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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX
Autoren: Walter Scott
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propre à l’accompagnement de la voix ; la caisse de cuir l’annonçait d’une manière incontestable, quoique sans indiquer la nature exacte de l’instrument. La couleur du pourpoint de ce voyageur était bleue, celle de ses chausses, ou culotte, était violette, avec des taillades qui montraient une doublure de même couleur que la jaquette. Un manteau aurait dû, suivant la coutume ordinaire, recouvrir ce costume, mais la chaleur du soleil, quoique la saison nouvelle fût encore si peu avancée, avait forcé le ménestrel de le plier aussi mince que possible, et d’en former un paquet long qu’il avait attaché autour de ses épaules, comme la redingote militaire des soldats d’infanterie de nos jours. La netteté avec laquelle ce manteau était arrangé dénotait la précision d’un voyageur qui connaissait depuis long-temps et par expérience toutes les ressources nécessaires contre les changemens de temps. Une grande quantité de rubans étroits ou aiguillettes, formant les ganses avec lesquelles nos ancêtres attachaient leur pourpoint et leurs chausses, constituait une espèce de cordon tout composé de nœuds, bleus et violets, qui entourait le corps du voyageur, et se trouvait ainsi correspondre pour la couleur avec les deux parties de l’habillement que ces cordons étaient destinés à réunir. La toque ordinairement portée avec ce riche costume était de l’espèce avec laquelle Henri VIII et son fils Édouard VI sont habituellement représentés. Elle était plus propre, vu la riche étoffe dont elle était faite, à briller dans un lieu public qu’à garantir d’un orage ou d’une averse. On y remarquait deux couleurs, car elle était composée de différentes taillades bleues et violettes ; et l’homme qui la portait, sans doute pour se donner un certain air de distinction, l’avait ornée d’une plume de dimension considérable, et aussi des couleurs favorites. Les traits au dessus desquels se balançait cette espèce de panache n’avaient absolument rien de remarquable pour l’expression ; cependant, dans un pays si triste que l’ouest de l’Écosse, il aurait été difficile de passer près de cet individu sans lui accorder plus d’attention qu’il en aurait excitée si on l’eût rencontré dans un lieu où la nature du paysage aurait été plus propre à captiver les regards des passans.
    Un œil vif, un air sociable qui semblait dire : « Oui, regardez-moi, je suis un homme qui vaut la peine d’être remarqué et qui mérite bien votre attention, » donnaient néanmoins de l’individu une idée qui pouvait être favorable ou défavorable, suivant le caractère des personnes que rencontrait le voyageur. Un chevalier ou un soldat aurait pu s’imaginer simplement qu’il avait rencontré un joyeux gaillard, bien capable de chanter une chanson, de conter une histoire un peu leste, et de boire sa part d’un flacon, doué enfin de toutes les qualités qui constituent un gai camarade d’hôtellerie, sinon que peut-être il ne mettait pas trop d’empressement à payer un écot. D’un autre côté, un ecclésiastique aurait trouvé que le personnage habillé de bleu et de violet avait des mœurs un peu trop relâchées, et ne savait pas assez contenir sa gaîté dans les justes bornes pour que sa compagnie pût convenir à un ministre des autels. Cependant on voyait sur la physionomie de l’homme de chant une certaine assurance, d’où il était permis de conclure qu’il n’aurait pas été plus déplacé dans des scènes sérieuses que dans des parties de plaisir. Un riche voyageur (et le nombre n’en était pas considérable à cette époque) aurait pu redouter en lui un voleur de profession, ou un homme capable de profiter de l’occasion pour devenir tel ; une femme aurait craint d’être maltraitée par lui, et un jeune homme, une personne timide, eût songé tout de suite à un meurtre ou à de coupables violences. Néanmoins, s’il ne portait pas d’armes cachées, le ménestrel était mal équipé pour entreprendre aucune voie de fait. Sa seule arme visible était un petit sabre recourbé, semblable à ce que nous appelons aujourd’hui un coutelas ; et l’époque aurait justifié tout le monde, si pacifiques que fussent les intentions, de s’armer ainsi contre les dangers de la route. Si un regard lancé à cet homme pouvait sous quelque rapport donner une mauvaise idée de lui à ceux qui le rencontraient en chemin, un coup d’œil jeté sur
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