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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale
Autoren: Michel Peyramaure
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une
prédilection pour les Aquitaines. Il en avait des enfants dont il se désintéressait,
sauf s’il devinait en eux une nature d’exception ; il leur donnait alors
une éducation propre à leur ouvrir les chemins de la foi ou de la guerre.
    L’existence, dans
nos divers lieux de résidence, était agréable et attrayante pour les enfants
que nous étions, Carloman et moi.
    Les moments les plus ennuyeux étaient ceux que
nous passions dans le scriptorium, aux études qui nous étaient imposées
par nos parents. Je prenais davantage d’intérêt à mes rêveries dans les arbres,
à la chasse et aux exercices physiques, la nage notamment, dans les rivières
voisines.
    J’avais pourtant une prédilection pour les
heures passées dans mes cabanes. J’y jouissais de la paix profonde de la forêt
proche et des champs qui entouraient nos domaines. Un jour, me disais-je, je
serais le maître de cet espace, de ces collines, de ces montagnes, et pourrais
chevaucher durant des jours sans en voir les confins.
    Au début de chaque été, les peuplades soumises
à mon père lui livraient leur tribut rituel : des centaines de têtes de bétail
et de chevaux dont l’armée faisait grande consommation. Voir, de mon perchoir,
déboucher sur les chemins menant aux domaines la lente procession beuglante ou
hennissante était un spectacle de choix qui, le soir venu, s’agrémentait dans
la cour d’un festin de viande fraîche.
    Alors que j’allais
sur mes treize ans, ma première aventure sentimentale faillit dégénérer en
tragédie.
    Au cours de mes bains en rivière ou en étang,
j’avais observé la présence d’une gamine, Clarissa, fille d’une concubine de
mon père, Leutburgie. En ma présence, elle se mettait nue sans la moindre gêne
et même avec un soupçon de perversité. Alors que je nageais fort bien, elle se
contentait de barboter sur la berge, dans les roselières, presque femme déjà et
si provocante qu’elle ne tarda pas à attiser mon désir.
    Un matin d’été, alors que je rêvassais dans ma
cabane, en marge de notre villa de Soissons, elle surgit, croquant une pomme.
Après un moment d’expectative, elle me demanda la permission d’emprunter mon
échelle pour me rejoindre, ce qui, loin de m’importuner, me ravit. Elle s’assit
sur la branche, jambes ballantes dans le vide, sa tête contre mon épaule.
    Ce qui se passa par la suite, je m’abstiendrai
de le relater. Au plaisir intense que procura au puceau que j’étais cette première
étreinte allait succéder un châtiment qui rappelait l’Ancien Testament.
    Nous n’avions pas eu comme seuls témoins de
nos ébats merles et mésanges. Le fils de l’intendant chargé de nos vignobles,
caché derrière un buisson, avait assisté à la scène et n’avait rien eu de plus
pressé que d’aller la rapporter à son père qui la communiqua à la reine.
    Au retour, encore rose de plaisir, je tombai
sur ma mère. Elle m’attendait, mains sur les hanches, armée du fouet dont je ne
connaissais que trop l’usage. Frémissante de colère, elle m’épargna la semonce
que j’attendais mais pas le châtiment que je redoutais : vingt coups de
lanière qu’elle administra elle-même, insensible à mes gémissements, sur la
chair tendre de mes fesses. Enfermé au cachot durant une semaine, incapable de
me tenir assis, malgré les onguents administrés sur mes plaies par une esclave
compatissante, je crus mourir de douleur et de faim.
    Pour Clarissa et sa mère, le châtiment fut
différent mais plus cruel : Leutburgie renvoyée à ses foyers, Clarissa et
ses frères enfermés dans un couvent. J’appris d’une servante les motifs de
cette peine d’une extrême sévérité : ma première maîtresse était ma sœur,
une bâtarde née des étreintes du roi avec sa mère.
    J’avoue avoir vu partir cette fille sans regret
ni remords, le mot inceste ne figurant pas encore dans mon vocabulaire.
L’y eût-il été que je n’en eusse conçu aucun trouble, étranger que j’étais à
ces subtilités d’adultes.
    Après avoir apprécié le vertige de la chair,
je n’allais pas m’en tenir à cette expérience. Dans les mois qui suivirent,
d’autres créatures allaient faire mes délices. L’idée me vint, des années après
cet événement, alors que la mort de mon père m’avait délivré de sa sujétion, de
faire rompre ses vœux à Clarissa. J’oubliai vite ce mouvement généreux,
d’autant qu’aux dires d’une dame de compagnie de ma
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