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Le pas d'armes de Bordeaux

Le pas d'armes de Bordeaux

Titel: Le pas d'armes de Bordeaux
Autoren: Pierre Naudin
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mais au-delà du détroit de Gibral tar. En outre, des dissentiments compliquaient l’existence des infidèles, et bien que divisés, eux aussi, les Espagnols en profitaient. Le territoire comptait cinq grands États : le royaume d’Aragon ou la région de l’Èbre, la Navarre sur les deux versants des Pyrénées occidentales, entre la France et l’Espagne, le Portugal ; la Castille – le plus important des royaumes – et la richissime enclave sarrasine de Grenade en incessants conflits avec la Castille.
    Les suzerains de ces États avaient à lutter contre leurs nobles. Leur autorité se manifestait fréquemment par des jugements sommaires et des châtiments abominables.
    Né à Burgos, le 30 août 1334, couronné au début du mois de juillet 1350, don Pèdre succéda donc à son père, Alfonse XI, mort devant Gibraltar en guerroyant contre les « Mahomets ». Il était le seul fils légitime du roi défunt, encore que la rumeur n’eût cessé de courir, dès sa naissance, sur sa véritable origine. On l’avait surnommé Pèdrezil car, prétendait-on, sa mère l’avait conçu avec un Juif. Ces calomnies profitaient essentiellement au demi-frère de Pèdre, Enrique de Trastamare, l’aîné des onze bâtards que le prodigue Alphonse XI avait eus de ses maîtresses : Leonor de Guzman et Béatrix Fernandez, dame de Villa-Franca.
    Pèdre avait pour précepteur et confident Alonzo d’Alburquerque. Ce roué, après avoir fait occire dona Leonor de Guzman offrit à son protégé, afin de le tenir plus sûrement en laisse, une maîtresse fort belle au tempérament de feu : Maria de Padilla. L’entrevue des deux tourtereaux eut lieu à Sahagun entre le 20 mars et le 22 mai 1352, et l’on peut écrire que le roi devint éperdument épris de celle qu’il considérait comme la plus délicieuse de ses conquêtes alors qu’il venait de tomber dans les rets de deux intrigants.
    Cependant, au lieu de se montrer soumise aux conseils et recommandations de son bienfaiteur, Maria, cette ancêtre de la Pompadour, ne songea qu’à vivre une passion sincère avec son ténébreux et généreux satrape qui, pour les performances charnelles, semblait tenir de son géniteur Juif ou roi. Alburquerque, furibond, organisa une conspiration contre Pèdre.
    Un des derniers actes politiques du favori avait été de faire épouser à son « protégé » Blanche de Bourbon, la jeune et jolie belle-sœur de Charles V (337) . La princesse française, délaissée par son royal époux le soir même de leur mariage, éprouva les conséquences de ces événements : traînée de château en château, elle se vit reniée pour épouse cependant que Pèdre prenait pour femme Juana de Castro 1 et la répudiait aussitôt. Alors que le roi de France, Charles V, et les Bourbon étaient demeurés parfaitement indifférents au sort de Blanche, la répudiation de Juana, sitôt cet affront, jeta le duc de Castro dans l’opposition et l’insurrection.
    Après avoir conduit Maria de Padilla au château d’Urrutia pour la mettre en sûreté contre ses ennemis (10-19 novembre 1354), Pèdre tomba dans un guet-apens à Toro (3 décembre) et s’évada pour se rendre à marches forcées à Ségovie où il reprit ses vengeances innombrables et terrifiantes. Ses partisans eux-mêmes en furent épouvantés.
    Tolède retomba sous la coupe du roi. La reine-mère, qui avait rallié les mécontents, courut se mettre à l’abri en Portugal où son propre père la fit occire (18 janvier 1358) sans doute pour complaire à Pèdre.
    Continuellement en fuite, le Trastamare trouva un accueil mitigé auprès de Pierre IV d’Aragon et commença un flirt avec Charles V. Une armée se forma, composée de routiers de toutes sortes. Le sud de la France fut dévasté par les hordes au service de l’Espagnol sans que ce roi qu’on disait « sage » formulât une objection. Mieux encore il couvrit le bâtard fugitif de bienfaits.
    Pendant ce temps, Pèdre régnait. La liste de ses principaux crimes est impressionnante. Exploitant les discordes des Maures, il parvint à installer sur le trône de Grenade Abd-el-Rhaman, un bon compère. Ensuite, profitant d’une violation de territoire préméditée ou non, il entra en guerre contre l’Ara gon et le conflit s’acheva par une victoire castillane. Sentant partout des menaces, il fit périr don Fadrique à l’Alcazar de Séville, le 28 mai 1358. Et pourtant, ce fils d’Eleonor de Guzman, Grand Maître de l’ordre
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