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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Autoren: Ron Hansen
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j’ai
emmagasiné là-dedans. Je suis une autorité sur les frères James.
    — Ton nom, ce ne serait pas Bunny Ford, par
hasard ? »
    Le jeune homme était si désireux d’abonder
dans le sens de Jesse qu’il faillit admettre que oui, mais se retint et
corrigea :
    « Euh, non. C’est Robert Ford.
    — Voilà, c’est ça !
    — Bob. »
    Jesse eut un sourire quelque peu affecté, puis
se dirigea vers le feu ; Bob esquissa quelques pas chassés sautillants
pour rester à sa hauteur.
    « Je ne me souviens plus, reprit Jesse, tu
n’as encore jamais accompagné la bande, si ?
    — Oh, ça non. Je suis puceau, confessa
Bob en inclinant son chapeau en arrière du pouce avec un grand sourire, comme
Jesse eût pu le faire. Du moins, à cet égard, si vous voyez ce que je veux dire.
    — Vraiment ?
    — J’ai cogité tout l’après-midi, j’avais
la bougeotte comme si j’avais des fourmis dans le falzar. Votre frère et moi, on
a fait un petit tour bien agréable du côté de la voie, on a taillé le bout de gras
en savourant la compagnie l’un de l’autre, mais en dehors de ça, j’ai surtout
tâché de mettre de l’ordre dans mes idées et de me calmer les boyaux.
    — Lèche de l’alun », recommanda
Jesse.
    Il prit le bol plein à ras bord et la cuillère
que lui présentait un homme avec un tablier en toile de jute. Il s’assit sur
une souche, dans sa vaste capote grise, et Bob s’assit par terre, à ses pieds, après
avoir ôté son ceinturon et ouvert son propre manteau pour s’aérer un peu, bien
que tardivement. Jesse avala une cuillerée et s’essuya la bouche avec la main.
    « Tu sais ce qui manque dans ce
pot-au-feu ?
    — Des boulettes ?
    — Des nouilles. Tu t’envoies un bon
pot-au-feu avec des nouilles et tu es remonté à bloc pour toute la nuit. Tu as
déjà vu cette bonne femme de Fayette qui est capable d’aspirer des nouilles par
le nez ?
    — Il ne me semble pas.
    — Il y a dans ta tête des conduits que tu
ne soupçonnes même pas. »
    Bob racla le fond de son pot-au-feu à l’aide d’une
enveloppe bleue. Du bouillon fuit par l’un des coins et macula sa braguette d’une
tache pouvant laisser croire à un accès d’incontinence. Il ne devait remarquer
ceci que plus tard. Il jeta l’enveloppe au feu et lécha sa cuillère avec la
minutie d’un chien avant de la faire disparaître dans sa poche.
    « Le petit tour qu’on a fait cet
après-midi, votre frère Frank et moi, était bien agréable, se répéta-t-il. On a
discuté de cent sujets en rapport avec la Chicago and Alton, l’U. S. Express
et les attributions de chacun à l’intérieur des voitures. »
    Jesse avait fermé les yeux et, la cuillère
toujours en bouche, faisait rouler sa tête pour soulager sa nuque douloureuse.
    « Bref, il en est ressorti que nous
étions mutuellement d’accord et que le mieux pour toutes les parties en cause
serait que je mette mes considérables talents à votre service, en qualité d’assistant,
vous savez… d’apprenti. Ainsi, nous pourrions allier nos forces de manière à
nous en tirer sans dommage. Voilà ce qu’il est ressorti.
    — Bon, c’est Buck qui se charge de l’organisation,
acquiesça Jesse, avant de baisser les yeux sur son bol de pot-au-feu. Tu veux
ce qui reste ?
    — Je n’ai pas trop l’appétit.
    — Ça m’ennuierait de gaspiller.
    — J’ai déjà la tuyauterie qui proteste. »
    Jesse se leva, versa son restant de pot-au-feu
dans la marmite et tendit son bol et sa cuillère à l’une des nouvelles recrues
pour qu’on les lavât. Il se tourna vers Bob.
    « Si jamais tu commandes un steak dans un
restaurant et qu’on ne te le fait pas assez cuire… ne le renvoie pas en cuisine,
parce que sinon, le cuistot crachera sur ta bouffe et elle aura un goût fétide. »
    Bob demeura stupéfait.
    « Ce n’est pas que j’aime rabâcher la
même chose, commença-t-il, mais…
    — Je me fiche de qui vient avec moi, le
coupa Jesse. Je m’en suis toujours fichu. Je suis, comme qui dirait, d’un
naturel sociable. »
    Bob sourit avec opiniâtreté. Frank, qui buvait
du café de l’autre côté du feu, approcha, la mine éternellement grincheuse. Jesse
éleva la voix.
    « Il paraît que le jeune Tuyau de poêle
ici présent et toi avez fait un petit tour bien agréable ! »
    Frank adressa un regard de travers à Robert
Ford et jeta le fond de sa tasse en fer-blanc sur le sol, puis la sécha sur son
coude.
    « Tes oies
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