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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine
Autoren: Fiona Buckley
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des boîtes à ouvrage et aussi des robes de brocart dont ces dames étaient vêtues. J’eus soudain honte de ma simple robe de deuil, dépourvue de tout vertugadin qui m’eût empêchée de monter à cheval. J’avais emporté de plus jolies toilettes, mais aucune n’était neuve et la mode changeait sans cesse.
    Le page me guida jusqu’à l’une des femmes. Elle tourna la tête d’un air interrogateur, l’aiguille suspendue au-dessus du métier à broder. Il s’inclina avec grâce.
    — Lady Katherine, voici dame Ursula Blanchard.
    Catherine était un prénom répandu, quoique sous des orthographes variées. Nous avions pensé appeler Meg ainsi, mais nous étions ravisés, le jugeant trop courant. Celle-ci, plus âgée et plus digne que Lady Catherine Grey, était dotée de traits fins et d’un teint de porcelaine. Elle portait une robe gris tourterelle, aux broderies assorties au bleu de ses yeux calmes. Je lui fis ma révérence, et elle sourit.
    — Bien sûr. On vous attendait. Merci, Will.
    Le page s’éclipsa. Je me sentais nerveuse, consciente que toutes les autres m’observaient avec intérêt. Cependant, Lady Katherine tapota un siège libre auprès d’elle, un tabouret garni de velours sur lequel je m’assis, reconnaissante.
    — Merci, madame.
    — Vous devez être lasse. Nous irons voir votre chambre dans un instant. Je suis Katherine Knollys, cousine de Sa Majesté du côté maternel et l’une de ses premières dames d’honneur. Dame Ashley, qui nous dirige toutes, est indisposée aujourd’hui ; j’ai donc demandé qu’on vous conduise ici. Néanmoins, je lui rendrai visite tout à l’heure, et comme je passerai près de nos appartements, vous viendrez avec moi et je vous montrerai celui où vous dormirez. Plus tard, je vous présenterai à Sa Majesté. En ce moment, elle s’entretient avec les membres du Conseil.
    — Et avec Robin Dudley ! remarqua une frêle jeune femme dont les yeux gris pétillaient de malice.
    — C’est fort probable, Jane, répliqua Lady Katherine d’un ton sévère. Il est le Maître des écuries, et je crois que la reine souhaite de nouveaux chevaux de selle. Jane, voici dame Ursula Blanchard, qui va se joindre à nous. Ursula, je vous présente Lady Jane Seymour, nièce de la reine Jeanne qui fut la troisième épouse du roi Henri, et cousine du pauvre roi Édouard, trop tôt disparu.
    J’inclinai la tête à l’adresse de Lady Jane. En dépit de sa vivacité, elle ne semblait guère plus robuste que son cousin, mort avant son seizième anniversaire. Pour ma part, je rendais souvent grâce à Dieu de ma bonne santé.
    Lady Katherine entreprit de me présenter à la ronde. Je souris, prononçai les politesses d’usage tout en me demandant si la lutte serait âpre, pour me tailler une place dans cette hiérarchie interne. Chez Sir Thomas Gresham, ma position dépendait de Gerald, un jeune homme de bonne naissance et en pleine ascension. Le respect qu’il inspirait rejaillissait sur moi. Ici, pensai-je avec tristesse, j’allais devoir conquérir seule l’estime des autres. Les femmes de la reine rivalisaient toutes d’élégance et d’assurance. Mon aspect physique ne jouerait pas en ma faveur. Si Gerald avait été séduit par mes cheveux noirs, mes grands yeux noisette et, disait-il, mon menton pointu de chaton, c’est qu’il n’avait jamais été sensible à la mode. Les hommes, pour la plupart, préféraient les rondeurs bien placées et les boucles blondes. Les brunes étaient en disgrâce depuis l’exécution d’Anne Boleyn, près d’un quart de siècle plus tôt.
    De plus, toutes ces dames étaient filles ou épouses d’éminents personnages. La majorité d’entre elles possédaient un titre.
    Et puis, pensai-je, désabusée, elles étaient probablement toutes légitimes.
    Que savait au juste Lady Katherine Knollys à mon sujet ? Elle me présentait en quelques mots : la veuve de Gerald Blanchard, gentilhomme. De mon côté, je m’efforçais d’assimiler ce qu’on me disait des autres, mais elles étaient nombreuses. Bien que certaines eussent des noms célèbres, je savais que je n’en retiendrais qu’un ou deux pour l’instant. Je ressentais en effet une extrême lassitude, après ma chevauchée, et aussi un chagrin causé par trop d’adieux. Je fus soulagée quand, enfin, Lady Katherine m’accompagna dans mes appartements.
    — Vous vous sentez étourdie, je suppose, dit-elle tandis que nous empruntions une
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