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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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qui approcha la voiture.
    Puis il souffla à son compagnon :
    — La vieille est pour toi.
    Tout avait été parfaitement réglé. La voiture arriva, le blond égorgea la vieille femme tandis que le borgne, après avoir lancé une gifle magistrale à l'enfant qui en fut assommé, le jetait dans la voiture qu'il prit aussitôt d'assaut avec son complice. Quelques secondes plus tard, la voiture s'éloignait mais cette fois les chevaux, fouettés, prirent le galop.
    Sur le pavé gras de la rue de la Coutellerie, la pluie délayait le sang qui s'échappait de la gorge béante de la vieille femme.
    ***
    La voiture longea la Seine et le borgne, qui fut jadis crocheteur et débardeur, songea à cette période révolue de son existence.
    Une période qu'il détestait, tant il s'était cassé le dos avec des charges écrasantes avant d'y laisser un oeil lorsqu'un filin rompu l'avait frappé au visage avec la brutalité d'un coup de fouet.
    Le quai de la Ferraille, le quai aux Grains, le quai des Morfondus, il les connaissait comme il n'ignorait rien des trente ponts de la capitale.
    Des quais, trente ponts, vingt-cinq ports de marchandises, deux bacs, quatre-vingts bateaux de blanchisseuses... De la sueur, du sang et des larmes. Ah non, plus jamais cela : il préférait cent fois satisfaire les folies d'un amateur d'enfants.
    Mais tout de même, il trouvait la chose bien curieuse.
    Il existait à Paris des milliers d'enfants abandonnés dont nul ne s'inquiétait, alors pourquoi cette folie d'en vouloir précisément de bien propres, bien élevés et toujours très entourés, ce qui ne faisait que compliquer sa tâche... mais permettait de réclamer des prix élevés qu'il revoyait sans cesse à la hausse sans que jamais ne protestât le puissant seigneur qui l'employait ?
    — Le verrai-je?... demanda le blond.
    — Jamais. Moi-même, j'ignore tout de lui sinon qu'il est riche.
    — Tu n'es pas curieux...
    — Je ne suis pas curieux de connaître ce qu'il en est après la mort, cela, tu peux en effet le dire.
    Le blond se renfrogna et se cala dans un coin.
    Les deux hommes avaient posé leurs pieds sur le garçonnet, toujours allongé mais bâillonné et ligoté. L'enfant roulait vers eux des yeux effarés. Passant de sa grand-mère attentive et aimante aux deux brutes, il ne comprenait pas et s'affolait, livré à une terreur absolue dans laquelle sa vie venait de basculer.
    La voiture s'arrêta devant la porte massive d'un sombre hôtel particulier de la rue Garance, en le beau quartier Saint-Germain, surtout réservé à la noblesse.
    Le borgne descendit et, à trois reprises, il utilisa un heurtoir de bronze représentant une tête d'aigle.
    Après un temps qui lui parut assez long en raison de la pluie et du vent glacé, un chauve apparut, flanqué comme son ombre d'un homme plus petit qui semblait vouloir dévorer ceux qui lui faisaient face.
    — Eh bien?... demanda le chauve.
    Le borgne évita le regard de l'homme qui semblait vouloir fouiller son âme.
    — La chose est faite, Monseigneur.
    D'un signe de tête, le chauve envoya son acolyte lequel pénétra dans la voiture, regarda le garçonnet et adressa un signe d'approbation à celui qui le commandait. Enfin, il sortit un poignard et le pointa sur la gorge du blond en prenant soin d'y faire perler une goutte de sang. Le blond descendit sans discuter tandis que la portière se refermait sur le petit garçon et son nouveau geôlier.
    Lorsqu'il les eut tous deux en face de lui, le chauve sortit deux bourses et, en un acte délibéré, les fit tomber sur les pavés mouillés de pluie et de boue.
    Sans trop de fierté, le borgne et le blond ramassèrent les bourses puis, tel que s'il leur faisait une faveur, le chauve lança au borgne :
    — On te fera signe.
    Le borgne hocha la tête et partit rapidement avant de prendre le pas de course.
    Dès qu'ils eurent tourné à l'angle de la rue, le blond s'immobilisa d'un air têtu, sachant qu'il se trouvait hors de vue et de portée de voix du chauve :
    — Ils nous ont traités tels des chiens.
    — Non, les chiens, on craint toujours qu'ils ne mordent. Ils nous ont traités comme deux merdes.
    Le blond sortit un poignard :
    — J'y retourne!
    Le borgne, qui savait bien que son compagnon n'en ferait rien, partit d'un grand rire ce que voyant, l'autre, dépité, ajouta :
    — J'y retournerai demain.
    — Demain, tu seras ivre mais tu tiendras encore à la vie. Tu y retourneras quand ils nous siffleront.
    Bien qu'il ne fût
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