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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale
Autoren: Michel Peyramaure
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Barbares de haute taille, la
sienne paraissait médiocre. On lui a prêté des moustaches mal plantées, un nez
plat, une mâchoire carnassière et, ce qui est un comble, des cheveux
rouges !
    Ce fatras tient de la fable. Je puis parler de
lui en connaissance de cause : j’avais vingt-six ans lorsque Dieu l’a rappelé
à lui.
    Il avait gardé pour son père, l’illustre
Charles, dit « Martel », une estime qui frisait la vénération. Le
mérite essentiel de ce grand ancêtre fut d’arrêter, dans la plaine de Moussais,
proche de Poitiers, l’élan des cavaliers d’Allah, sauvant ainsi la Gaule d’un
destin identique à celui de l’Espagne.
    Durant tout son règne, le roi Pépin s’est
attaché à conformer son existence et ses pouvoirs à ceux de son père, en
veillant à la protection des frontières. Cette préoccupation, j’en ai moi-même
éprouvé la nécessité durant tout mon règne.
    Je me dois de faire une place dans ce récit à
une épée qui semble tenir de la légende, comme celle de Roland : Durandal,
et celle d’Olivier : Hauteclaire.
    Celle dont je veux parler se nomme Joyeuse.
Longue d’une toise, avec une forte lame d’un demi-pied, forgée par un
mystérieux artisan, Isaac, elle a la réputation de changer de couleur plusieurs
fois par jour et de répandre dans la nuit une clarté lunaire. Autant de
phénomènes que je ne fais que rapporter, car ils m’ont échappé. Elle abrite
dans son pommeau la pointe de la lance qui a percé le flanc du Christ sur le
Golgotha, et une relique de saint Jean le Baptiste. Elle figure aujourd’hui
dans ma chapelle palatine, après avoir battu la cuisse des rois Charles et Pépin,
lequel me l’a transmise.
    J’allais avoir dix
ans quand mon père, maire du palais du roi Childéric, avait décidé que le
véritable souverain de la Gaule, c’était lui, et non le roi en titre qui
semblait avoir fait abandon de ses pouvoirs et menait une vie de nabab.
    Il avait envoyé une délégation de moines à
Rome, pour poser au pape Zacharie cette question résultant d’une intrigue
parfaitement ficelée : « Qui mérite le titre de souverain :
celui qui règne à la manière des rois fainéants, ou celui qui assume les
affaires et protège le royaume ? » La réponse du pontife ne surprit
personne : il fallait en finir avec Childéric. Tonsuré, il fut jeté dans
un couvent sans provoquer une révolution de palais. Mon père fut hissé sur le
pavois à la manière des Francs de jadis et de là sur le trône.
    J’étais présent lors de cette cérémonie sans
faste mais balayée par de lourdes vagues d’émotion quand des clameurs de joie
montaient autour de nous. Ma mère, la reine Bertrade, me tenait par la main, un
mouchoir sous ses narines. J’ai vu des larmes ruisseler dans les moustaches des
officiers.
    C’est un missionnaire originaire d’Angleterre,
Winfried, qui oignit mes parents des saintes huiles pour en faire un roi et une
reine.
    La veille du
couronnement, dans notre villa proche de Soissons, je me tenais perché entre
deux fortes branches d’un vieux chêne, où j’avais édifié une cabane de
planches. De cet observatoire, j’avais vue sur les mouvements quotidiens du
domaine, les colonnes de troupes revenant de mission, les caravanes de marchands
arrivant des grands marchés du Sud avec parfois des dromadaires, des groupes de
pèlerins et de moines de tous ordres, des files de mendiants et de vagabonds…
    Ni le froid, ni la pluie ou l’orage n’auraient
pu me chasser de cet abri, d’où le regard portait sur les horizons calmes et
bleus du Soissonnais.
    Ce jour-là, alors que le printemps rayonnait
sur les lointaines forêts de Saint-Gobain et de Retz, mon attention fut attirée
et retenue par la présence, près de l’abbaye, d’un fort contingent de troupes.
Je m’attendais à entendre sonner les trompes, gronder les pas des chevaux et
les clameurs guerrières, mais c’est seulement mon nom qui retentissait.
    On me cherchait. Le fils de l’intendant savait
où me trouver ; il me fit descendre de mon perchoir pour me conduire aux
appartements de ma famille, où je fus accueilli par les reproches de mon père
et deux soufflets de ma mère. On aurait tout juste le temps de me laver le
museau, de faire ma toilette et de me vêtir des habits de cérémonie propres à
me faire assister au couronnement, à l’onction sacrée par le moine Winfried, à
la messe et au banquet qui suivrait.
    Je ne garde de cette
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