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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam
Autoren: Axel Aylwen
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veut dire faucon, observa le second,
qui avait étudié le grec ancien.
    — Nous ne nous souviendrons jamais de ce nom-là.
Nous l'appellerons Constantin Faucon », annonça le capitaine.
    Très vite, il était devenu la mascotte du navire et, de
Faucon, l'orthographe de son nom s'était transformée en Phaulkon à cause de ses
origines grecques. Après avoir servi six longues années comme mousse sur toute
une série de navires marchands, il avait fini par être engagé comme apprenti
par le capitaine White de la Compagnie des Indes orientales. Au cours des dix
années suivantes — les plus heureuses de sa vie —, il avait sillonné la
Méditerranée, des côtes de Barbarie à l'Asie, avec son exubérant gaillard de
maître, glanant au passage les connaissances qui l'aideraient à satisfaire son
ambition et — comme son mentor — ne suivant les règles que quand elles étaient
justes.
    À vingt-six ans, sa vie avait changé. Grâce à son zèle et
aux recommandations de George, il avait été nommé sous-chef de bureau à
l'agence de Java de la Compagnie des Indes orientales, à Bantam. C'était là que
se trouvait la direction de l'empire des Indes orientales hollandaises, le plus
vaste d'Asie. Il y avait beaucoup à apprendre.
    « Tu as assez vu d'océan pour toute une vie, mon garçon,
lui avait dit George. Et, sur l'eau, tu n'iras pas beaucoup plus loin que
capitaine. À terre, c'est autre chose. Des gens comme toi ont besoin d'espace
pour manœuvrer. »
    Le vieil homme commençait depuis peu à sentir le poids
des années. À cinquante-cinq ans, même s'il gardait l'esprit toujours aussi
vif, son corps se fatiguait de plus en plus vite. Mais il avait encore des
plans à réaliser, des affaires à régler et il avait choisi Phaulkon pour s'en
occuper. Il aimait le jeune homme comme un fils. Il savait que, s'il parvenait
à canaliser son énergie et son talent dans la direction qu'il souhaitait, ses
chances de réussite seraient imparables.
    George était convaincu que, pour les Anglais, le Siam
était la clé qui déciderait s'ils allaient ou non dominer l'Asie : car si le
Siam tombait aux mains des Hollandais, l'emprise des Provinces-Unies
deviendrait trop forte. D'ailleurs le temps pressait. Ces cervelles d'oiseau de
Madras étaient incapables de voir plus loin que le bout de leur nez rougi par
le rhum. C'est pourquoi il allait s'adresser directement au conseil
d'administration, à Londres...
    George n'était resté que trois mois à Bantam et il avait
profité de cette période pour instiller discrètement l'idée du Siam dans
l'esprit de son protégé : il voyait maintenant qu'il avait aiguisé son appétit.
    Phaulkon fut d'abord désolé quand on rappela George pour
une « mission spéciale », d'autant que le vieil homme ne pouvait lui en révéler
aucun détail. Plus grave encore, il ne savait même pas quand George
reviendrait. Puisque Phaulkon était avec George depuis dix ans sans
interruption, cela revenait donc à perdre tout à la fois son père et son
meilleur ami. Phaulkon réagit en se plongeant dans son travail — la
comptabilité, la gestion des entrepôts et le classement des archives — et
acquit aussi la maîtrise du malais et du hollandais, glanant au passage tous
les renseignements possibles concernant le Siam, même si malheureusement aucun
livre n'était disponible sur la langue que l'on parlait là-bas.
    Comme les Hollandais contrôlaient le commerce avec le
Siam, sa connaissance de plus en plus poussée de la langue hollandaise permit à
Phaulkon de dévorer tout ce qu'il pouvait trouver sur le sujet. Ainsi plongé
dans ses études, il avait attendu des nouvelles du vieil homme.
    Et voilà qu'un an plus tard George était de retour, et
justement du Siam! D'instinct, Phaulkon sentit qu'il était arrivé à un tournant
de sa vie. Il regardait le vieil homme.
    « Et au Siam, George, avez-vous rencontré le roi ? »
C'était une question qu'il brûlait de poser. Le richissime potentat, objet de
tant de légendes, l'avait toujours fasciné.
    « Rencontrer le roi ? répliqua George avec un petit rire.
Mais, dans son royaume, le roi de Siam a plus de pouvoir que même le
Roi-Soleil, le vieux Louis de France. Au simple énoncé de son nom, les gens se
prosternent, face contre terre. Personne n'a jamais contemplé le visage de Sa
Majesté, sauf peut-être des femmes de son harem, quand elles s'allongent auprès
de lui, et levêque d'Héliopolis qui lui apportait des lettres du pape et
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