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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres
Autoren: Mireille Calmel
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s’enquérir de La Perle et de son capitaine. Elle ignorait si Forbin croisait toujours en Méditerranée, mais avait jugé que c’était là qu’elle avait le plus de chances de le voir puisqu’il possédait une maison en Provence. Mary se fiait à son instinct. Il l’avait rarement trompée.
    Même si l’idée de reparaître ainsi après tout ce temps l’embarrassait, elle n’avait pas véritablement le choix. Ne lui avait-il pas promis autrefois qu’elle aurait toujours un allié auprès de lui ? C’était le moment ou jamais de le vérifier.
     
    — Vous avez de la chance, lui dit-on à l’arsenal. La Perle doit revenir ces jours prochains. Le commandant Forbin est attendu à la cour par le roi.
    Mary et Junior s’installèrent donc dans une auberge, face à la rade. Pour tromper leur attente, Mary se mit à apprendre à son fils quelques jeux de cartes, le laissant gagner pour le simple plaisir de le voir rire de nouveau.
    Peu à peu, la vie les reprenait.
    Elle lui raconta aussi ses aventures sur La Perle, la joie qu’elle avait eue de naviguer, espérant lui faire considérer son séjour loin d’elle d’un meilleur œil.
     
    Une semaine plus tard, ils étaient tous deux attablés pour dîner au rez-de-chaussée de l’auberge. Un cochon entier tournait dans la cheminée, au-dessus d’un pot de soupe qui en recueillait le jus. Assis dans un angle de l’âtre, un cuisinier rougeaud actionnait la manivelle lentement, buvant fréquemment pour s’hydrater et se distraire. Un brouhaha emplissait la salle, interdisant toute conversation suivie. On riait fort et gras à Toulon. Pour parler à sa mère, Junior était presque obligé de hurler. Ce qu’il faisait sans scrupules ni raison, juste pour le plaisir du jeu. Et puis un homme entra, comme un vent furieux, suspendant conversations et fourchettes.
    — Il est là ! O bonne mère ! Il est revenu, notre Forbin ! cria-t-il.
    Ce fut alors comme un raz-de-marée. En un instant, Mary eut l’impression de se retrouver à Dunkerque au moment de l’attaque anglaise. La salle se vida et l’on se bouscula à la porte.
    — Eh bien, dis donc ! s’exclama Junior en riant. Il est connu, ton capitaine.
    Il avait baissé le ton de lui-même. Mary hocha la tête, un sourire léger aux lèvres. Visiblement, la Provence aimait Forbin autant que Forbin l’aimait.
    — Terminons, veux-tu, dit-elle à Junior, qui déjà se tortillait sur sa chaise pour tenter de surprendre par la fenêtre le mouvement de foule que cette nouvelle avait provoqué sur le quai.
    — Mais, maman… objecta-t-il, impatient de rencontrer ce héros dont il avait glané les exploits en écoutant les conversations de-ci, de-là.
    — Nous avons le temps. Laissons La Perle accoster. Elle ne le fera pas ici, mais à l’arsenal. Ces gens s’agitent pour rien, c’est leur nature. Je suis sûre qu’il passe à peine le goulet.
    — Mais si on le manque ? insista-t-il, croisant et décroisant ses pieds, tendant le cou malgré les affirmations de sa mère.
    — Je sais où le chercher. Allons, calme-toi, Junior. Mange. On ne peut se permettre de gaspiller un repas.
    Cette évidence ramena un air de crainte sur le visage de l’enfant. Il savait que sa mère était vigilante à économiser leur pécule. Il baissa le nez sur son assiette et se hâta de la terminer. Mary soupira et l’imita. Inutile de se mentir. Elle était aussi impatiente que lui.
    Impatiente et angoissée.
     
    Dès le premier jour de leur arrivée, sortant de l’arsenal, elle avait repéré le cabaret que lui avait indiqué l’officier des registres. Les marins de La Perle avaient coutume de s’y rendre pour fêter leur retour à terre avant de rejoindre leurs familles. Elle espérait que Forbin ferait de même, ses formalités achevées.
    N’ayant pas de laissez-passer lui permettant de gagner le quai de débarquement, elle n’avait que cette solution pour le surprendre, refusant de se poster devant chez lui, pour le cas où il serait accompagné.
    Du moins était-ce la raison qu’elle s’était donnée.
     
    Mille questions étaient nées de la mort de Niklaus. La première était due à ce billet qui avait servi à Emma pour lui donner rendez-vous à Paris. C’était le verso de la lettre qu’elle avait écrite à Corneille.
    Corneille qui n’était pas venu à son rendez-vous à Dunkerque. Corneille qu’elle avait cru mort ou retardé. Qu’en avait-il été vraiment ? Comment Emma
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