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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres
Autoren: Paul C. Doherty
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s’éparpillèrent.
    — Un instant ! cria Blidscote.
    Sorrel se retourna. L’officier descendit et s’approcha
tout près d’elle. Elle eut un recul devant son haleine fétide aux relents de
bière.
    — Un de ces jours, Sorrel, je te prendrai à
poser des collets. Je t’enverrai au pilori et serrerai les liens très fort
autour de ton gros cou !
    — Et un de ces jours, railla la femme, tu
attraperas peut-être des rayons de lune dans un pot pour les vendre à Melford,
Maître Blidscote ! Pourquoi ne pas me rejoindre dans la campagne ?
    Elle plissa les paupières.
    — Tu viendras peut-être à Beauchamp. Je te
narrerai ce que je vois quand je cours les champs, les bois et les taillis
déserts. C’est merveilleux ce que Furrell et moi avons appris au fil des ans.
Aimes-tu te promener dans la campagne, Maître Blidscote ? Pourchasser les
jeunes bohémiens ?
    Blidscote pâlit visiblement et recula.
    — Je... je ne sais pas de quoi tu veux...
    — Moi je le sais, dit-elle avec un sourire
et, sans plus attendre, elle se faufila dans la foule.
    Elle repoussa les apprentis qui essayaient de la
retenir par la manche en clamant : « Que vous faut-il, Maîtresse ?
Que vous faut-il ? »
    Sorrel parvint à la croix du marché et s’assit sur
la plus haute marche, son sac entre les jambes. La plupart des habitants
connaissaient Sorrel et son passé. Ils savaient que son mari avait voulu aider
Sir Roger Chapeleys, reconnu coupable, et qu’il avait disparu quelques années
plus tôt. On avait pris l’habitude de voir Sorrel errer dans la campagne autour
de la ville. Si on l’arrêtait pour la questionner, on recevait toujours la même
réponse : « Je cherche le corps de mon malheureux époux. »
    Pour une raison obscure, Sorrel était persuadée
que son mari avait été assassiné et que ses restes mutilés avaient été enterrés
en secret sans la moindre prière ni bénédiction. C’était une femme robuste et,
malgré la disparition occasionnelle d’un lapin ou d’un faisan, honnête à sa
façon. Les gens, sauf Blidscote et ses pareils, la laissaient tranquille.
    Bien que son cœur battît à tout rompre et qu’elle
eût la gorge serrée, Sorrel cachait sa jubilation. C’était son jour de grâce.
Devant la statuette écaillée de la Vierge Marie qu’elle gardait dans sa petite
chambre dans les ruines de Beauchamp, elle avait longtemps prié pour qu’il
arrive enfin. Justice serait rendue et l’autorité du roi se ferait sentir. Ce
Sir Hugh Corbett aiderait à résoudre le mystère et à trouver la dépouille de
son époux. Dans ses vagabondages, Sorrel croisait étameurs et colporteurs, le
peuple de la nuit, tous les sans feu ni lieu. Certains avaient ouï parler de
cet officier royal.
    — Il est comme un lévrier, avait rapporté l’un
d’entre eux. Sombre et efflanqué. Il pourchasse les proies du roi. On ne peut
ni l’acheter ni le vendre.
    Sorrel avait rêvé de ce moment. Elle voulait
attirer l’attention du clerc royal et, peut-être, obtenir une audience. Elle
jeta un coup d’œil vers l’entrée de La Toison d’or. Il ne se
passait rien encore. Au coin d’une ruelle proche, elle entrevit grand-mère
Crauford qui avançait avec peine, cramponnée au bras de Peterkin, le simplet. « Quelle
étrange paire ! » pensa-t-elle. Grand-mère Crauford était vieille
comme le monde et, comme les Anciens, à l’instar de Jérémie, ne cessait de se
lamenter sur les malheurs et les vices de l’époque. À moult reprises, Sorrel
avait essayé d’engager la conversation avec elle, surtout au sujet de Furrell.
La vieille évoquait des événements, des souvenirs macabres, prétendait qu’à
Melford il y avait toujours eu des meurtres, mais elle n’en pipait pas
davantage. Au contraire, lèvres pincées et regard matois, elle s’esquivait en
traînant les pieds. Sorrel ne pouvait lui reprocher ses réticences. En ville,
la jeunesse suggérait que la vieille harpie était une sorcière. Était-ce pour
cela qu’elle retenait Peterkin près d’elle ? Pour se protéger ? Ou
simplement pour avoir de la compagnie ? Sorrel se demanda s’ils étaient
liés par le sang. Elle observa le couple avec soin. La vieille femme agitait un
doigt osseux sous le nez de Peterkin et le gourmandait. Était-elle encore courroucée
qu’il ait interrompu la messe du dimanche ? Ou s’agissait-il d’autre chose ?
Elle remarqua que grand-mère Crauford avait ôté quelque chose des mains de
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