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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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du peuple et pour insister sur l’importance d’une paysannerie saine constituant le noyau générateur de l’État.
    Hitler sut intuitivement structurer tous ces courants encore diffus et insaisissables qui se faisaient jour dans la conscience de l’époque pour les utiliser à ses propres fins.
    Lors de mes corrections, des étudiants nationaux-socialistes m’entraînaient souvent dans des discussions politiques. Les théories de Tessenow étaient naturellement l’objet de controverses passionnées. Les quelques faibles objections que j’allais chercher dans le vocabulaire de mon père étaient balayées par une dialectique très habile.
    A cette époque-là, la jeunesse estudiantine trouvait ses idéaux surtout chez les extrémistes. C’était précisément à l’idéalisme de cette jeunesse en effervescence que s’adressait le parti de Hitler. Et Tessenow lui-même ne les avait-il pas prédisposés à cette crédulité ? Lorsque vers 1931 il déclarait : « Il y en aura bien un qui viendra et qui pensera très simplement. Aujourd’hui on pense de façon trop compliquée. Un homme sans culture, un paysan, résoudrait tout cela beaucoup plus facilement parce qu’il ne serait pas encore pourri. Il aurait l’énergie, lui, de réaliser ses idées toutes simples  2  . » Cette remarque, dont l’action souterraine ne fut pas négligeable, nous semblait pouvoir s’appliquer à Hitler.
     
    Vers cette époque, Hitler vint parler aux étudiants de l’Université et de la Haute École technique de Berlin dans le parc de « Hasenheide ». Mes étudiants me pressèrent d’y aller. Je n’étais pas encore convaincu mais je n’étais déjà plus sûr de rien. C’est pourquoi je m’y rendis. Le local délabré, les murs sales, les couloirs étroits me firent une piètre impression. Les ouvriers s’y réunissaient d’habitude pour boire de la bière à l’occasion de fêtes. La salle était comble. On avait l’impression que presque tous les étudiants de Berlin avaient voulu voir et entendre cet homme pour lequel ses adeptes professaient tant d’admiration et dont ses adversaires disaient tant de mal. De nombreux professeurs étaient assis à des places de choix, au milieu d’une estrade sans décoration aucune. Leur présence donnait à la réunion une certaine importance et même un certain lustre. Notre groupe avait réussi à s’assurer de bonnes places sur la tribune, non loin de l’orateur.
    Hitler apparut, follement acclamé par ses partisans, nombreux chez les étudiants. Déjà cet enthousiasme fit sur moi grande impression. Mais je fus également surpris par sa personne. Affiches et caricatures me l’avaient toujours montré en uniforme, portant une chemise avec ceinturon et baudrier, un brassard à croix gammée, sa mèche rebelle sur le front. Mais ce jour-là, il portait un complet bleu de bonne coupe et on voyait qu’il avait sacrifié à la correction bourgeoise la plus stricte. On sentait qu’il voulait donner l’impression d’être un homme plein de raison et de modestie. J’appris plus tard qu’il savait, intuitivement ou consciemment, parfaitement s’adapter à son entourage.
    Comme s’il voulait s’en défendre, il s’efforça de mettre un terme aux ovations qui ne finissaient pas. Puis il commença d’une voix basse, hésitante, presque timide, non pas un discours, mais une sorte d’exposé historique, et il y avait dans cette manière de procéder quelque chose qui me captiva. Cela d’autant plus que son attitude contredisait tout ce à quoi je m’attendais en raison de la propagande adverse qui le représentait comme un démagogue hystérique, un fanatique en uniforme, criant et gesticulant. Même les applaudissements les plus frénétiques ne le firent pas abandonner ce ton didactique.
    Apparemment il exposait, avec franchise et sincérité, les soucis que lui causait l’avenir. Son ironie était tempérée d’un humour plein d’assurance et son charme d’Allemand du Sud me rappelait mon pays. Il était impensable qu’un Prussien froid et distant m’eût séduit comme lui. La timidité que Hitler avait montrée au début disparut bientôt. Par instants, sa voix montait maintenant d’un ton et il parlait avec une énergie qui emportait la conviction. L’impression qu’il me fit alla beaucoup plus profond que les paroles du discours, dont je n’ai que peu de souvenir.
    Je fus bientôt moi aussi soulevé par l’enthousiasme général qui, pour
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