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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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Queinven,
lamentation !
Ne sois donc pas surpris si le Ciel
témoigne sa colère de ta coupable insouciance. »
    Salomon ne répondit rien ; mais il entra
dans le navire, posa la main sur le cercueil et prononça ces
mots : « Glorieux apôtre Matthieu, je t’accorde que cette
coutume, qui a toujours été exercée dans mon royaume, soit
dorénavant abolie par respect pour toi, et je te confirme ce
privilège par l’impression de mon anneau. »
    Aussitôt le cercueil devint léger, et les
reliques furent portées à Occismor. Salomon racheta de ses deniers
tous les enfants qui avaient été vendus, et les plaça sous la
protection du saint évangéliste. C’était beaucoup, mais c’était
bien peu en raison de ce qui restait à faire : Salomon resta
sourd aux justes réclamations du peuple, et les grands ambitieux,
prenant ce prétexte, l’assassinèrent sur les marches de l’autel de
l’église de Légionenses, où il s’était réfugié pour échapper à leur
poursuite.
    Grallon lui succéda. Son extrême rigidité
effraya d’abord le peuple, mais bientôt il montra autant d’équité
que de bravoure. Il fit alliance avec les
Bagaudes,
ou
Gaulois mécontents, et les Francs, pour repousser les troupes que
l’empereur Valentinien avait envoyées en Bretagne, à l’instigation
de Flavius, désireux de venger la mort de son gendre. Grallon défit
en un seul jour vingt mille hommes, et rendit la paix à ses États.
Assailli par les pirates danois, plus connus sous le nom de
Normands ou
hommes du Nord,
Grallon les chargea, les mit
en fuite, et les força de reprendre la mer, avant qu’ils eussent pu
pénétrer dans l’intérieur de la Bretagne. Malheureusement, ils n’en
apprirent que trop bien la route, et nous les verrons bientôt
couvrir de sang cet infortuné pays et le désoler par leurs
brigandages.
    Rendu à l’administration de son royaume,
Grallon se fit respecter par de sages ordonnances, et s’occupa de
rendre la justice à tous, en accueillant avec bonté ceux qui la
réclamaient. Ces bonnes inspirations lui étaient suggérées par
trois illustres personnages, que l’Église de Bretagne honore avec
amour : saint Corentin, saint Ronan et saint Wingaloc. Tels
étaient les conseillers qu’avait choisis Grallon, et tout le secret
de sa puissance était dans l’observation docile de leurs excellents
avis. Il venait lui-même les consulter et leur soumettre les plus
importantes affaires du royaume ; et comme il aimait la
vérité, il lui fut facile de persévérer dans la route de la
droiture et des vertus.
    Il dit un jour à Wingaloc : « Tu
sais que j’ai nombre de châteaux et puissance de choses, grand
espace de terres, abondance d’or, d’argent, de vêtements et
autres ; que puis-je t’offrir pour te satisfaire ?
parle. » Wingaloc pria le roi d’employer ses richesses à
réparer les désastres que son excessive ardeur pour la guerre
pouvait avoir amenés, ou le mal qui était résulté du trop de
précipitation dans ses jugements. Grallon profita du conseil,
s’amenda, et se fit un devoir de protéger la veuve et
l’orphelin : les pauvres devinrent ses meilleurs amis.
Cependant ni ses vertus, ni les prières de ses conseillers ne
fléchirent entièrement en sa faveur le Ciel, qui voulait le punir
d’avoir hâté la perte de Salomon, son seigneur. Il fut cruellement
affligé par le spectacle des désordres de sa fille, qui, selon une
tradition constante, avait promis sa main et la couronne de son
père à un homme infâme. Grallon, après avoir été le témoin de la
mort terrible de cette indigne fille, consacra le reste de ses
jours à la prière. Il mourut très-regretté de ses sujets, qui lui
décernèrent le surnom de
Grand.
    Grallon laissait un fils ; mais comme il
était en bas âge, les états placèrent le diadème sur le front
d’Audren, l’un des enfants de Salomon.
    À peine sur le trône, Audren fut obligé de
repousser les nouvelles incursions des Alains et des Gaulois du
Poitou : il les vainquit enfin, et obtint la paix après de
vaillants combats.
    La Grande-Bretagne, alors ravagée par les
Pictes et les Écossais, avait imploré vainement, quoique dans les
termes les plus touchants, le secours des Romains : abandonnés
par eux, ses enfants se tournèrent vers leurs frères
d’Armorique ; ils députèrent vers Audren l’archevêque de
Londres, Guethelin, accompagné de quelques vieillards vénérables.
Le roi les accueillit avec bonté, et
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