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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse
Autoren: Louis Noir
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de ceux-ci le bruit sourd et cadencé d’une troupe régulière, arrivant au pas de course. C’était une patrouille qui accourait, attirée par les coups de feu.
    – La Garde Nationale   ! dit la Ficelle s’arrêtant brusquement.
    Au même moment, on vit une ombre se dessiner et accourir. C’était le chef, Monte-à-Rebours. Il avait repris connaissance, entendu la patrouille et il fuyait.
    – En retraite   ! dit-il, au bateau   ! Ne compromettons pas le comité.
    L’homme aux pistolets lui-même, tout en prodiguant les épithètes les plus flétrissantes à son monde, ordonna   :
    – Enlevez vos deux camarades qui sont étalés là-bas, et vivement au bateau.
    Puis, entre ses dents   :
    – Pourvu que Gueule-de-Loup et l’Enrhumé puissent s’esquiver   ! Sacrebleu la sale affaire   ! S’ils sont pris et reconnus, voilà une vilaine histoire pour nous.
    Et, voyant la Ficelle présider à l’enlèvement de ses camarades assommés, il gagna lestement le bateau en grommelant. On plaça les blessés au fond de l’embarcation, et les bateliers lâchèrent les amarres. L’un d’eux avait le bras cassé.
    – Qui me remplace à l’aviron   ? demanda-t-il   : j’ai une aile brisée.
    On vit bien alors que la Ficelle et ses camarades étaient de faux mariniers   : ils ne savaient pas ramer.
    L’homme aux pistolets dit alors   :
    – Bons à rien   !
    Et il prit l’un des avirons. Tout quinteux qu’il fût, il montra de la vigueur.
    À la barre se tenait un pilote familier avec la rivière. Enlevée par les coups de rames, emportée par le courant, la barque fila comme une flèche, évitant les obstacles, franchissant les tourbillons et disparaissant dans l’ombre. Il était temps. Les bourgeois de la patrouille, enchantés de tirer comme tous bons bourgeois qui jouent au soldat, firent un feu roulant sur la barque. Mais, bien entendu, les balles se perdirent dans l’eau avec des bruits mats de cailloux lancés du haut d’un pont. Le guet-apens était manqué, mais la patrouille, de son côté, avait manqué l’arrestation de ses auteurs. Toutefois, la jeune femme était sauvée et le blessé aussi, à moins qu’il ne mourût entre les mains des chirurgiens.
    L’officier qui commandait la patrouille était le fils aîné d’une des plus riches familles de Lyon, les Leroyer. Le père avait la meilleure maison de soierie de la ville. Bien entendu, il était Girondin, du moins il se disait tel, mais on le soupçonnait fort d’être au fond un royaliste très dévoué à la cause du trône et de l’autel, d’autant que sa femme sortait de la famille noble des d’Étioles. Quant au fils, en vertu de cette discipline de famille qui a toujours existé à Lyon, il pensait comme son père et surtout comme sa mère.
    C’était un assez beau garçon, ayant bonnes façons, bonnes manières, singeant un peu trop les gentilshommes, juste assez intelligent pour n’être point un sot, une de ces natures enfin qui restent dans la bonne moyenne et auxquelles l’éducation donne un certain vernis. Doué d’une vanité qui fait le fond de la race et qui consiste à apprécier trop haut la valeur de l’or, capital acquis, levier puissant, infatué de la situation paternelle sur la place, gonflé par l’importance que lui donnaient ses galons, mais très-bon enfant au fond, Étienne Leroyer était le type de ces Lyonnais qui furent si braves pendant le siège, se battant avec valeur sans trop savoir pourquoi et sans apprécier les causes, les motifs et les suites de la révolte. » Le fond de cette race est un courage froid qui les pousse jusqu’au bout, victoire ou mort » (Michelet). Bon enfant, en somme, ce jeune homme, bon garçon, mais aussi capable de tomber pour une bonne que pour une mauvaise cause   !
    Pour le moment, furieux contre les brigands qui attaquaient à main armée et disposé à leur faire passer un très mauvais quart d’heure   : mais tous avaient disparu. Tous, y compris ceux qui avaient été blessés rue des Trois-Maries, et qui avaient pu s’enfuir. Il ne restait donc que la jeune femme et son défenseur.
    Étienne, galant homme, délia la victime de l’attentat, pendant que l’on s’occupait du blessé évanoui.
    Ah   ! c’était une maîtresse femme que la petite femme. Pas de faiblesse. Pas de pamoison. Elle n’avait point à reprendre connaissance, n’ayant jamais perdu ses sens   : et si elle avait perdu la parole, ce n’était point par sa
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