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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2
Autoren: Irwin Shaw
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pas, dit-elle. Je ne sais plus rien. Je ne veux pas que ça t’influence en aucune façon.
    Noah soupira. Puis il se pencha vers elle et l’embrassa sur le front.
    –  C’est merveilleux, dit-il. C’est… merveilleux.
    Hope regarda le M. P., toujours vivant, la pièce aux murs nus, les barreaux des fenêtres.
    –  Quel endroit, dit-elle, quel endroit pour être informé d’une chose pareille !
    Le M. P. se remit à frotter son dos sur la porte.
    –  Plus qu’une minute, dit-il avec indifférence.
    –  Ne t’inquiète pas pour moi, dit Hope à toute allure, ça ira très bien. Je vais aller chez mes parents. Ils prendront soin de moi. Tu n’as pas à t’inquiéter… Noah se leva.
    –  Je ne suis pas inquiet, dit-il. Un enfant…
    Il agita la main, d’un geste enfantin de marionnette, et, malgré le temps et le lieu, Hope ne put s’empêcher de rire au spectacle de ce cher geste familier.
    –  Eh bien ! dit Noah. Tu ris, à présent ?
    Il s’approcha de la fenêtre, regarda, entre les barreaux, la cour enclose d’une haute palissade. Lorsqu’il se retourna, ses yeux étaient ternes et inexpressifs.
    –  Va voir le capitaine Lewis, dit-il, et informe-le que j’irai n’importe où l’on voudra m’envoyer :
    –  Noah…
    Hope se leva, mi-soulagée, mi-désespérée.
    –  O. K., dit le M. P. C’est fiai.
    Il ouvrit la porte.
    Noah rejoignit Hope. Ils s’embrassèrent. Elle lui prit la main et le tint un instant contre sa joue.
    –  Allons, madame, dit le M. P.
    Elle sortit, se retourna avant que le M. P. ait refermé la porte. Immobile, Noah l’observait. Il essaya de sourire, mais n’y parvint pas. Puis le M. P. referma la porte et elle ne le revit plus.

20
     
     
     
    J E vais vous parler franchement, disait Colclough. Je regrette que vous soyez revenu. Vous êtes une disgrâce pour cette compagnie, et je ne crois pas que nous puissions jamais faire de vous autre chose qu’un mauvais soldat. Mais j’essaierai quand même, nom de D…, même si je dois vous casser en deux pour y parvenir.
    Noah regardait tressauter le nez du capitaine. Rien n’avait changé dans la salle du rapport. Colclough avait toujours la même voix et disait toujours les mêmes choses, et l’odeur de bois trop vert, de paperasses poussiéreuses, de sueur, de bière et de graisse d’armurerie était toujours inévitablement la même. Il était difficile à Noah de se souvenir qu’il s’était passé quelque chose et que sa dernière entrevue avec le capitaine Colclough ne s’était pas déroulée la veille.
    –  Naturellement…
    Colclough parlait lentement, jouissant solennellement de chacun de ses mots.
    –  Naturellement, vous n’aurez plus ni permissions de vingt-quatre heures ni permissions de détente. Corvées tous les jours, pendant quinze jours, à partir d’aujourd’hui, et corvées le samedi et le dimanche, toutes les semaines, à partir de cette semaine. Est-ce bien clair ?
    –  Oui, mon capitaine, dit Noah.
    –  Vous avez toujours la même couchette. Je vous préviens, Ackerman, que, si vous tenez à votre peau, il vous faudra être cinq fois plus soldat que n’importe qui dans cette compagnie. Est-ce clair ?
    –  Oui, mon capitaine, dit Noah.
    –  Sortez, maintenant. Je ne veux plus vous voir dans cette salle de rapport. C’est tout.
    –  Bien, mon capitaine. Merci, mon capitaine, dit Noah.
    Il salua et sortit. Il marcha lentement, sur la route familière, dans la direction de sa baraque. Sa gorge se serra lorsqu’il vit les lumières briller derrière les fenêtres nues, à cinquante mètres devant lui, et les silhouettes trop connues qui s’agitaient à l’intérieur du bâtiment.
    Brusquement, il se retourna. Les trois hommes qui le suivaient s’arrêtèrent dans l’obscurité. Mais il n’eut aucun mal à les reconnaître. Donnelly, Wright, Henkel. Il les voyait sourire en s’approchant de lui. Ils avançaient doucement et dangereusement espacés.
    –  C’est nous qui sommes le Comité de bienvenue, dit Donnelly. La compagnie a décidé de te souhaiter la bienvenue, à ton retour, et c’est nous qui allons te la souhaiter.
    Noah fouilla dans sa poche, en tira le couteau à cran d’arrêt qu’il avait acheté en ville, avant de rentrer au camp. Il pressa le ressort, et la lame, longue d’une quinzaine de centimètres, jaillit brutalement du manche de corne. Le couteau captura un rayon de lumière et la lame brilla dans sa main, acérée,
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