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Interdit

Interdit

Titel: Interdit
Autoren: Elizabeth Lowell
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connaissez-vous ?
    — Je crois que je n’ai jamais vu de femme aussi belle.
    Pas même…
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    INTERDIT
    Sa voix grave s’évanouit, et il fronça sévèrement les
    sourcils.
    — Qu’y a-t-il ? demanda Ambre.
    — Je ne me souviens pas de son nom.
    — Le nom de qui ?
    — De la plus belle femme que j’aie jamais vue. Avant
    vous.
    Tandis que l’étranger parlait, Ambre avait délibérément
    posé ses paumes sur la peau nue de ses épaules. Une image
    floue lui parvint : celle d’une femme à la chevelure de feu et
    aux yeux émeraude clairvoyants.
    L’image disparut, sans qu’il se souvienne du nom à
    mettre sur ce visage si délicat. Il secoua la tête et jura,
    frustré.
    — Laissez-vous le temps de guérir, dit-elle. Votre
    mémoire vous reviendra.
    Il l’attrapa soudain par les épaules, enfonçant ses doigts
    puissants dans sa peau.
    — Je n’ai pas le temps ! Je dois… je dois… Mordieu, je ne
    m’en souviens plus !
    Les yeux d’Ambre se remplirent de larmes lorsque la
    souffrance de l’homme l’envahit. C’était un homme dont
    l’honneur était la plus grande qualité. Il avait fait des ser-
    ments qui devaient être honorés.
    Mais il ne se rappelait plus à qui il avait donné sa parole.
    Pas plus qu’il ne se souvenait de l’objet de ses serments .
    Elle laissa échapper un cri, car la douleur de l’étranger,
    sa peur et sa rage, étaient aussi siennes tant qu’elle le
    touchait.
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    ELIZABETH LOWELL
    La pression sur ses épaules se relâcha instantanément.
    Des mains endurcies par la bataille se mirent à la caresser
    plutôt que de s’enfoncer dans sa douce chair.
    — Pardonnez-moi, dit-il d’une voix enrouée. Je ne vou-
    lais pas vous faire de mal.
    Ses doigts, étonnamment doux, survolèrent ses cils pour
    essuyer ses larmes. Surprise, elle ouvrit les yeux.
    Le visage de l’étranger était très proche du sien. Malgré
    sa propre agitation, il s’inquiétait pour elle. Elle le voyait
    aussi bien que les grands cils noirs épais qui encadraient ses
    yeux noisette.
    — Vous… vous ne m’avez pas fait mal, dit-elle. Pas
    comme vous l’entendez.
    — Vous pleurez.
    — C’est votre souffrance. Je la ressens très vivement.
    Il haussa ses sourcils noirs. Puis, il caressa sa joue du
    revers de la main très délicatement. Ses larmes chaudes
    brûlaient contre sa peau.
    — Ne pleurez pas, gentille fée.
    Ambre sourit malgré ses larmes.
    — Je ne suis pas une fée.
    — Je ne vous crois pas. Seule une créature imprégnée
    de magie pouvait me tirer de ces ténèbres sauvages.
    — Je suis l’élève de Cassandra la Sage.
    — Ceci explique cela, dit-il. Vous êtes une sorcière.
    — Pas du tout ! Je suis seulement une Érudite.
    — Ce n’était pas une critique. J’aime beaucoup les sor-
    cières guérisseuses.
    — Vraiment ? demanda Ambre, surprise. Vous en avez
    connu beaucoup ?
    — Une. Ou était-ce deux ? ajouta-t-il d’un ton incertain.
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    INTERDIT
    Sa maîtrise de soi menaçait de s’effondrer lorsqu’il se
    rendit compte qu’il n’avait aucun souvenir, même si
    élémentaire.
    — N’essayez pas de vous battre ainsi, dit Ambre. Cela
    ne fait qu’empirer les choses. Ne le sentez-vous pas ?
    — Il est difficile de ne pas se battre, siffla-t-il. Me battre
    est ce que je fais de mieux !
    — Comment le savez-vous ?
    L’homme s’immobilisa, songeur.
    — Je ne sais pas, dit-il enfin. Mais je sais que c’est vrai.
    — Il est aussi vrai qu’un homme qui se bat contre lui-
    même ne peut gagner.
    L’étranger absorba cette triste vérité en silence.
    — Si vous devez vous souvenir, vous vous
    souviendrez.
    — Et sinon ? demanda-t-il franchement. Serai-je pour
    toujours un homme sans nom ?
    Ses mots étaient trop similaires à la sombre prophétie
    qui avait hanté la vie d’Ambre.
    — Non ! s’écria-t-elle. Je vais vous donner un nom. Je
    vous appellerai… Duncan .
    L’écho de ce nom horrifia Ambre. Ce n’était pas le nom
    qu’elle avait voulu prononcer. Pas du tout.
    « Il ne peut être Duncan de Maxwell. Je refuse de le
    croire. Je préfère qu’il reste un étranger sans nom pour
    toujours ! »
    Mais il était trop tard. Elle lui avait donné un nom.
    Duncan.
    Elle retenait son souffle, une main agrippée à celle de
    l’homme. Elle attendait sa réponse.
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    ELIZABETH LOWELL
    Il semblait réfléchir, hésiter, se concentrer…
    Puis plus rien. Tout s’évanouit, comme un écho qui a
    trop longtemps retenti.
    — Duncan
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