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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Autoren: Ron Hansen
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laine froissés, des vestes de costume dégoûtantes qui découvraient
leurs poignets ou encore des pardessus couleur de nickel et de suie auxquels
étaient accrochés des brins d’herbe assortis. C’étaient pour la plupart des
voyous, des gosses aux traits vulgaires, aux yeux maussades, aux visages rouge
brique surmontés de bandes blanches au-dessus des sourcils. Ils étaient mal
nourris, n’avaient aucune éducation ; leurs bouches étaient des friches
cariées pourrissantes. La consomption était un mal familier parmi eux et ils
étalaient leurs infirmités comme on sort son mouchoir ; il manquait des
doigts à plusieurs, l’un d’eux avait des vers, deux autres des poux, certains
louchaient ou souffraient de cataracte, plusieurs becs-de-lièvre n’étaient pas
soignés.
    Robert Woodson Hite et son frère cadet un peu
simple, Clarence, étaient des cousins d’Adairville, dans le Kentucky ; Dick
Liddil, Jim Cummins, Ed Miller et Charley Ford avaient déjà fait partie de la
bande auparavant ; tous les autres avaient été recrutés afin de veiller
sur les chevaux, de diviser les poursuivants et d’impressionner les passagers
en paradant le long des wagons avec leurs vieilles Winchester ou en faisant feu
sur les récalcitrants et les réfractaires. Lorsque les frères James arrivèrent
cet après-midi-là, tous se pressèrent autour d’eux, exhortant, poussant Frank
et Jesse à reconnaître leur parenté ou leur influence particulière pour
certains ; craintifs et circonspects, se rapprochant à la dérobée, ricassant
ou examinant la première chose qui se présentait à leurs yeux pour d’autres.
    Les James mirent pied à terre, un sous-fifre
emmena paître leurs chevaux et Jesse s’assit, une tasse de café concoctée avec
ses grains finement moulus à la main, pour bavarder avec Ed Miller et Wood Hite
tandis que quelques gamins dégingandés les écoutaient l’air de rien. Jesse
demanda si la direction de la Chicago and Alton avait posté des gardes à la
gare ou dans la voiture postale, puis s’enquit du télégraphe le plus proche et
de l’heure à laquelle se couchait le soleil.
    Pendant ce temps, Frank s’éloigna du groupe
principal pour aller inspecter les bois, la voie de chemin de fer, ainsi que la
ferme étriquée et la cabane inhospitalière d’un dénommé Snead. Il se campa dans
l’ombre verte parmi la végétation et fuma une cigarette roulée, parcourant du
regard la courbe falciforme des rails et la côte qui donnerait du fil à
retordre à la locomotive. Le talus sud, au sommet duquel il s’attarda, s’élevait
dix mètres au-dessus du ballast ; le talus nord était moins haut, car le
déblai avait été pratiqué dans la pente de la colline, et ne mesurait que trois
mètres. La gare de Glendale était à un peu moins de cinq kilomètres à l’est. Des
moustiques et des moucherons voletaient autour de lui et prospectaient ses
oreilles, mais il ne les chassa pas, car il mobilisait son ouïe pour repérer l’innocent
qui se frayait laborieusement un passage à travers les broussailles et les
plantes rampantes, sur sa gauche, derrière lui. Le bruit cessa et Frank ouvrit
son manteau gris pour dégainer son pistolet gauche de la main droite.
    « Excusez-moi, lança une voix jeune, cordiale,
inconnue. Je me baladais et je vois que je vous ai interrompu. »
    Frank gravit lourdement la colline jusqu’à ce
qu’il distinguât un jouvenceau coiffé d’un chapeau en tuyau de poêle et vêtu d’un
manteau noir trop grand pour lui, étréci et pincé par un ceinturon porté bas. Des
buissons verts enserraient ses cuisses. Il avait les mains levées au-dessus de
la tête comme si on pointait une arme sur lui et ses manches se retroussaient
le long de ses avant-bras. Il avait des cheveux brun roux, de petites oreilles
et un visage hâlé qui eût fait la beauté d’une jeune fille, n’eussent été ses
lèvres légèrement pincées et proéminentes. Il considérait Frank avec des airs d’idiot
ricaneur, de ceux qui narguent les chiens en laisse.
    « Qui t’es, toi, déjà ? grommela
Frank.
    — Bob Ford.
    — Ah, le frère de Charley. »
    Bob accueillit ce commentaire comme une
invitation à baisser les mains. Sa face se plissa d’un large sourire qui y
languit tandis que Frank écrasait sa cigarette sur le tronc d’un peuplier et se
remettait à étudier la topographie en ignorant Bob.
    Le jeune homme s’accroupit à côté de Frank et
agita son tuyau de poêle
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