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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon
Autoren: Evelyne Lever
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l’intendant de la généralité de Paris. Le ménage, assez endetté, vivait dans un bel hôtel du XVI e siècle et tirait la majeure partie de ses revenus de quelques vignes. Un héritage eût été le bienvenu et Mme Dulaud de Charenton, mère de Mme d’Éon, avait promis 12 000 livres à sa fille si elle donnait naissance à un fils.
    M. d’Éon avait trois frères. L’aîné, André d’Éon de Tissey, après avoir été avocat, trésorier de France au bureau des finances de Montauban, avait obtenu l’office de censeur royal pour les belles- lettres et celui de secrétaire de S.A.R le duc d’Orléans, premier prince du sang   ; le cadet, Jacques d’Éon de Pommard, était secrétaire du comte d’Argenson ministre de la Guerre   ; le plus jeune, Michel d’Éon de Germigny, chevalier de Saint-Louis, l’un des vingt-cinq gentilshommes de la garde écossaise, menait une carrière militaire mouvementée et devait mourir dans la misère à Nîmes. Leur sœur, Madeleine, avait épousé M. Jacquillat de Vaulavré. Cette famille en pleine ascension sociale pouvait prétendre à un bel avenir, car les frères d’Éon appartenaient à la clientèle de personnages puissants   : l’intendant de Paris, M. Berthier de Sauvigny, le duc d’Orléans, et le ministre de la Guerre. Leurs enfants étaient ainsi appelés à exercer de plus hautes fonctions s’ils faisaient preuve de talent.
    On éleva Charles Louis (appelé couramment Louis) comme un garçon et ses parents veillèrent eux-mêmes à sa première éducation. L’abbé Marceney, curé de l’église de Saint-Pierre de Tonnerre, lui donna les premiers rudiments d’une culture qu’il devait considérablement développer par la suite. C’était un enfant fragile qui resta incontinent jusqu’à l’âge de sept ans. Sa mère tremblait sans cesse pour lui et surveillait le moindre de ses gestes. Il ne jouait ni avec les autres enfants, ni avec sa sœur d’un an plus âgée. Personne n’émettait alors le moindre doute sur son appartenance au genre masculin. Lorsqu’il eut treize ans, son père résolut de l’envoyer à Paris achever ses études au collège Mazarin. Sous la tutelle de l’abbé Rigaud, vicaire de Saint-Sulpice auquel il l’avait recommandé, l’adolescent tenta de se dépasser intellectuellement et physiquement. Alors qu’il se prenait de passion pour la lecture, il habituait son corps à supporter le froid et la chaleur, dormait sur le plancher, portait un cilice et s’efforçait de manger le moins possible. En 1745, au début de la guerre de Succession d’Autriche, alors que Paris retentissait du son des trompettes et des tambours, il rêvait de rejoindre l’armée, mais dut se contenter d’apprendre à monter à cheval et à manier l’épée. Il montra dans cet art des dons et des talents exceptionnels. L’exercice physique ne l’empêchait pas de lire des nuits entières et de s’intéresser à la littérature aussi bien qu’à l’économie. D’un commerce agréable, il se fit des amis avec lesquels il entretint des relations cordiales qui ne devaient pas bouleverser sa vie. On sait peu de choses sur cette jeunesse studieuse passée l’hiver à Paris et l’été dans la propriété familiale de Tonnerre au bord de l’Armançon.

Le petit d’Êon
    Le 22 août 1748, à vingt-et-un ans, licencié en droit civil et en droit canon, Louis d’Éon s’inscrit comme avocat au Parlement de  Paris. De taille moyenne, le corps délié et musclé, il a tout l’air d’un éphèbe. C’est un jeune homme sérieux, séduisant par son esprit, mais auquel on ne prête aucune aventure ni féminine, ni masculine. Son père, qui vient de mourir, lui a laissé pour tout héritage la demeure familiale et la vigne. Par malchance, son oncle ne survécut pas au décès de son frère. En quelques jours, privé de ses plus précieux conseillers, l’orphelin devint chef de famille. Il fallait faire vivre sa mère et sa sœur et gérer son petit domaine familial. D’après son autobiographie, il semble avoir traversé à ce moment une grave crise intérieure. « J’avais deux personnalités   », dira-t-il plus tard. Il aurait aimé se retirer dans une thébaïde au milieu des livres, tout en voulant connaître l’ivresse des combats et le fracas des armes. Troublé par ces désirs contradictoires, il caressa un temps le projet d’entrer dans les ordres, mais se reprit, refusant de vivre comme « une poule mouillée ». Après
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