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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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et leur destruction devenue nécessaire, rendit la paix au
pays, qu’elles avaient si longtemps tenu asservi dans le mensonge
et les pratiques cruelles d’un culte sanglant.
    Conan mourut peu de temps après avoir mis la
dernière main à toutes les grandes réformes qui ont honoré son
règne : il fut regretté de tous. On l’inhuma à Saint-Pol de
Léon. Tous les souverains et les ducs de Bretagne se sont fait
honneur de descendre de Conan Mériadech, ou Cyning-Murdoch. La
généalogie d’Anne de Bretagne, deux fois reine de France, par ses
mariages avec Charles VIII et avec Louis XII, partait de
cette tige héroïque.
    On a longtemps cru Conan le premier auteur de
la noble devise qui sert d’épigraphe à ce livre. On rapportait que,
débarquant sur les côtes de l’Armorique, il aperçut des hermines
qui se réfugièrent sous son bouclier. Frappé de ce présage, qu’il
jugea favorable, le conquérant aurait fait peindre un de ces petits
animaux sur ce bouclier même, et aurait pris pour devise ces mots
sublimes :
Malo mon quam fœdari.
(J’aime mieux mourir
que de me souiller).
    À cela, comme l’a fort judicieusement dit un
historien moderne, nous ne voyons qu’une difficulté : c’est
que du temps de Conan on ne prenait pas de devise et qu’on n’avait
pas d’armoiries. Leur usage ne date que des premières
croisades.
    La Bretagne a gardé la devise de Conan, et son
histoire la justifie d’une manière admirable.

CHAPITRE II
    Salomon I er .
– Grallon. – Audren. – Budic. – Hoël le Grand. – Hoël II. –
Alain I er .
– Hoël III. – Salomon II. – Alain II.

(427 – 690)
    Conan laissait une nombreuse postérité :
il avait eu quatre fils de sa première femme Huéline. Les deux
aînés moururent à peine adolescents, et Urbien, le troisième,
laissa le trône à son fils Salomon. L’Église d’Irlande a mis au
rang des saints les enfants de Daréréa, seconde épouse de Conan,
qui suivirent dans la verte Érin leur oncle saint Patrice, y
devinrent évêques et contribuèrent puissamment à la conversion des
habitants de l’île.
    Salomon respecta les institutions de son
aïeul. Il renouvela le traité passé avec Honorius, et, pour
cimenter l’union entre ses sujets et les Romains, il épousa la
fille de Flavius, patrice de Rome. Cependant son règne ne se passa
point sans troubles. Les restes des Alains et des Visigoths se
liguèrent pour lui ravir les places fortes du Poitou, parcoururent
le territoire de Nantes, et ravagèrent tout jusqu’à la Loire ;
mais Salomon les atteignit, et les défit dans tous les combats.
Avant que Clovis eût chassé les Goths, les Huns, les Alains, les
Vandales, les Gépides, les Hérules, les Ostrogoths, Salomon sut
défendre ses frontières, et conserver en paix le peuple qu’il
gouvernait. Mais comme il s’occupait assez peu de rendre la
justice, de surveiller l’administration, de soulager ses sujets des
charges dont la guerre les avait accablés, le peuple commençait à
murmurer, lorsqu’un fait qui paraissait tenir du prodige vint
offrir aux grands une occasion de donner un salutaire conseil à
Salomon.
    Le corps de saint Matthieu avait été apporté
d’Orient au port d’Abervrac’h en Léonais, alors nommé
Queinven.
Le vaisseau chargé des reliques de l’apôtre
était à l’ancre depuis plusieurs semaines, et les fidèles venaient
prier au rivage, lorsque Salomon s’y rendit lui-même, suivi de ses
barons et du clergé, pour faire transférer le saint corps en sa
ville royale. Mais on ne put parvenir à descendre le cercueil à
terre, car il était devenu d’une pesanteur surhumaine. Alors
Grallon, beau-frère de Conan, s’approcha et parla en ces termes à
Salomon : « Roi Salomon, as-tu rempli envers tes peuples
tes devoirs de souverain ? As-tu écouté la plainte du
pauvre ? As-tu essuyé les larmes que font couler les exactions
de tes argentiers ? Sais-tu que dans le Léonais ils ont
l’exécrable coutume de vendre comme esclaves, à des étrangers
passant la mer, les enfants des malheureux qui ne peuvent parfaire
leur contingent dans les tributs que tu imposes ? Sais-tu que
ce lieu même est celui qu’ils ont choisi pour cet horrible
trafic ? C’est ici qu’ils traînent, comme un vil bétail, les
enfants ravis à leurs mères ; c’est ici qu’elles les
embrassent pour la dernière fois, au milieu des cris et des
gémissements. Ce lieu ne s’appelle plus Abervrac’h, mais
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