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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon
Autoren: Gérald Messadié
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Euphémie.
    Vint le tour de Rose.
    — Vous serez unie à un homme blond, destiné à quelqu’un de votre famille. La jeune personne que vous remplacerez ne vivra pas longtemps. Un créole que vous aimez ne cesse de penser à vous…
    Rose tressaillit.
    — Vous ne l’épouserez jamais et vous tenterez même de lui sauver la vie. Votre étoile vous promet deux alliances. Le premier de vos époux est blond, né à la Martinique, mais il habitera l’Europe et ceindra l’épée. Il aura quelques moments de bonheur. Un procès fâcheux vous désunira et, par suite de grands troubles dans le royaume de France, il périra de manière tragique.
    Quelles sinistres annonces !
    — Votre second mari sera brun et peu fortuné de naissance, mais il emplira le monde de sa gloire. Vous serez hissée au  so1n1net de la grandeur, n1ais un jour les ingrats vous oubliée et vous n1ourrez triste. Vous songerez à la douce vous n1eniez jadis en colonie...
    Peste soit de la sorcière ! Rose retira sa main.
    Tant d’années plus tard, Joséphine refit instinctivement le geste.

 
    3
 
Raisons de famille, raison d’État
    Le destin se montra vite cruel. En cette décisive année 1778, Rose avait appris de conversations avec ses parents qu’à l’instigation de sa tante et marraine, Mme Renaudin, ils avaient promis la main de Désirée à un beau parti, l’un des fils de l’ancien gouverneur général des Antilles, le marquis François de Beauharnais. Le projet avait été ourdi de loin, puisque Mme Renaudin, soeur puînée de Joseph Tascher, vivait en France, dans le château du marquis, Fronville, à la Ferté-Aurain. Mariée à Alexis Renaudin, officier d’ordonnance de l’ancien gouverneur, appartenant à une riche famille de Sainte-Lucie, elle s’en était séparée ; elle avait, en effet, clamé qu’Alexis était « un homme abominable », et le procès de divorce lui avait donné raison. Elle était rentrée en France et s’était cloîtrée un temps au couvent des Petites-Cordelières, rue de Grenelle. Pas pour longtemps : elle avait été appelée à Fronville, car le marquis de Beauharnais lui portait de l’affection et peut-être même un sentiment plus tendre ; aussi était-il veuf.
    Le marquis avait deux fils, François, né à La Rochelle, et Alexandre, né à Fort-Royal. C’était ce dernier que l’on destinait donc à Désirée. Il n’était certes pas étranger aux Tascher de La Pagerie, puisqu’il avait été confié à la garde de la mère de Joseph Tascher et de Mme Renaudin, donc la grand-mère de Rose. Puis il avait été envoyé en France pour y recevoir une éducation digne de son rang. Marraine de Rose, Mme Renaudin avait songé qu’une alliance entre sa nièce Désirée et le jeune
    Alexandre serait la chose la plus naturelle et la plus souhaitable du monde.
    Les convenances eussent voulu qu’on mariât d’abord l’aînée, Rose, mais les menées de Mme Renaudin avaient élu Désirée, et voilà tout. De plus, Rose se considérait toujours promise à William, sûre que l’éclipse de celui-ci s’achèverait bientôt ; elle ignorait comment, mais elle en était persuadée ou s’en persuadait, ce qui est presque la même chose.
    De quatre ans plus jeune qu’Alexandre, Désirée faisait un parti idéal. Quand l’heure du mariage sonnerait, elle en aurait quinze, ce qui est un âge charmant pour accomplir une vie de femme, de future mère et d’amoureuse. Mme Renaudin avait d’ailleurs montré au marquis un portrait miniature de la promise, et il l’avait trouvée ravissante.
    Au début de l’année 1779, le voyage de Désirée pour la France et la rencontre avec Alexandre furent donc inscrits au calendrier.
    À quelques semaines de là, en juin, Désirée tomba soudain malade. L’assaut de la fièvre fut brutal et l’état de la jeune fille se détériora rapidement. Elle respirait de plus en plus mal et suffoquait. Une semaine de forte fièvre eut raison de la jeune malade.
    Le choc fut rude. Mais plus encore la réaction de Mme de La Pagerie. Devant la jeune morte, elle perdit connaissance. On s’occupait dans une chambre de laver le cadavre et, dans une autre, de ranimer sa mère. Le médecin la contraignit au repos. Rose fut déléguée par son père aux soins de la malade ; quand celle-ci ne pleurait pas, elle défaillait. À l’enterrement, le père et la fille craignirent de voir la mère tomber dans la fosse. Désirée avait été sa préférée et son
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