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Le clan de l'ours des cavernes

Le clan de l'ours des cavernes

Titel: Le clan de l'ours des cavernes
Autoren: J. M. Auel
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revanche, la présence d'un troupeau d'aurochs broutant paisiblement l'herbage entre la rivière et la falaise la mit en émoi. Dans sa course folle, elle n'avait pas remarqué les impressionnantes bêtes brunes, atteignant un mètre quatre-vingts au garrot, le cr‚ne surmonté d'immenses cornes recourbées. Leur vue balaya d'un seul coup tous les sortilèges de son imagination. Elle recula contre la paroi, les yeux rivés sur un gros taureau qui s'était arrêté de paître pour la regarder, puis elle prit la fuite en courant.
    Elle jeta un coup d'oeil derrière elle, et aperçut une masse en mouvement qui la fit s'arrêter net et retenir son souffle. Une énorme lionne, deux fois plus grande que tous les grands félins qui peupleraient les savanes du Sud des milliers d'années plus tard, était en train de guetter le troupeau.
    La petite fille étouffa un cri en voyant le redoutable fauve bondir sur un aurochs.
    Jetant dans la mêlée toute la puissance meurtrière de ses griffes et de ses crocs, la lionne eut tôt fait de terrasser le massif bovidé et elle mit brutalement fin à ses mugissements terrifiés en lui tranchant la gorge de ses formidables m‚choires. Les pattes de l'aurochs remuaient encore spasmodiquement quand elle lui déchira la panse et en tira les entrailles chaudes et fumantes.
    Une vague de panique déferla sur la fillette, qui détala à toutes jambes, sans savoir qu'un autre grand félin l'observait. L'enfant s'était aventurée dans le territoire des lions des cavernes. D'ordinaire, ils auraient dédaigné une proie aussi malingre pour lui préférer un robuste aurochs, un gros bison ou encore un daim géant répondant mieux aux exigences de leur féroce appétit. Mais dans sa fuite, l'enfant s'approchait beaucoup trop près de la caverne qui abritait deux lionceaux nouveaunés.
    Préposé à la garde des petits pendant que la lionne chassait, le m‚le à
    l'épaisse crinière mit en garde l'intruse d'un terrifiant rugissement. La fillette leva la tête et, à la vue du gigantesque félin ramassé sur un rocher, prêt à bondir, elle poussa un hurlement et arrêta sa course si brusquement qu'elle glissa sur des graviers. Se relevant frénétiquement, elle repartit en courant dans la direction opposée.
    Le lion des cavernes s'élança avec une aisance pleine de nonchalance, confiant en sa capacité d'attraper la créature qui avait violé les limites sacrées de sa tanière. Il courait sans h‚te après cette proie qui se déplaçait avec lenteur, comparée à la vitesse dont il était capable. Et puis, ce jour-là, il était tout à fait d'humeur à jouer au chat et à la souris.
    La petite fille ne dut son salut qu'à l'instinct qui dirigea ses pas vers la petite cavité qui s'ouvrait dans le flanc de la falaise. Hors d'haleine, elle se glissa dans le trou, juste assez large pour lui laisser le passage.
    C'était une anfractuosité minuscule, peu profonde, à peine plus grande qu'une simple faille. Elle se tapit, à genoux, le dos au mur, aplatie contre la roche.
    Le lion rugit de colère quand il atteignit le trou qui lui avait ravi sa proie. L'enfant frémit au cri du félin et, figée d'horreur, elle vit la patte toutes griffes dehors qu'il plongeait dans son refuge. Prise au piège, elle regarda la patte s'approcher d'elle, et poussa un cri de douleur lorsque les griffes acérées s'enfoncèrent dans sa cuisse, y creusant quatre sillons profonds et parallèles.
    La fillette se contorsionna pour se mettre hors de la portée du fauve et découvrit, à sa gauche, un léger renfoncement. Elle s'y recroquevilla autant qu'elle put, et retint son souffle.
    La patte pénétra de nouveau dans l'ouverture, masquant la lumière qui y filtrait, et cette fois fouetta le vide. Furieux, le lion rugit longtemps en arpentant les abords de la cavité.
    L'enfant passa toute la journée, la nuit, et une grande partie du lendemain dans son refuge dont l'exiguÔté ne lui permettait pas de s'allonger ni même de s'é tirer. Sa jambe avait enflé considérablement et la blessure infectée la faisait souffrir sans répit. Elle délira la plus grande partie du temps, rongée par la faim et la douleur, hantée par d'effroyables cauchemars o˘ se mêlaient tremblement de terre et griffes acérées. Mais si la douleur et la faim ne purent la décider à abandonner son refuge, la soif y parvint.
    1 Elle risqua un coup d'oeil angoissé par l'étroite ouverture. quelques 1 i bouquets de saules et de pins en
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