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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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et
massacré impitoyablement. Conan, qui reconnut toute l’étendue de la
perte qu’il venait de faire, obtint, par des soumissions peu
importantes, le retour des troupes bretonnes qui avaient suivi son
ami : elles revinrent en Armorique, et le roi de Bretagne,
redoublant d’activité, renforça les garnisons qui protégeaient les
limites de ses États.
    Depuis longtemps Conan mûrissait dans son
esprit une pensée dont l’exécution offrait de grandes difficultés,
mais sur les conséquences de laquelle il fondait à juste titre
l’affermissement du christianisme et de sa propre puissance :
il voulait anéantir sans retour et le polythéisme et le druidisme.
À cet effet il réunit dans la ville de Rennes les états généraux de
la Bretagne, selon les formes que les Armoricains avaient jadis
affectionnées. Comme autrefois, il fut permis aux communautés des
villes de se réunir et d’élire des députés. Mais trois cents ans
tout à l’heure s’étaient écoulés depuis les dernières assemblées,
et la tradition des règles en usage dans les élections s’était même
perdue. On eut recours aux druides, qui répondirent que tous les
suffrages étaient égaux et libres ; que le vote du dernier
citoyen valait celui du roi lui-même, et que trois classes étaient
appelées à former les états généraux, savoir : le peuple, les
guerriers ou les nobles, et les prêtres. Conan déclara qu’on
suivrait de point en point leur conseil, et, l’adoptant à la
lettre, il ordonna que les prêtres chrétiens seraient éligibles, et
que les évêques paraîtraient de droit dans l’assemblée comme le
grand chef des druides. Le même privilège fut accordé aux
prêtresses de l’île de Sène sur leur réclamation.
    Tous les prêtres chrétiens qui se trouvaient
alors dans la Bretagne furent choisis pour représenter les opinions
religieuses : les druides, exclus par le vote, se virent
réduits à quelques chefs de communauté.
    Les états généraux s’ouvrirent, présidés par
Conan. Il était revêtu de ses armes, portait l’épée au côté et
tenait dans sa main une longue baguette blanche, ornée à son
extrémité supérieure d’une fleur d’argent pareille à celle du
lotus. Il s’assit, et ses plus vaillants capitaines se rangèrent
autour de lui. Les évêques et leur clergé entrèrent ensuite, et
furent suivis des druides avec leur chef ; les vierges de
l’Île de Sène fermaient la marche ; elles étaient au nombre de
neuf.
    La discussion fut vive et imposante : les
bases des lois fondamentales du royaume et de l’administration
générale y furent posées. La tradition n’a conservé qu’un faible
souvenir de la plupart des points qu’on y traita.
    Les druides furent ensuite écoutés, mais avec
froideur ; le règne de leur doctrine était passé, et ils
comprirent que le christianisme les avait vaincus. Ils allaient se
retirer prudemment et sans bruit, lorsque la grande prêtresse se
répandit en invectives contre Conan, et proféra des paroles
tellement séditieuses, que l’indignation gagna le cœur de toute
l’assemblée. Sortez, dit Conan aux druides et aux vierges de
Sène ; la patrie vous rejette : je vous retire ma
protection. J’ai trop longtemps balancé entre les intérêts humains
et ceux du Dieu que je sers. »
    L’assemblée des états continua ses travaux,
qui n’éprouvèrent désormais aucune interruption. Des décrets
ordonnèrent la fermeture des collèges des druides, comme celle des
temples païens, et il leur fut expressément défendu de se mêler
davantage de l’éducation de la jeunesse, qui fut désormais confiée
aux ministres de la religion chrétienne.
    La plupart des chefs qui avaient suivi Conan
se convertirent à la foi du Christ. Les Armoricains n’eurent pas
besoin de cet exemple ; le nombre des chrétiens surpassait
déjà, dans les villes, celui des idolâtres et des païens à l’époque
de l’invasion de Maxime. Les druides ne furent pas les derniers à
reconnaître la vanité de tours doctrines, et Conan les accueillit
avec bonté et avec honneur. Plusieurs se consacrèrent au service
des autels, et achevèrent dans la retraite des jours sanctifiés par
la prière.
    Seules les prêtresses de l’île de Sène, avec
quelques druides, protestaient, l’injure à la bouche, contre les
pacifiques conquêtes du christianisme, et prêchaient l’insurrection
contre toute autorité. L’opinion publique poussa Conan à en faire
justice,
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