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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe
Autoren: E.M. Remarque
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mens pas, Jeanne.
     – Si, tu es forcé de mentir, Ravic, il ne faut pas… que tu me laisses… comme cela… quand la douleur arrivera… Promets-le-moi.
    –  Je te le promets.
    –  Quand ce sera trop… tu me donneras… quelque chose. Ma grand-mère à vécu cinq jours… à crier… Je ne veux pas ça, Ravic !
    –  N’aie pas de crainte. Tu ne souffriras presque, pas.
    –  Quand ça deviendra trop… Il faut me donner… Il faut que tu le fasses… même si je ne veux plus… même si je n’ai pas conscience. C’est-ce que je dis maintenant qu’il faudra que tu fasses… Promets, Ravic…
    –  Je te le promets… Mais ce ne sera pas nécessaire. »
    La crainte disparut de ses yeux. Elle devint soudain paisible.
    « Tu as le droit… de le faire, Ravic, mur-mura-t-elle. Sans toi… je serais morte depuis longtemps.
    –  Tu dis des bêtises, mon petit.
    –  Non. Depuis ce jour-là… notre première rencontre. Tu m’as donné toute cette année… C’est un cadeau que tu m’as fait. »
    Lentement, elle tourna la tête vers lui.
    « Ravic, pourquoi ne suis-je pas restée… avec toi ?
    –  C’est ma faute, Jeanne.
    –  Non, c’est… Je ne sais pas… »
    Le soleil de midi brillait au-dehors. Les tentures étaient tirées, mais la lumière s’infiltrait par les côtés. Jeanne était dans un état de narcose. Elle était déjà comme amenuisée. Ces quelques heures l’avaient dévorée comme des bêtes affamées. Son corps semblait se dissoudre sous les draps. Sa résistance diminuait. Elle allait à la dérive, entre la lucidité et le sommeil. La douleur augmentait. Elle gémissait par moments. Ravic lui fit une nouvelle piqûre.
    « Ma tête, murmura-t-elle. J’ai plus mal… »
    Au bout d’un instant, elle parla de nouveau.
    « La lumière… trop de lumière… Ça me brûle… »
    Ravic alla à la fenêtre et baissa le store. La chambre fut presque entièrement plongée dans l’obscurité. Il revint vers elle, et s’assit près du lit. Elle remua les lèvres.
    « C’est si long, Ravic, et ça n’agit plus…
    –  Dans quelques minutes… »
    Elle demeura immobile, les mains comme mortes sous la couverture.
    « J’ai… j’ai tant… à te dire.
    –  Plus tard, Jeanne.
    Non, maintenant. Il ne reste plus de temps… Et j’ai tant de choses à expliquer…
    Je crois que je comprends tout, Jeanne…
    –  Tu comprends ?
    –  Oui, je crois. »
    Les spasmes. Il pouvait voir les spasmes convulsifs parcourir son corps. Les deux jambes étaient maintenant paralysées. Les bras aussi. La poitrine se soulevait encore.
    « Tu sais… j’ai toujours… avec toi… seulement…
    –  Je sais, Jeanne.
    –  Les autres… C’était la fièvre seulement…
    –  Oui, je sais, mon petit… »
    Elle fut silencieuse un moment. Elle respirait difficilement.
    « C’est étrange, dit-elle, qu’on puisse… mourir, quand on aime… »
    Ravic se pencha sur elle. Il regarda son visage dans l’obscurité.
    « Je ne te… méritais pas, articula-t-elle.
    –  Tu étais toute ma vie…
    –  Je voudrais… je ne pourrais plus te serrer… dans mes bras. »
    Il vit qu’elle essayait désespérément de lever les bras.
    « Tu es dans mes bras, mon petit… Je suis dans tes bras. »
    Un instant, sa respiration s’arrêta. Ses yeux étaient tout à fait dans l’ombre. Elle les ouvrit. Les pupilles étaient immenses. Ravic ne sut pas si elle le voyait.
    « Ti amo  », dit-elle.
    Elle revenait à la langue de son enfance. L’autre lui demandait un trop grand effort. Ravic prit entre les siennes les deux mains sans vie. Quelque chose en lui se déchira.
    « Tu m’as donné la vie, Jeanne. »
    Il regardait le visage aux yeux fixes.
    « J’étais de pierre et tu m’as donné la vie…
    –  Mi ami ? »
    La question de l’enfant qui veut s’endormir. L’épuisement suprême, au-delà de tous les autres.
    « Jeanne, dit Ravic, t’aimer n’est pas le mot qu’il faut. Ce n’est pas assez. Ce n’est qu’une petite partie, une goutte dans le fleuve, une feuille sur l’arbre. C’est tellement plus…
    –  Sono stata… sempre conte… »
    Ravic retint les mains qui ne percevaient plus la pression.
    « Tu étais près de moi à chaque instant, dit-il, et il ne s’aperçut pas qu’il parlait allemand. Tu étais toujours avec moi, malgré l’amour, la haine ou l’indifférence… Rien ne pouvait changer cela… tu étais constamment près de
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