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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19
Autoren: Jules Michelet
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d'émancipation.
    Mais pour exclure D. Carlos de l'Espagne, il fallait faire un scandale audacieux, le déclarer illégitime etbâtard adultérin, fils d'un crime, d'une surprise du scélérat Alberoni [4] .
    Le général des Jésuites, Ricci, travaillait à cela. Il eût cloué Carlos à Naples, donné l'Espagne à notre Infante. Chose très-grave qui aurait sauvé les Jésuites et en France, et en Espagne, prévenu certainement l'abolition de leur ordre. Dans une lettre de Ricci,que lut M. de Choiseul, dans les mémoires qui furent saisis en Espagne aux colléges des Jésuites (V. Al. de Saint-Priest ), la bâtardise adultérine de D. Carlos était posée.
    L'infante, pour réussir dans un plan si hasardeux, eût eu besoin que son père fût pour elle en 1758 ce qu'il avait été en 49 et 50. Elle avait vingt ans alors. Mais le temps avait passé. Sa familiarité hardie, italienne, ne pouvait plaire au Roi, sec et fermé de plus en plus. Elle n'était pas aimée. Son intrigue de Pologne contre la maison de Saxe indisposait la Dauphine, le Dauphin, madame Adélaïde.
    L'infante n'avait réellement pour elle que Bernis, son Alberoni. Malheureusement il tombait. Il désirait de tomber, de partir sous le chapeau, que lui-même il appelait «un excellent parapluie.» Il se retira le 10 novembre, en appelant Choiseul, et se réservant seulement de travailler encore pour ce qu'il avait mis en train, la paix avec le Parlement, surtout l'affaire de l'Infante. Ce fut son dernier acte politique. Il finit en galant homme, travaillant encore (14 novembre) à cette adoption de l'infant par le roi d'Espagne, Ferdinand, qui baissait rapidement ( Coxe ).
    Cependant il n'était point dans l'intérêt de l'Autriche, dans les vues de la Pompadour, que Bernis restât là à côté de Choiseul, embarrassant celui-ci dans la trahison hardie qu'on tentait au profit de Vienne. On n'agit pas directement, mais bien plus habilement, en employant la cabale, la petite cour du Dauphin. On prit un moyen brutal, simple et sûr, de les assommer. On prétendit que l'Italienne, étant au lit après souper,aurait appelé Bernis, lui aurait dit: «Mettez-vous là.» Et ce n'était pas Bernis qui entrait; c'était un homme du Dauphin qui redit tout. On fit grand bruit de l'affaire. Et pourtant ce mot jeté ainsi sans précaution, portes ouvertes, pouvait fort bien signifier: «Mettez-vous à cette table, écrivez pour moi ceci.»
    Le Roi était fort jaloux. Quand la chose lui fut rapportée, il en voulut cruellement à l'Infante et à Bernis. Il ne put se rétracter, il lui donna le chapeau (30 novembre), mais il le jeta plutôt «comme on jette un os à un chien » ( Hausset ). Bernis se sentit perdu. Il fut exilé le 13 décembre à Soissons, ne revint jamais, enfin s'établit à Rome.
    Mais le Roi fut bien plus cruel pour l'Infante. Il lui lança un affront, à la tuer. Il lui écrit qu'il exile Bernis et qu'elle doit être contente de cette satisfaction qu'il lui donne ( Barbier VII, 110). Mot de risée, s'il voulait dire qu'elle allait être joyeuse,—plus outrageant s'il voulait dire qu'il voulait la venger par là de celui qui l'avilissait.
    Cette fille tellement aimée, pour qui le Roi a donné le sang de cinq cent mille hommes, reçoit ce cruel coup de fouet! Elle n'y survit qu'un an, ayant la douleur de voir que dans le nouveau traité, en donnant tout à l'Autriche, Choiseul ni le Roi, ni personne, ne se souvint de l'Infante, ni de ce qu'on lui a promis. Personne ne s'occupe plus de son adoption d'Espagne, du plan contre D. Carlos.
    Le traité que Choiseul osa, en arrivant au pouvoir, fut l'étonnement du monde. Conticuit terra . Nos vieux alliés les Turcs ne purent jamais le comprendre. Ilrenversait toute l'histoire de France en remontant à Richelieu, Henri IV, et François I er , la biffait, la démentait. On put croire qu'un cataclysme, comme un désastre de Lisbonne, était arrivé ici, avait bouleversé le pays, du moins les têtes de Versailles.
    La France, depuis des siècles, payait des subsides annuels aux faibles contre les forts, à la Suède, par exemple, aux princes du Rhin contre l'Autriche. Il était neuf et piquant de payer cette grosse Autriche pour écraser ces petits princes, nos alliés, nos amis.
    Un peu plus de huit millions iront chaque année à Vienne, et de plus la France seule (allégeant Marie-Thérèse) payera la Suède et la Saxe pour leur guerre au roi de Prusse.
    Bernis promit dix huit mille hommes. Choiseul
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