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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse
Autoren: Louis Noir
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fond de l’allée.
    Les faux mariniers s’élancèrent.
    Mais le bedeau était mieux armé qu’on ne l’avait cru.
    Comme tous les trembleurs, il avait cherché à se rassurer, dans cette marche de nuit, en portant un arsenal   ; avec un pistolet à deux coups dans une main, un autre à la ceinture, un couteau en poche, il se croyait sûr de mettre en fuite, avec ces armes, toute bande suspecte, et de tenir tête à toute attaque.
    Mais il comptait sans sa lâcheté. Tout ce que la terreur lui permit de faire fut de presser machinalement la détente du pistolet qu’il tenait en main, le doigt sur la gâchette   : le coup partit, sans que le malheureux bedeau s’y attendit, et sans qu’il se rendit compte que c’était lui qui tirait, car il se mit à trembler de tous ses membres.
    Il y eut un moment de stupeur chez le bedeau, d’hésitation parmi les assaillants.
    – Sus   ! sus   ! cria la voix de celui qui commandait au chef de bande lui-même.
    Ainsi poussés, les assaillants bondirent, le gourdin levé   ; mais le bedeau, avec une vitesse de lièvre fuyant la meute, détala, abandonnant sa compagne, qui était déjà sous la main nerveuse du chef.
    La bande poursuivit le fuyard qui, d’humble rat de sacristie, semblait s’être transformé tout d’un coup   : on eut juré qu’il lui était poussé des ailes et qu’il était devenu chauve-souris   : de plus, très-malin, il avait adopté la tactique des bécasses, il faisait des crochets, enfilait les ruelles, et, enchevêtrant la poursuite, il gagnait sur la bande   : il aurait suffi très probablement tout seul à son salut, lorsqu’il se heurta, au coin de la rue des Trois-Maries, à un grand et vigoureux jeune homme qui l’arrêta.
    – Grâce   ! cria le bedeau. Ne me tuez pas   ! Prenez ma bourse, je ne dirai rien.
    Et il jeta ses armes, sa bourse, jusqu’à son manteau, aux pieds du jeune homme étonné   : car celui-ci ne voyait pas la bande qui déboucha tout à coup de la rue. Le bedeau profita du moment où le jeune homme se rendant enfin compte de ce qui se passait, examinait la bande   : il se sauva de plus belle.
    Sans plus s’occuper de lui et voyant qu’il avait affaire à des bandits, le jeune homme ramassa les pistolets qui étaient à terre, et, sans hésiter, avec sang-froid et résolution, certain d’avoir en face de lui des malfaiteurs, il tira sur eux.
    Les pistolets étaient à deux coups dont un tiré par le bedeau. Trois coups de feu et deux hommes touchés tombèrent en hurlant   : le reste, sur le bel exemple donné par La Ficelle, battit en retraite sur le quai.
    Le jeune homme, jetant ses pistolets inutiles, ramassa le gourdin de Gueule-de-Loup, l’un des blessés qui se tordaient à terre, et il poursuivit les faux mariniers. Comme la fuite de ceux-ci fut aussi rapide que l’avait été celle du bedeau, il en résulta que, deux minutes au plus après avoir quitté le quai, ils y reparurent, juste à temps pour voir le chef enlevant dans ses bras la petite ouvrière et la portant vers la Saône.
    Plus brave, moins troublée que le bedeau qui l’accompagnait, la jeune femme s’était d’abord sauvée de toutes ses forces le long du quai pour se soustraire aux atteintes du chef   : mais celui-ci était trop haut sur jambes pour ne pas être un coureur hors ligne   : il fut bientôt sur sa victime étendant ses grands bras sur elle et la saisissant, pauvre petite fauvette dans ses serres de vautour. Mais la fauvette avait bon bec et elle se défendait.
    La vaillante petite femme, se sentant prise, tira de sa poche un joli petit stylet à poignée de nacre, et, jetant le fourreau, tendant les jarrets, repliée sur elle-même, elle attendit son agresseur.
    – Oh   ! dit celui-ci, tu veux me piquer, petite vipère.
    Il fit un pas en arrière, ramena en main son gourdin suspendu au poignet droit par une courroie, et, d’un coup sec, il paralysa le bras de la jeune femme qui laissa tomber son arme en poussant un cri de douleur. Fondant alors sur elle, le chef voulut la lier   : mais elle se débattit, criant si fort qu’il se résigna à l’étrangler à moitié. Enfin il s’en rendit maître et l’emporta.
    Il revint avec son fardeau, se dirigea vers l’escalier où se tenait celui qui présidait à ce guet-apens et au profit ou du moins par l’ordre duquel il semblait se soumettre.
    Cet homme, dont la silhouette se détachait en noir sur le fond gris de l’air, semblait appartenir à la
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