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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
Autoren: Carolyn Grey
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sur son tablier, puis repoussa
quelques mèches blondes qui s’étaient échappées de son bonnet. Sur le manteau
de la cheminée, encadrée par des chandeliers en cristal de Waterford, la
pendule allait bientôt sonner minuit. Mary Ann venait de finir de lustrer le
sol du petit salon, au premier étage de la résidence Penrose. Elle s’était déjà
acquittée de cette tâche le matin même, mais Mr. Hamilton, le redouté majordome
de la maison, l’avait obligée à recommencer son labeur. Mary Ann avait donc
passé sa soirée courbée sur le parquet, à frotter vigoureusement le sol comme
si sa vie en dépendait. Ce qui, à bien y réfléchir, était la stricte
vérité : que deviendrait-elle si elle se faisait renvoyer ? Elle
préférait ne pas y penser.
    Mary
Ann déplia ses jambes avec précaution, massa ses genoux meurtris à travers ses
bas de laine noire. Les rumeurs de Londres lui parvenaient, assourdies par les
épais rideaux qui garnissaient les fenêtres. Le feu s’était depuis longtemps
éteint dans la cheminée, et le froid mordant qui en avait profité pour
s’infiltrer dans la pièce fit frissonner la jeune fille. Accablée de fatigue,
elle se leva, éteignit les lampes du salon et se dirigea vers la porte, ses chiffons
et son seau à la main. Un long couloir lambrissé débouchait immédiatement à
droite sur le palier. Tout au bout sur la gauche, à l’opposé du grand escalier,
se trouvait le cabinet de travail du maître, sous la porte duquel filtrait un
mince rai de lumière. Hormis le chuintement continu des appliques à gaz qui
éclairaient le corridor à intervalles réguliers, la maison était plongée dans
le silence. La famille de sir Henry Penrose passait l’hiver à la campagne et
les autres domestiques s’étaient retirés en début de soirée dans leurs
quartiers, sous les combles. Mary Ann était la seule à être encore éveillée,
avec naturellement Mr. Hamilton. Le majordome attendait en bas à l’office
qu’elle ait achevé le travail qu’il lui avait confié.
    Impatiente
de l’en avertir et de pouvoir enfin aller se coucher – dire qu’elle devait se
lever dans à peine cinq heures, la nuit serait courte ! -, la petite bonne
trottina vers l’escalier. Mais alors qu’elle posait le pied sur la première
marche, un choc sourd retentit derrière elle. Surprise, elle se figea. Un
second choc, tout aussi étouffé, lui parvint, suivi de ce qui lui parut être un
faible cri.
    Les
bruits semblaient provenir du bureau de sir Henry. Mary Ann hésita. Devait-elle
descendre chercher Mr. Hamilton ? Elle ne pouvait prendre l’initiative de
s’enquérir seule de son maître. Elle posa donc son seau par terre et retroussa
à deux mains les pans de son jupon, prête à courir à l’office prévenir son
supérieur. De nouveau toutefois, son mouvement fut interrompu. Un éclat de voix
rendu aigu par la panique jaillit jusqu’à elle à travers la porte du cabinet de
travail avant de se muer en un véritable hurlement de terreur.
    Du
haut de ses treize ans, Mary Ann ne se laissait pas aisément impressionner.
Cependant, ce cri à peine humain la fit blêmir. Cette fois, elle ne perdit pas
de temps à tergiverser. Résolument, elle avança vers le couloir éclairé, les
yeux braqués droit devant elle sur la porte du bureau du maître. Jamais la
galerie ne lui avait paru si étendue ; il lui semblait que la porte se
dressait à des centaines de yards de distance et qu’il lui faudrait la nuit
entière pour l’atteindre.
    Elle
n’avait pas fait trois pas sur le palier qu’une bouffée d’air glacial la frappa
en plein visage. Pourtant, aucune fenêtre n’était ouverte dans la maison. Le
duvet de sa nuque se hérissa, et elle se mit à trembler.
    Au
fond du couloir, la lampe la plus proche du cabinet de travail était en train
de faiblir. La flamme baissa, devint minuscule, mourut enfin. Le même phénomène
se reproduisit avec l’applique qui lui faisait face.
    « Il
doit y avoir un courant d’air », songea Mary Ann qui tentait d’endiguer la
peur qui l’envahissait. Mais les flammes n’avaient pas vacillé. Elles avaient
simplement dépéri, comme absorbées par la nuit environnante.
    Une
à une, de part et d’autre du couloir, les lampes s’éteignirent. À mesure que
l’obscurité progressait vers Mary Ann, que les ombres s’épaississaient et
menaçaient de l’engloutir, sa respiration se faisait plus haletante. Le sang
battait à ses oreilles, ses
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