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La Cabale des Muses

La Cabale des Muses

Titel: La Cabale des Muses
Autoren: Gerard Hubert-Richou
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tendus en position relaxante. Puis, Sapeur et Granit déchirèrent quelques feuilles, les mâchouillèrent pour se refaire la salive. Les hommes embouchèrent leurs gourdes, puis scrutèrent le lointain.
    — Lieutenant, la course nous a été belle, ces premières heures. À cet égard, croyez-vous possible, qu’en poussant un peu plus nos remarquables montures, nous puissions brûler les étapes ?
    — Monsieur, vous avez pu apprécier la qualité des chevaux de Sa Majesté. Je comprends et respecte votre empressement. Toutefois, je ne pense pas qu’il soit profitable de leur imposer – ainsi qu’à leurs semblables dans les jours prochains jusqu’à Maëstricht – un surcroît d’efforts, au risque de les voir s’accidenter en chemin, ou s’abattre, avant d’atteindre notre but. De plus, nous ne gagnerions pas trois heures sur les cent vingt lieues.
    — Je vous sais gré de votre franchise. Dans ces conditions, repartons sans tarder, vous m’instruirez davantage sur la mission qui m’attend.
    — Hélas, je ne suis qu’un diligent héraut du roi. Celui-ci m’a commandé de rentrer à Paris ventre à terre afin de délivrer une lettre confidentielle à monsieur de La Reynie, le lieutenant général de la police parisienne ; lequel m’a aussitôt orienté vers vous pour vous conduire à Maëstricht.
    — Me cueillant au débotté, au sens propre comme au figuré. Rentré la veille au soir de l’arsenal de Rochefort, je n’ai eu que le temps de lui remettre mon rapport sur la réussite de l’enquête, menée sous l’autorité du jeune marquis de Seignelay. Une rude affaire 1 …
    Ils remontèrent en selle et repartirent au pas, les rênes longues sur l’encolure.
    — Je ne saurais vous apprendre autre chose vous concernant, ne seraient-ce des supputations personnelles qui n’engagent à rien.
    — Va pour les supputations ! Dites, je me forgerai ainsi ma petite opinion.
    — Si vous y tenez… Je dois vous révéler cependant que, dans ma sacoche, je portais également une triste nouvelle de cette guerre de Hollande : la perte du capitaine des mousquetaires, monsieur d’Artagnan.
    — Par tous les saints ! D’Artagnan est mort ? Comment diable cela a-t-il pu se produire ? Lui, réputé si pondéré et qu’on disait de la plus extrême prudence ! Lui, le militaire le plus expérimenté et aguerri du royaume. « L’invincible » le surnommaient certains… Il avait la science du combat, l’habileté du renard, l’acuité du faucon. C’était un stratège hors pair qui protégeait ses hommes comme ses fils, ne s’engageant qu’à risques calculés !... Je suis atterré. C’est malheureux et incompréhensible.
    — Vous pourriez ajouter cent qualités à cet être d’exception dans lequel notre souverain plaçait toute sa confiance et qu’il pleure aujourd’hui autant qu’un frère. Et, ma modeste théorie est que votre venue est en rapport direct avec cette irréparable disparition. Car c’est le jour même du drame, dimanche 25 juin, que le roi qui ne cachait pas son chagrin, m’a convoqué. Une demi-heure plus tard, je galopais vers Paris.
    Les chevaux s’accordèrent pour reprendre un trot de bon aloi : l’odeur encore diffuse de l’écurie ranimait les fourmis endolories dans leurs paturons bottés de clair.
    — Je dois ajouter que les circonstances de ce trépas sont quelque peu obscures puisque monsieur d’Artagnan devait se trouver de repos en ce jour du Seigneur. Il a été amené à s’exposer pour porter assistance à une personnalité qui… s’est enflammée au combat, en entraînant ses soldats dans une charge pour le moins hasardeuse. Mais sans doute ai-je outrepassé mon droit de réserve et je ne voudrais en aucune façon influencer votre jugement.
    — C’est cependant fort instructif. Ainsi, selon vous, ma tâche consisterait à apporter un regard neuf et extérieur sur ces troublantes circonstances ?
    — Plus que troublantes. À Maëstricht, Sa Majesté vous expliquera de vive voix ce qu’elle attend de vous.
    Ils se turent car ces bougres de fringants destriers avaient signifié leur désir de galoper. D’une avancée des mains, ils leur répondirent favorablement. En cinq courtes foulées vigoureuses, les chevaux se remirent à l’unisson sur les trois temps de leurs quatre membres musclés.
    Ce que venait de déclarer le lieutenant Alexis de Vareuil avait chatouillé la curiosité de Géraud Lebayle. Pourtant, une autre
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