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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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dessiner, il s’y ralliait mais l’abandonnait au moindre
revers ou dès que la populace commençait à gronder. A quel camp appartenait-il
aujourd’hui ? Hamilcar, dont le père était le chef du parti de la guerre,
savait qu’il ne tarderait pas à l’apprendre car le sénateur n’avait pas
parcouru une aussi longue distance uniquement pour le plaisir de saluer son
ancien compagnon de jeux. Pour se lancer dans pareille aventure, il devait
avoir un bon, un très bon motif, qu’il s’efforcerait de dissimuler plus ou
moins habilement.
    La
soudaine agitation autour de sa tente apprit à Hamilcar que Carthalon était sur
le point de terminer l’épuisant parcours auquel Magon l’avait contraint.
Dégoulinant de sueur, le sénateur entra chez le général et chercha de ses yeux
globuleux un siège. Il ressemblait à un vieil âne épuisé par une trop longue
course et qui attend impatiemment qu’on le débarrasse de son fardeau. Il refusa
la coupe de vin que lui proposait Hamilcar. C’était un premier indice. Il
tenait à garder la tête claire. C’est donc qu’il était chargé d’une
communication importante. Après quelques instants de silence, Hamilcar se
décida à parler :
    — Bienvenue
à toi, Carthalon. Tu as fait un long voyage, ce qui n’est pas dans tes
habitudes. Cela n’en donne que plus de prix à ta visite. La bienfaisante Tanit
notre Mère m’en soit témoin, je me réjouis de constater que le Sénat ne m’a pas
oublié. C’est à croire que les messagers que j’avais envoyés et qui étaient
revenus sans instructions avaient omis de te rencontrer.
    — Hamilcar,
comment oses-tu penser que ta ville soit à ce point ingrate avec toi ?
Dans les rues, le peuple ne parle que de toi et chaque navire chargé d’argent
que tu envoies excite les conversations dès lors qu’il jette l’ancre dans le
port commercial. Dans les tavernes, les marins sont assaillis de questions par
les familles de tes compagnons et ils racontent tes exploits.
    — C’est
à croire que les sénateurs fréquentent les tavernes puisque, jusqu’à ta venue,
ils n’avaient pas songé à s’informer auprès de moi de la situation !
    — Hamilcar,
j’ai trop d’estime pour toi pour avoir entendu ce que tu viens de dire. Ta
fougue te nuira toujours. Crois-tu qu’il soit véritablement nécessaire
d’accroître la méfiance de certains à ton égard ?
    — Tiens
donc ! D’après tes premières paroles, je croyais que Carthage bruissait de
mon nom.
    — Le
peuple, Hamilcar, le peuple. Tu le connais aussi bien que moi. Il est
versatile, capricieux et changeant, prêt à s’offrir à un maître puis à un
autre. Il t’aime parce que tu es loin de ta patrie. Si tu revenais dans
l’enceinte sacrée de nos pères, il en irait peut-être autrement. Souviens-toi
de ce qui est arrivé à Hannon, l’amiral qui commandait la flotte en Sicile et
qui a été crucifié après avoir perdu, dans une rencontre avec les Romains, la
majorité de ses navires.
    — Tu
en prends à ton aise avec la vérité ! Ce n’est pas le peuple qui l’a
supplicié mais vous, les sénateurs, parce qu’il vous fallait trouver une
victime expiatoire. Toutefois, ton allusion m’intéresse. Dois-je aller faire
abattre des arbres pour qu’on dresse la croix que tu me destines ?
    — Hamilcar,
Hamilcar, mon bon ami, tu déraisonnes. Les combats t’épuisent et ont affaibli
ton jugement. Tu sais en quelle estime Carthage tient ta famille, les Barca.
D’aucuns affirment que vous descendez d’un parent d’Elissa, la reine qui fonda
notre cité et dont nous vénérons le souvenir. Pour te prouver mes bonnes
dispositions, je te propose de boire une coupe de vin en son honneur. De la
sorte, nous partagerons à nouveau notre vieille complicité d’antan.
    Le général
ne prit pas la peine d’appeler un esclave pour les servir. Il remplit lui-même
deux coupes de bronze finement ciselé et orné de dessins représentant les
exploits de Melqart, le dieu éponyme des Barca. Hamilcar et le sénateur burent
à petits traits. Chacun reprenait des forces et attendait que l’autre se
découvre le premier. Inquiet de ce long silence, Magon pénétra sous la tente.
    — Avez-vous
des ordres à me donner ?
    — Oui,
répliqua d’un ton cinglant Carthalon. Celui de ne pas interrompre ma discussion
avec le noble et généreux Hamilcar. Nous avons tant et tant de choses à nous
dire.
    Magon
interrogea du regard le général dont le
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