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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur
Autoren: Juliette Benzoni
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danser. Une danse étrange où les jambes se contentaient de faire avancer le corps sur une cadence rapide sans que les pieds quittent le sol. En fait c’était avec son buste que cette fille dansait, la tête rejetée en arrière et les bras pendants tandis que seuls s’agitaient ses épaules et ses seins.
    Elle avait l’air de s’offrir à quelque amant invisible et c’était incroyablement excitant. Gilles Vauxbrun devint rouge brique et passa un doigt nerveux dans son faux-col qui semblait tout à coup le gêner.
    Soudain les deux guitaristes se mirent à chanter tandis que la danseuse se déchaînait et, les bras levés, se mettait à tourbillonner dans l’envol de ses jupes en martelant la cadence de ses talons. L’attention de toute la salle était concentrée sur elle. Morosini regardait comme les autres quand il entendit murmurer :
    — Vous êtes bien le prince Morosini, le célèbre expert en joyaux ?
    Il leva les yeux et vit que la grosse tzigane était à présent près de lui :
    — C’est bien moi, reconnut-il. Vous me connaissez ?
    — Je vous ai vu il y a longtemps… à Varsovie. Vous ne m’avez pas remarquée mais on m’a dit qui vous étiez. J’ai besoin de vous ! Ne me regardez pas ! Continuez à observer le spectacle…
    Elle s’était simplement adossée à un autre pilier et sa voix était juste assez forte pour atteindre l’oreille d’Aldo en dépit du vacarme des musiciens et du public qui, à présent, battait des mains. Personne ne faisait attention à eux, pas même Vauxbrun, si proche cependant…
    — Pourquoi avez-vous besoin de moi ?
    — Pour un… ami qui a de graves soucis. Ce qu’il a à dire devrait vous intéresser. Avez-vous une voiture ?
    — J’habite Venise. Ici je me contente de taxis.
    — Ayez-en un et attendez-moi au coin de la rue de Clichy !
    — L’invitation est-elle aussi valable pour mon ami ?
    — Non. D’ailleurs il n’aura pas la moindre envie de vous suivre. Je chante encore une fois ce soir. Quand j’aurai fini vous pourrez vous disposer à me rejoindre…
    Morosini tourna la tête pour essayer d’en apprendre davantage. Il n’aimait pas beaucoup le ton autoritaire qu’elle employait en lui donnant pour ainsi dire des ordres. Mais elle avait déjà rejoint l’orchestre.
    Vauxbrun ne savait rien de la scène qui venait de se dérouler si près de lui. Il dévorait des yeux la danseuse et Aldo remarqua le sourire qu’elle lui dédia en passant. Il n’en fallut pas plus pour l’électriser. Se tournant brusquement vers Aldo, il darda sur lui un regard déjà conquérant :
    — Si cela ne t’ennuie pas, rentre sans moi ! J’ai l’intention d’attendre cette belle dame à sa sortie…
    — Je te laisse si tu veux. Tu pourras l’inviter à cette table…
    — C’est une vraie tzigane, comme le reste de la famille. Elle n’accepterait pas… Tu peux rester encore un moment.
    — Ma foi non ! Je suis fatigué et je vais me coucher. Je te téléphonerai demain…
    — Tu ne repars pas immédiatement pour Venise ?
    — Non. Il se peut que je fasse un détour par Vienne. Lisa et les jumeaux me manquent ! Mais je ne partirai pas sans te prévenir. Bonne fin de nuit ! Et prends garde aux frères de ta belle !…
    — Mes intentions sont… respectueuses !
    — Tu ne comptes tout de même pas l’épouser ?
    — Et pourquoi pas ? Les tziganes ont leur noblesse et les Vassilievich en font partie. Je saurai leur parler…
    — Mais rien ne dit qu’ils t’écouteront. Ne fais pas l’imbécile, Vauxbrun ! Tu es riche, pas mal de ta personne et très connu sur la place de Paris ainsi qu’en d’autres lieux, mais pour eux tu n’es rien puisque tu n’es pas un « rom » ! Alors fais attention !
    Morosini se leva, tapa affectueusement sur l’épaule de son ami et gagna la sortie au moment précis où la grosse Masha entamait sa dernière chanson. Il reprit au vestiaire son manteau d’alpaga noir puis demanda au portier de lui appeler un taxi qu’il attendit en fumant une cigarette. Pas très longtemps : deux minutes ne s’étaient pas écoulées que répondant au coup de sifflet de l’homme en tenue rouge galonnée d’or, un taxi s’arrêtait devant lui conduit par un chauffeur un peu âgé qui, sous une casquette en cuir bouilli, arborait longues moustaches et courte barbe grise dont la coupe annonçait un ancien militaire. Morosini monta, ouvrit la glace de séparation puis
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