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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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indiqua :
    — Allez jusqu’à la rue d’Amsterdam puis revenez par la rue de Milan. Vous vous arrêterez rue de Clichy un peu en retrait de la rue de Liège.
    Le chauffeur leva les sourcils mais ne fit aucun commentaire : bien qu’il ne fît pas le taxi depuis longtemps, il s’était rapidement habitué aux fantaisies des clients. Arrivé à destination, il se rangea le long du trottoir, coupa son moteur et attendit d’autres ordres. Au fond de la voiture, Morosini alluma une autre cigarette…
    Enfin une forme imposante emballée d’une sorte de dalmatique fourrée, d’un châle bariolé, un fichu noué sous le menton, tourna le coin de la rue et rejoignit le taxi d’où Morosini sortit pour lui tenir la portière. À sa surprise, la chanteuse interpella le chauffeur et échangea avec lui quelques phrases en russe :
    — Vous vous connaissez ?
    — De nos jours, la moitié des taxis parisiens sont menés par des Russes. Celui-ci est le colonel Karloff et je le connais bien. Il venait souvent m’entendre chanter à Saint-Pétersbourg.
    — Preuve que c’est un homme de goût ! Où allons-nous ?
    — Je le lui ai dit. À Montmartre, rue Ravignan…
    La voiture en effet s’était remise en marche et, après un demi-tour un peu laborieux, remontait à présent la rue de Clichy.
    — Et qu’allons-nous y faire ?
    — Voir un ami… qui a besoin de vous ! C’est une chance inespérée que vous soyez venu ce soir au Schéhérazade. Et plus encore que je sache qui vous êtes.
    — En quoi a-t-il besoin de moi ?
    — Vous le saurez bientôt. Vous êtes armé ?
    — Pour aller souper dans un cabaret russe ? Ce serait une drôle d’idée…
    — En effet mais ça peut s’arranger…
    Des multiples plis de sa jupe, Masha Vassilievich sortit un revolver qu’elle tendit à son compagnon :
    — Vous savez vous en servir, j’espère ?
    — Bien entendu, mais si vous avez pris ce joujou c’est que vous pensez en avoir besoin et si vous me le donnez, vous n’aurez plus rien ?
    Sans s’émouvoir, la tzigane tira d’un invisible fourreau une navaja espagnole dont l’acier brilla un instant sous la lumière fugitive d’un réverbère.
    — Avec ça je frappe presque aussi vite qu’une balle de pistolet, expliqua-t-elle du ton paisible d’une ménagère décrivant un point de tricot. Et je suis certaine que vous ne sauriez pas en faire autant.
    — Sans aucun doute ! fit Morosini amusé. Dites-moi est-ce vraiment tout ou bien transportez-vous un arsenal au complet ?
    Imperméable à son humour, elle lui jeta un regard noir. Pendant ce temps, le taxi poursuivait l’ascension des pentes de Montmartre, l’un des rares endroits que Morosini connût mal. Il était monté une fois au Sacré-Cœur mais, si la vue de Paris l’avait enchanté, il avait trouvé affreuse la basilique et, lui préférant de beaucoup Notre-Dame, il n’y était jamais retourné. À présent, ayant quitté le Montmartre des fêtards, la voiture s’engageait dans les ruelles sombres du vieux village peuplé d’artistes plus ou moins faméliques et de vieilles gens repliés sur leurs souvenirs.
    — Nous arrivons, signala Masha en désignant du menton un petit immeuble délabré qui faisait face à un terrain vague.
    L’endroit était aussi mal éclairé que possible et elle fit glisser la vitre de séparation pour indiquer au chauffeur de s’arrêter mais sans baisser son drapeau car il devait les attendre :
    — J’espère que vous n’en aurez pas pour longtemps ! grommela-t-il. L’endroit n’a rien d’hospitalier. Qui diable peut bien habiter là ?
    — Ceux qui n’ont pas assez d’argent pour habiter ailleurs, riposta la tzigane. Par exemple des réfugiés comme vous et moi !
    — Ça va ! Je retire ! N’empêche que l’on a l’impression que c’est plutôt désert par ici.
    En effet aucune lumière ne se montrait à l’un ou l’autre des trois étages dont le dernier penchait quelque peu. En descendant de voiture Morosini embrassa du regard les murs lépreux, les volets fatigués et la porte qui n’avait pas l’air d’une solidité à toute épreuve. Elle s’ouvrit sans peine sous la main de Masha qui sortit de sa jupe apparemment inépuisable une lampe de poche et l’alluma pour éclairer un escalier de bois dont les marches gémirent l’une après l’autre sous les pas des nouveaux venus. On atteignit ainsi le dernier palier où deux portes se faisaient face, de chaque
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