qu’à les venger. Il ne lui reste que trois compères : son écuyer, Robert Paindorge, et deux soudoyers : Yvain Lemosquet et Girard Lebaudy. Il peut aussi compter sur l’amitié de deux Anglais : un chevalier, Hugh Calveley, et Jack Shirton, un archer au service de ce « grand » homme haut de plus d’une toise (341) .
    Pèdre, le fugitif s’efforce de gagner à sa cause, en lui faisant miroiter ses richesses, le plus célèbre guerrier d’Occident : Édouard, le fastueux prince de Galles et d’Aquitaine. Damoiseau, sur la pente du Val-aux-Clercs, à Crécy, il a vaincu les Français en compagnie de son père, Édouard III. Adulte et chevalier, il a récidivé seul, à Poitiers, contre l’armée de Jean le Bon.
    Le monarque déchu propose au prince de Galles de compléter, pour son pays, la possession des côtes de Guyenne par toutes celles de la Biscaïe. L’accord est conclu à Bordeaux et ratifié par Édouard d’Angleterre.
    Une expédition est donc décidée contre le Trastamare. Si les routiers de Charles V ont quitté la Castille pour regagner la France qu’ils appellent leur paradis, des Anglais, en grand nombre, sont demeurés en Espagne. Calveley résilie son alliance avec l’usurpateur et entraîne ses guerriers vers Roncevaux, seule issue pour, venant de Bordeaux, pénétrer en Espagne. Le roi de Navarre, maître du col, a en effet permis à Pèdre et à son allié d’emprunter cette voie. Le passage s’effectue en hiver par une froidure extrême. L’armée, hommes et chevaux, souffre et s’amenuise mais les montagnes sont franchies.
    L’usurpateur et Guesclin se portent au-devant de leurs ennemis. Les deux armées sont en présence à Nâjera, sur la rive droite du rio Ebro, le 3 avril 1367. Le Trastamare dispose, dit-il, de 90 000 hommes. Les Anglais ne sont que 40 000, mais, bien que las et affamés, ce sont des hommes aguerris. Le Breton, qui avait conseillé à son complice d’escarmoucher, a vu toutes ses propositions rejetées, particulièrement par don Tello, le frère de l’usurpateur, qui l’a presque accusé de couardise. Les bannières oscillent, les aciers scintillent, les trompes mugissent. C’est l’affrontement.
    À peine engagé, Tello s’enfuit entraînant 3 000 cavaliers dans son sillage. Lebaudy et Lemosquet gardent les chevaux cependant que Tristan et Paindorge se mettent à férir leurs adversaires tout en sachant que leur bataille sera « outrée et déconfite ». Le Trastamare s’enfuit aussi. Guesclin se bat avec une rage désespérée. Il est cependant désarmé par deux chevaliers anglais : Thomas Cheyne et William de Berland.
    Cernés, Tristan et son écuyer se soumettent tandis que Pèdre transperce de son épée les Espagnols qui lui furent infidèles.
    « Qu’allons-nous devenir ? » s’interroge Tristan.
    Tout autant que Paindorge, il redoute de comparaître devant le prince de Galles. En effet, quelques années plus tôt lors d’une téméraire expédition sur la Grande lie, ils avaient réussi à s’emparer du fils aîné d’Édouard III pour le relâcher lors d’une brève et sanglante échauffourée. Ils ne doutent pas que l’époux de la bellissime Jeanne de Kent – qu’ils avaient surprise au lit – se vengera de leur audace, même s’ils plaident l’obéissance à la volonté royale.
    Édouard les reconnaît. C’est un prince atteint d’hydropisie et qui se fait parfois transporter en litière. La bonne santé des deux captifs accroît sa fureur envers eux.
    Un chevalier anglais s’instaure leur défenseur Hugues Calveley. Ils doivent à son
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