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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine
Autoren: Fiona Buckley
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la place d’une très ancienne demeure.
    Elle semblait charmante, sur sa colline dominant Faldene Vale, une vallée à demi remplie de forêts comme une coupe pourrait l’être de vin. Nos champs de blé et nos prairies s’étendaient à flanc de coteau. Quand le vent fraîchissait, l’ombre des nuages courait sur les pentes et les moissons ondoyaient.
    Un lieu splendide, Faldene, mais non un foyer heureux. Mon oncle et ma tante n’étaient que des tyrans.
    Tante Tabitha, maigre, active et raide, se montrait encline à des jugements définitifs sur toute question de morale. Elle aimait s’ériger en tribunal devant les servantes négligentes et les enfants désobéissants – tels que moi, lorsqu’on m’avait surprise à lire des poèmes ou à jouer à la balle, au lieu de gratter des carottes ou de repriser des draps. Oncle Herbert contrastait avec son épouse par l’apparence, car sa carrure massive s’épaississait au fil des ans. Néanmoins, il s’entendait à lui livrer des victimes, car il pouvait marcher aussi silencieusement qu’un chat et, en dépit de sa corpulence, nul ne savait mieux surgir sans bruit et prendre le coupable sur le fait. Alors, celui-ci pouvait aussi bien recevoir une tape que subir une rossée en règle, pour des motifs souvent insignifiants.
    De plus, Tante Tabitha en voulait à quiconque tombait malade. Elle-même jouissait d’une santé de fer et tendait à prendre les souffrances d’un enfant ou d’un domestique pour de la simulation. Elle était fort capable de le tirer du lit si elle croyait ses maux imaginaires. J’en parle en connaissance de cause. Après mes treize ans, je fus parfois sujette à de violentes migraines accompagnées de nausées, et je souffris beaucoup du refus péremptoire de Tante Tabitha d’y ajouter foi. Ma mère aussi, durant les premiers stades de la consomption qui finit par l’emporter (quoique, selon moi, des années de froideur familiale y fussent pour beaucoup). Quand il s’avéra que le mal était réel, ma tante lui permit de s’aliter, mais à contrecœur, avec des rappels constants de sa « charité » envers une fille perdue.
    Ma mère mourut lorsque j’avais seize ans. Elle avait tâché de son mieux de me protéger des siens. Elle se trouvait en leur pouvoir et devait donc toujours se montrer humble et polie à leur égard, cependant, elle déploya pour moi des trésors d’ingéniosité. Tante Tabitha comptait m’élever telle une servante, formée pour toutes les corvées. Mais ma mère réussit à m’enseigner le luth et l’épinette et persuada ma tante de me laisser assister aux leçons du précepteur de mes cousins, sous prétexte que, pendant ce temps au moins, je ne pourrais commettre de sottises. J’eus le bon sens de m’appliquer. En fait, j’y fus même encouragée lorsque Oncle Herbert discerna le profit qu’il tirerait de mon instruction en m’utilisant comme secrétaire.
    En grandissant, je passai bien des heures dans son bureau, à tenir les comptes d’une plume élégante. Tout ce que j’apprenais devait bénéficier à mon oncle. Quand ma mère disparut, on me fit comprendre sans détour que je vouerais désormais ma vie à mes généreux bienfaiteurs. Le mariage ? Pas pour moi ! Il était réservé aux jeunes filles respectables.
    Lorsqu’on découvrit que j’avais remédié à ma disgrâce et, du même coup, volé l’époux promis à ma cousine, Tante Tabitha me frappa, Cousine Mary se jeta par terre et martela le parquet de ses poings, Oncle Herbert parut sur le point d’éclater.
    En d’autres circonstances, j’aurais plaint Mary, mais ils lui en trouveraient un autre assez vite et, de plus, elle connaissait à peine Gerald. Elle n’éprouvait pas d’amour pour lui. Gerald et moi n’espérions pas le consentement de nos familles, et notre plan était tout tracé. Cette nuit-là, je m’évadai de Faldene et nous trouvâmes refuge chez un ami de Gerald à Guildford, sur la route de Londres. Nous nous mariâmes deux jours plus tard dans une église voisine, avec pour témoin l’ami, son épouse et leurs proches, puis nous continuâmes vers Londres, où Gerald devait occuper un poste chez Sir Thomas Gresham.
    Je fus bientôt absorbée par la vie de cette grande maison accueillante ; j’assistais à des dîners et chassais au faucon. Les leçons d’équitation de mon enfance se révélèrent précieuses. Je ne m’étais guère exercée depuis la mort de mon grand-père, mais je
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