Interdit

sûrs de leurs propres prouesses
    au combat. Parmi eux comptaient Dominic le Sabre, Duncan
    de Maxwell et Erik.
    « C’est un grand guerrier qui repose sous ma main. Il est
    à la fois lumière et obscurité, plaisir et souffrance, âme sœur
    et ennemi mortel… »
    — Ambre.
    Elle ouvrit lentement les yeux. À en croire l’expression
    d’Erik, ce n’était pas la première fois qu’il prononçait son
    nom pour la sortir de ses pensées. Il l’observait de ses yeux
    fauves. Son inquiétude pour elle était tangible, et touchante.
    Elle se força à sourire malgré l’agitation qui l’animait sous
    son apparence calme.
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    ELIZABETH LOWELL
    Elle devait tant à Erik. Son père lui avait offert un toit,
    de quoi se vêtir, des hommes pour s’occuper de la terre, et la
    terre qui occupait les hommes. Erik lui faisait confiance,
    comme si elle faisait partie du clan, alors qu’elle n’était
    qu’une pauvre enfant abandonnée sans aucune famille.
    Et elle allait trahir sa confiance pour un étranger qui
    pourrait se révéler être son ennemi.
    Mais ayant touché l’étranger, Ambre ne pouvait se
    résoudre à le laisser entre les mains d’Erik. Il le conduirait à
    la mort, elle en était certaine. Elle ne le lui remettrait pas
    avant d’être sûre qu’il était bien celui qu’elle craignait.
    Et encore…
    « Il pourrait aussi être un simple étranger, un inconnu. »
    Cette pensée était aussi réconfortante qu’un feu en plein
    hiver.
    « Oui ! Un étranger. D’autres chevaliers sont venus s’ins-
    taller dans les Terres contestées. Ils m’ont même conté les
    épreuves qu’on leur avait fait subir dans le creuset sarrasin.
    Ils avaient l’air sûrs de leur propre puissance.
    » Cet homme pourrait être l’un d’eux.
    » Il devait être l’un d’eux. »
    — Ambre ?
    — Laissez-le ici, dit-elle d’une voix rauque. Il
    m’appartient.
    Elle avait tellement envie de le toucher encore ! Elle
    recula sa main à contrecœur. Le vide qui s’empara d’elle
    était atroce. Jusqu’à maintenant, jamais elle n’aurait dit
    qu’elle se sentait seule. Mais c’était pourtant ce qu’elle res-
    sentait désormais.
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    INTERDIT
    Erik poussa un profond soupir de soulagement. Toucher
    l’étranger avait certes déstabilisé Ambre, mais cela ne l’avait
    visiblement pas fait souffrir.
    — Dieu doit avoir entendu mes prières, dit-il.
    Ambre l’interrogea du regard.
    — J’ai besoin de guerriers compétents, expliqua-t-il. Le
    Fléau Écossais n’est qu’un des nombreux problèmes que je
    dois affronter.
    — Qu’y a-t-il d’autre ? demanda Ambre, inquiète.
    — Des Scandinaves ont été repérés au nord de
    Winterlance. Et mes chers cousins recommencent à
    s’impatienter.
    — Envoyez-les combattre les Scandinaves !
    — Non, ils s’allieraient avec eux pour attaquer les terres
    de mon père, dit-il avec un petit sourire amer.
    Ambre se força à ne pas regarder l’étranger. Si un guer-
    rier aussi puissant que Dominic le Sabre ou le Fléau Écossais
    combattait avec Erik plutôt que contre lui, ils pourraient
    ensemble mettre un terme à la guerre qui déchirait les
    Terres contestées.
    Cependant, il y avait peu d’espoir de réconciliation entre
    le grand seigneur normand ou son vassal écossais et Lord
    Robert du Nord.
    — Comment s’appelle mon nouveau guerrier ? demanda
    Erik.
    — Je lui demanderai lorsqu’il se réveillera.
    — Pourquoi est-il venu dans les Terres contestées ?
    — Ce sera ma deuxième question.
    — Où allait-il ?
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    ELIZABETH LOWELL
    — Cela sera la troisième.
    — Vous n’avez pas appris grand-chose en le touchant,
    grogna-t-il.
    — Non.
    — Son sommeil n’est pas naturel.
    Ambre hocha la tête.
    — Est-il envoûté ? insista-t-il.
    — Non.
    Erik haussa les sourcils devant la rapidité de sa réponse.
    — Vous avez l’air bien sûre de ce que vous avancez.
    — Je le suis.
    — Pourquoi ?
    Ambre, l’air renfrogné, fouilla sa mémoire. Les certi-
    tudes qui avaient afflué en elle lorsqu’elle avait touché
    l’étranger étaient différentes de celles qu’elle avait obtenues
    par le passé. Elle n’avait eu absolument aucun mal à décou-
    vrir son caractère : il était féroce, fier, généreux, passionné,
    déterminé, audacieux…
    Pourtant, elle n’avait capté aucune image, aussi chao-
    tique ou imprécise soit-elle, des heures, des jours, des
    semaines ou des années qui avaient précédé sa venue à
    Stone Ring.