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Interdit

Interdit

Titel: Interdit
Autoren: Elizabeth Lowell
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Aucune raison d’être, aucune signification ne
    déchirait les ténèbres de sa conscience. Aucun visage, qu’il
    soit bien-aimé ou haï.
    Comme si l’étranger n’avait pas de souvenirs.
    Sans s’en rendre compte, elle se rapprochait à nouveau
    de lui. Elle le toucha, se forçant à faire fi du plaisir comme
    elle avait appris à ignorer la souffrance. Arrachant un à un
    les pétales de ces sensations captivantes jusqu’alors incon-
    nues, elle se mit en quête des souvenirs de l’étranger.
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    INTERDIT
    Il n’y en avait aucun. Son esprit n’était fait que de douces
    lueurs qui disparaissaient peu à peu.
    On aurait dit un nouveau-né.
    — Je ne sens rien de corrompu en lui, dit-elle enfin.
    C’est comme toucher un nourrisson.
    Erik grommela.
    — Le plus gros nourrisson que j’aie jamais vu !
    Ambre retira sa main.
    — Que pouvez-vous me dire d’autre ? demanda Erik.
    Elle serra si fort les poings qu’elle se fit presque mal. Elle
    ne voulait pas partager ses peurs avec Erik et, pourtant, ses
    questions se rapprochaient de plus en plus de la cause de
    son malaise. Une peur qu’elle reconnaissait chaque fois
    qu’elle la refusait.
    « Grand guerrier, ennemi mortel et âme sœur à la fois.
    » Non ! J’ignore qui il est !
    » Je sais seulement que c’est un homme sans nom très
    sûr de ses talents de guerrier. »
    — D’habitude, vous posez les questions, et la personne
    que je touche y répond. Et je peux savoir s’il dit vrai, dit-elle
    doucement. Cette fois-ci, c’est… différent.
    Erik regarda l’étranger, inconscient, puis Ambre, qui lui
    semblait presque une étrangère à présent.
    — Vous allez bien ? demanda-t-il doucement.
    Elle sursauta.
    — Oui.
    — Vous avez l’air perdue.
    Elle eut du mal à sourire, mais y parvint.
    — C’est de le toucher, dit-elle.
    — Je suis désolé.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Ne le soyez pas. Dieu ne nous envoie rien que nous
    ne saurions supporter.
    — À moins de mourir en essayant, dit-il sèchement.
    Le sourire d’Ambre s’effaça tandis que les mots de la
    prophétie résonnaient de nouveau en elle.
    — La mort inéluctablement viendra frapper.
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    c 2
    Le parfum des pins embaumait la chaumière d’Ambre.
    Les bougies vacillaient dans leurs chandeliers au-
    dessus du lit, jetant une lumière dorée sur l’homme sans
    nom. Un homme captif plongé dans un sommeil sans rêves.
    Ambre était certaine qu’il ne rêvait pas. Cela faisait deux
    jours qu’elle lui appliquait des onguents sur le corps et
    qu’elle lui insufflait sa chaleur. Elle n’avait rien perçu de
    nouveau dans l’obscurité de sa mémoire. Mais le plaisir
    qu’elle ressentait en le touchant était resté aussi fort que la
    première fois.
    Tout en s’occupant de lui, elle parlait à l’étranger. Elle
    essayait de l’atteindre, par les mots, la chaleur de sa peau
    contre la sienne, ou par le pouvoir guérisseur de l’ambre et
    des pins.
    — Mon sombre guerrier, chuchota-t-elle comme
    maintes fois auparavant. Comment êtes-vous arrivé à Stone
    Ring ?
    Ses mains massaient d’abord un bras puissant, puis
    l’autre, sculptant ses muscles, fermes malgré son état de
    relâchement. La toison noire qui recouvrait ses avant-bras
    luisait d’huiles sous la lueur des bougies. Ses poignets
    étaient retenus par de grosses cordes. Elle n’aimait pas le
    voir ainsi retenu au cadre du lit. Elle toucha pensivement
    l’un de ses liens, sans toutefois le dénouer.
    Erik avait exigé que l’étranger soit attaché, ou bien il
    ferait venir l’un de ses écuyers pour veiller sur elle en
    ELIZABETH LOWELL
    permanence. Elle avait choisi les liens, car elle voulait être
    seule si l’homme se réveillait et qu’il se révélait être l’en-
    nemi qu’elle redoutait.
    Ambre ignorait ce qu’elle ferait si cela se produisait. Elle
    se refusait à y penser, car il n’existait pas de solution au
    dilemme que cela causerait.
    « Ennemi et âme sœur à la fois. »
    — Étiez-vous à pied ? Étiez-vous seul ?
    Pas de réponse. Seulement le rythme lent de la large
    poitrine de l’homme qui se soulevait et s’abaissait.
    — Vos yeux sont-ils gris de glace et d’hiver, comme
    ceux de Dominic le Sabre ? Ou sont-ils plus noirs, comme on
    le dit de ceux du Fléau Écossais ? Ou bien êtes-vous un troi-
    sième guerrier, inconnu, revenu de terre sarrasine avec la
    certitude de votre propre puissance ?
    Aucune altération dans la respiration profonde et
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