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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres
Autoren: Paul C. Doherty
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dans les faubourgs. Les bonnes gens se
pressaient pour voir s’exercer la justice tout autant que pour recueillir
bribes de scandale et médisances : Quels marchands faussaient le poids ?
Quels boulangers mélangeaient un peu de craie à leur farine ou vendaient une
miche qui n’avait pas le poids requis par le marché ? Ils voulaient
surtout savoir quels voleurs avaient été pris, quels coupe-bourses avaient été
arrêtés.
    En ce jour d’octobre, la foule avait une raison
encore meilleure pour accourir. La nouvelle s’était bientôt répandue que les
meurtres de Molkyn le meunier et de Thorkle, sans parler de celui de la pauvre
Elizabeth, la fille du charron, dont le corps violé gisait dans son linceul,
prêt à être enterré, dans la crypte de l’église paroissiale, étaient arrivés
aux oreilles du conseil royal à Londres. Le souverain était intervenu en
personne, non en dépêchant des juges ou des enquêteurs mais en envoyant des
officiers de sa propre chambre, un clerc royal, le garde du Sceau privé, Sir
Hugh Corbett et son écuyer, Ranulf-atte-Newgate, clerc principal à la
chancellerie de la Cire verte 1 . Les habitants de Melford n’auraient
manqué cela pour rien au monde. Oh, ils voulaient que ces horribles crimes
prennent fin ! Ils voulaient aussi voir arriver un homme du roi, avec tout
son pouvoir, toute son autorité, qui enquêterait sur ceci ou cela, exécuterait
le mandat royal, conduirait les pendards devant la cour et ferait savoir à tous
que la justice de la Couronne avait été accomplie.
    Et, bien sûr, il y avait le mystère. Qui était
responsable des atroces meurtres de Molkyn et de Thorkle ? Même dans une
ville comme Melford, il y avait des assassinats, mais de là à décapiter des
gens comme Molkyn et à expédier sa grosse tête solide dans la retenue de son
moulin ! Ou Thorkle, un franc-tenancier prospère, dont on avait fait
éclater la cervelle dans sa propre grange comme on écrase un œuf ! Quelqu’un
serait certainement pendu pour tout ça.
    Et ces crimes odieux, le viol et l’exécution de
ces jouvencelles ? Ça avait recommencé. Une jeune fille avait été tuée à
la fin de l’été dernier et son corps déchiqueté avait été apporté sur cette
même place de marché. Et à présent Elizabeth, la fille du charron, avec sa
chevelure dansante et son joli minois. Bien des marchands connaissaient ses rires
joyeux et sa démarche légère. Ces meurtres épouvantables n’auraient jamais dû
se produire ! Le coupable n’avait-il pas été pris cinq ans auparavant puis
pendu au grand gibet du carrefour qui dominait les prés à moutons de Melford ?
Et quel coupable ! Sir Roger Chapeleys en personne, chevalier du roi,
seigneur du manoir ! Les preuves rassemblées contre lui, sans parler des
récits des témoins, l’avaient, en dépit de la faveur royale, envoyé à la
potence commune. Et pourtant les meurtres avaient repris et donc le souverain
était intervenu. Comment s’appelait son clerc déjà ? Ah oui, Sir Hugh
Corbett ! Son nom était célèbre. N’avait-il pas travaillé dans le comté voisin
de Norfolk quelques années plus tôt ? Pour enquêter sur des meurtres le
long de la côte déserte du Wash ? On chuchotait que c’était un homme
redoutable à l’esprit vif et à l’œil perçant. Si Corbett pouvait agir à sa
guise  – et il en avait tout pouvoir  –, quelqu’un serait sans nul
doute pendu.
    Malgré une journée nuageuse et fraîche la foule
s’agglutinait autour des étals. Ceux qui étaient bien renseignés ne quittaient
pas des yeux la large porte de chêne de La Toison d’or où s’installerait
le clerc. Il arriverait probablement à Melford précédé d’un trompette, un
héraut portant la bannière royale, et d’une escorte importante. On avait
soudoyé des galopins pour faire le guet sur les routes autour du bourg.
    En attendant, commerce et troc devaient
continuer. Melford était prospère et les profits croissants dus au négoce de la
laine bénéficiaient à chaque foyer, à chaque maison. Argent et or abondaient.
Les marchés de la ville importaient de plus en plus de produits des grandes
cités
             — Londres, Bristol  – ou même
de l’étranger : vélin et parchemin, fourrures et soie, cuir rouge de
Cordoue, en Espagne, baldaquins, couvertures et courtepointes tissés sur les
métiers de Flandre et du Hainaut, sans oublier statues, chandeliers et
ornements précieux des orfèvres
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